Voir la fiche complète du film : Elle s'appelait Scorpion (Shunya Ito - 1972)

Elle s'appelait Scorpion

Un an après sa sanglante évasion, Nami endure toujours mille tortures au fond d'un cachot humide et isolé. Série B engagée et féministe (dans le bon sens du terme), Elle s'appelait Scorpion offrait ses lettres de noblesse à une saga phare au Japon.
Publié le 14 Septembre 2011 par GORE MANIACVoir la fiche de Elle s'appelait Scorpion
8
**Attention, cette critique contient des spoilers.**

Un an après sa sanglante évasion, Nami, alias Scorpion, endure toujours mille tortures au fond d'un cachot humide et isolé.
Le directeur de la prison, qu'elle a éborgné, décide enfin de la laisser voir la lueur du jour, afin d'en faire un exemple pour les autres détenues. Mais Nami parvient à blesser de nouveau le directeur au visage, et une nouvelle révolte gronde, permettant à sept prisonnières de s'enfuir. Nami étant l'une des évadées, son ennemi juré va tout faire pour les retrouver.

Réalisée la même année que la Femme Scorpion, cette suite peut se targuer d'être supérieure au film précédent.
Toujours très éloignée de la gouailleuse héroïne de manga dont elle est adaptée, Sasori irradie littéralement l'écran.

Prenant une aura mystique dans des séquences aussi poétiques par leur jeu de couleurs (la mort de la vieille dame, la présentation des sept évadées, la chute d'eau rouge de sang) que surréalistes, Scorpion éclipse les autres personnages par une présence physique hors du commun.
Muette (elle ne souffle que deux phrases en fin de film, à un moment clé, la transformant en bourreau de ses anciennes camarades), voire monolithique, Meiko Kaji éblouit par un jeu de regard saisissant, évoquant Charles Bronson dans Il était une Fois dans l'Ouest.

Cette comparaison n'a d'ailleurs rien d'anecdotique puisqu'Elle s'appelait Scorpion délaisse volontiers le film de prison pour s'orienter rapidement vers ce que l'on peut qualifier de western sushi.
En effet, entre ses paysages désertiques sentant le souffre (cf le village minier abandonné), une bande originale à la Ennio Morricone (bien qu'entrelacée de sublimes mélodies interprétées par Meiko Kaji elle-même), et les vêtements des prisonnières (évoquant les ponchos de Clint Eastwood), on respire clairement l'air des oeuvres de Sergio Leone, auquel Ito rend un hommage aussi appuyé que malin.
La force de ce film réside aussi dans le fait qu'il ne délaisse pas non plus le patrimoine cinématographique nippon (il y a du Onibaba dans les séquences dans le village désert), tout en se voulant avant-gardiste, en se montrant par exemple plus accessible aux spectateurs étrangers.

Elle s'appelait Scorpion flirte aussi avec l'univers religieux. Les sept prisonnières peuvent s'apparenter aux Sept Pêchés Capitaux, tandis que Sasori (qui réprésente à n'en pas douter la Colère à l'état pur) fait souvent office de martyre, avant de punir ses bourreaux avec brutalité (l'un de ses violeurs sera castré de virulente manière durant l'évasion).
Tel le Christ en personne, Sasori semble être née pour endurer les pires souffrances. Guidant rarement les autres évadées, elle semble surtout les effrayer et les agacer, à l'instar de celle qui tua ses deux enfants (dont l'un encore dans son ventre), et dont le duel avec Sasori vaut le coup d'oeil.

La vue est le sens majeur de ce film : le spectateur y joue les voyeurs sadiques, Ito ne masquant aucun massacre ou torture (le sang y est plus présent que dans le premier volet). Et c'est dans le regard noir, désespéré et froid de Scorpion qu'on y lit le mieux la tristesse et la mélancolie de ses femmes victimes de la société, que le système se contente d'effacer de la mémoire collective.
Une fois de plus, le réalisateur dénonce avec force la politique répressive de son pays. L'épilogue, qui s'achève à nouveau sur la vengeance finale de Sasori contre son éternel oppresseur (le gouvernement, mais aussi l'homme), n'est pas sans rappeler la fuite du cow-boy solitaire.

Série B engagée et féministe (dans le bon sens du terme), Elle s'appelait Scorpion offrait ses lettres de noblesse à une saga phare au Japon, qui se détachait des vulgaires films de prison pour femmes habituels, en grande partie grâce à la prestation remarquable de Meiko Kaji. Le couple Kaji-Ito se retrouvera une dernière fois un an plus tard, pour le dernier opus d'une trilogie unique en son genre.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Mum & Dad
Les Anglais sont de grands malades! Et encore, je ne vous parle pas de leurs gouts culinaires particuliers mais bien des "horreurs" cinématographiques qu'ils nous balancent régulièrement (et je ne dis pas ça dans le sens péjoratif du termne, au contraire). The Descent , 28 jours plus tard , Shaun of the Dead , The Children ou encore ce Mum...
Halloween
S’il y a un remake qui était attendu au tournant à sa sortie, c’était bien celui du cultissime HALLOWEEN de John Carpenter. Comme pour bon nombre de remakes, on se demandait en toute légitimité ce qui pouvait bien justifier une telle entreprise, le film de John Carpenter n’ayant pas trop pris de rides et son statut de classique du genre n’étant plus à remettre en jeu. Mais...
Freddy Sort de la Nuit
Et voilà, on y arrive enfin ! Le dernier Freddy, the last one, le septième épisode qui marque l'épilogue d'une longue saga. On peut se demander comment ils ont fait pour renouveler la saga aussi longtemps, mais on peut aussi se dire que depuis le quatrième épisode les films étaient de moins en moins bons à force d'humour et de mauvais gout. Les fans étaient de moins en moins nombreux...
L'homme au masque de cire
Pour des raisons de qualité et d’opportunisme, on a tendance à rejeter les remakes, basses initiatives mercantiles peu inspirées. Pourtant, le procédé a pour volonté de proposer un regard différent sur une histoire particulière, en y apportant quelques ajustements pour la «moderniser». Les véritables réussites, celles où le remake est supérieur à son modèle, sont rares, mais...
La Nuit de la grande chaleur
Dans les années 1950 et 1960, la science-fiction se focalise surtout sur le sujet de l’invasion extraterrestre. Majoritairement catégoriser dans le domaine des séries B, cette vague de productions met en avant les grandes peurs sociétales de l’époque. Guerre nucléaire, anticommunisme et, par extension, rejet de l’étranger. Des inquiétudes plus ou moins flagrantes qui trouvent en...
Elle s'appelait Scorpion
Réalisateur:
Durée:
85 min
8
Moyenne : 8 (1 vote)

Devinez le film par sa tagline :

She controls the bees. They'll kill for her -- and die for her. She's their queen... and she'll live forever.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques