Dead Space Downfall
En matière de science-fiction horrifique, Alien et Event Horizon demeurent des références cinématographiques incontournables. Dans le domaine vidéoludique, la saga Dead Space a repensé (et repoussé) les limites du survival-horror aux frontières intersidérales. Un virage déjà amorcé à l’époque par Doom 3 qui privilégiait l’exploration et une atmosphère oppressante à la place d’une action coutumière à la célèbre franchise. La qualité de l’ambiance et l’immersion du titre de Visceral Games offrent des expériences éprouvantes qui préservent encore aujourd’hui toute leur efficacité. Au vu de son succès, il n’est guère étonnant que le premier opus se soit vu accompagné d’un film d’animation.
Sous divers formats, comme les livres, les produits dérivés permettent d’étendre la mythologie de base. Seulement, ce type de procédé tient plus de velléités mercantiles prétextant un fan service de rigueur et non à une réelle nécessité. Dead Space Downfall s’avance comme une préquelle au premier volet. Ce métrage est censé faire la lumière sur les événements ayant eu lieu au sein de l’Ishimura. Malgré l’ouverture que laisse entendre ce postulat, les révélations demeurent assez circonspectes, jouant la carte de la découverte «fortuite» et du mystère lié à l’artefact. On aurait pu s’attendre à une genèse plus fouillée et dense, notamment en ce qui concerne le dogme de l’unitologie et la nature de cette espèce invasive.
Eu égard à la brièveté du métrage, on se rend compte que la narration reste assez superficielle dans son développement. Les scènes-clefs manquent de liant, tandis que les dialogues sont sommaires dans la majorité des échanges. Certains d’entre eux se parent de considérations caricaturales en résonnance avec la caractérisation des personnages. À quelques exceptions prêtes, les protagonistes se distinguent surtout par une apparence physique dissemblable et non à des traits de personnalité recherchés. Le fond demeure assez maladroit et dénote une évidente précipitation dans la production pour faire coïncider la sortie du métrage et celle du jeu.
On peut aussi s’attarder sur le style graphique qui contraste avec la tonalité générale. L’aspect 2D en «dessin animé» classique n’est pas forcément un mal, surtout lorsqu’on apprécie la qualité des rares images de synthèse qui ont de quoi effrayer dans le mauvais sens du terme. Cependant, le rendu tranche radicalement avec l’univers dépeint. L’obscurité du jeu n’est pas pleinement exploitée. On remarquera également de nombreuses approximations de proportions des personnages par rapport au cadre. Et cela ne tient pas à l’anatomie dégénérée des xénomorphes. Des illogismes visuels qui, là encore, démontrent un travail bâclé, à tout le moins réalisé avec des moyens réduits et des délais trop courts.
Pourtant, tout n’est pas à rejeter en bloc. L’aspect gore est bel et bien présent, tout comme la nécessité de démembrer les xénomorphes. De même, l’exploration de l’Ishimura réussit à varier les environnements et à respecter une certaine cohérence architecturale entre les différentes zones. On songe à la serre, aux aires de décollage ou encore aux conduites techniques. Par ailleurs, la progression reste dynamique et ne faiblit à aucun moment. Dans le jeu, cette caractéristique aurait pu atténuer la qualité de l’ambiance. Pour un film où l’immersion est forcément moindre, ce choix évite d’instaurer une routine lénifiante propre à perdre définitivement le spectateur.
Au final, Dead Space Downfall demeure un film d’animation relativement modeste. Cette préquelle n’offre que peu d’éclaircissements quant à l’espèce invasive qui a investi l’Ishimura. Au-delà d’une scénarisation pour le moins basique, on se confronte à un panel de personnages vaguement dégrossis. Par ailleurs, la qualité de l’animation se montre fluctuante tant du point de vue des proportions que de certains mouvements mal coordonnés. À défaut de frissonner ou de sursauter, on retiendra l’ambiance horrifique globalement réussie et une évolution narrative fluide, même si elle reste linéaire à bien des égards. Une adaptation moyenne, non dénuée d’atouts, mais qui pâtit d’une production «marketing» trop tendue pour proposer une odyssée spatiale éprouvante.
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Avec : Bruce Boxleitner, Kelly Hu, Phil Morris, Nika Futterman