Lacérés
Une famille recomposée compte bien profiter d'un week-end en camping pour se donner une nouvelle chance. Pendant ce temps, un couple se fait attaquer dans des bois environnants par une femme atrocement défigurée.
Si Leatherface avait eu une fille, aurait il osé profité de sa célébrité pour permettre à celle-ci d'obtenir un premier rôle dans un film d'horreur ?
En regardant Scarred, c'est à peu près la question la plus profonde qu'on pourra se poser afin de passer le temps entre deux meurtres.
D'autres s'interrogeront par ailleurs sur la taille du tour de poitrine de l'héroïne, il est vrai bien épaulée par un wonderbra qui n'a pas crevé un budget de 200 000 dollars environ, aussi mince que l'intrigue de ce métrage lorgnant du côté de Détour Mortel.
Une famille, installée dans des bois le temps d'un week-end, écoute un soir au coin du feu une histoire racontée par le garde forestier, mettant en scène une jeune fille née d'une relation adultère.
Cette dernière, haïe par le mari de sa mère, violent et alcoolique, vit un véritable calvaire jusqu'au jour où ce dernier, dans une rage terrible, tue sa femme et lacère le visage de la jeune fille, laissée pour morte. Survivant à ses blessures, la victime erre toujours dans la forêt, à la recherche d'un nouveau visage. Mais cette légende s'avère être bien réelle.
Débutant de manière assez calme, ce film à petit budget présente au moins le mérite de s'appuyer sur un casting crédible.
Hormis le couple initial, les adolescents de Lacérés sont moins abrutis que la moyenne américaine. Certes, l'alcool et le sexe restent leurs principales activités, mais leur cerveau fonctionne également, même si le final laisse pantois (mais nous reviendrons plus tard sur cet épilogue). De plus, les actrices sont plutôt mignonnes.
Si vous aimez le gore et le trash, passez votre chemin, car Scarred ne contient pas de scènes malsaines, malgré un sujet qui pouvait le laisser augurer.
Les deux cinéastes ne s'ennuieront pas davantage avec des considérations psychologiques concernant la tueuse. Cela est bien dommage, car son inadaptation sociale, source de sa folie meurtrière, aurait sans doute mérité une meilleure analyse, afin de sortir le film du domaine de la simple série B sanglante, et permettre à ce personnage de se différencier de ses congénères cinématographiques.
Mais quitter les sentiers battus n'est pas chose facile, même dans les bois !
Souvent filmé maladroitement (l'effet du Projet Blair Witch, le talent en moins), Lacérés peine à trouver une identité propre, et ce sentiment se confirme au fil des minutes. Survival bien éloigné de la sauvagerie lancinante d'Eden Lake, Scarred propose surtout un épilogue plutôt sommaire et rébarbatif, à la limite de l'indigence.
On se demande déjà comment une adolescente vivant seule dans les bois depuis tant d'années parvient à casser les jambes d'un garçon dans la force de l'âge avec un galet ! Ne sachant pas achever une folle furieuse qui a décimé toute sa famille (ou presque), l'héroïne fait par là montre d'une faiblesse de caractère difficile à comprendre en pareille situation, mais induisant la sacro-sainte possible suite en cas de succès (effet de moins en moins subtil chez nos voisins américains).
Finalement, il fallait juste comprendre que cette tueuse avait besoin d'un homme (la scène du maquillage), maniant visiblement aussi bien sa langue que son couteau dans une scène de "viol" inversé qui aurait gagné à être beaucoup moins aseptisée. C'est ce manque d'audace qui enterre finalement Lacérés.
A défaut d'être ambitieux, les réalisateurs pouvaient au moins être irrévérencieux, n'allant pas dans le même délire que la réjouissante série des Détour Mortel.
On le regrette, car ce long-métrage n'est pas si désagréable que ça, mais il ne restera pas longtemps dans les mémoires.
Un film de Jon Hoffman, Dave Rock
Avec : Julian Berlin, Charity Shea, Jonny Mack, David Austin