Voir la fiche complète du film : Kinatay (Brillante Mendoza - 2009)

Kinatay

Pour arrondir ses fins de mois, un futur policier participe à quelques rackets.<br>Bien qu'inspiré d'un fait réel, <b>Kinatay</b> se révèle être un produit long et maladroit, qui s'oublie aussitôt le générique de fin engagé.
Publié le 4 Décembre 2010 par GORE MANIACVoir la fiche de Kinatay
0
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.**

Pour arrondir ses fins de mois, un futur policier, jeune père et récemment marié, participe à quelques rackets. Un soir, un sergent de police l'engage pour une mission plus risquée.

Si l'office de tourisme philippin cherche un film pour attirer de riches étrangers, il est certain qu'il ne se servira pas de ce métrage, qui n'hésite pas à décrire la crasse et le bruit inondant chaque mètre carré des rues de Manille.
Mais dégoûter les touristes est il le but de Kinatay ? En fait, au bout de cent minutes de film, on pourrait presque y répondre par l'affirmative tant ce métrage est long, creux et ennuyeux.

Kinatay, qui signifie massacre, raconte l'histoire d'un jeune homme, élève à l'académie de police, dont la vie va basculer dans un cauchemar sans fond suite à une virée nocturne sanglante.
Le métrage démarre par le mariage du jeune homme. On y voit des cérémonies à la pelle dans une mairie surpeuplée, puis un repas de noces dans ce qui ressemble à une cafétéria. Le réalisateur cherche sans doute à nous prouver le cadre de vie difficile dans lequel se situe un jeune couple, de nos jours, dans son pays. Mal filmé (caméra tremblante), assourdissant (les bruits de bus délabrés, la foule amassée sur les trottoirs), ce premier tiers de métrage est navrant de banalité.

La seconde partie semblait plus prometteuse. On se retrouve dans un bouge des quartiers chauds de la ville, et le groupe de policiers embarque une prostituée qui leur doit beaucoup d'argent.
Néanmoins, une fois cette junkie kidnappée, on retombe dans une absence totale de rythme et avons droit à une demi-heure de route dans les embouteillages de Manille. Aucun dialogue digne d'intérêt ou action significative ne viennent troubler cette morne succession d'images que l'on pourrait voir dans les documentaires de M6 le dimanche soir sur les trafics en tous genres dans les pays du tiers monde.

Au bout d'une heure, le métrage semble enfin vouloir commencer, avec une forme de torture porn. Toutefois, l'interrogatoire et le reste sont filmés de loin par un Brillante Mendoza qui porte bien mal son prénom. La distance permet tout de même de ne pas trop voir le manque de réalisme de la scène de découpage de la victime, évoquant celles du nanardesque 2000 Maniacs. Peu choquante pour les habitués du genre, cette torture n'apportera rien de nouveau, loin de là.

Après tout ça, il est grand temps de rentrer à la maison ! Bien évidemment, il faudra se débarrasser du cadavre, jeté par petits morceaux tout au long du retour, presque aussi ennuyeux que l'aller.
Si Mendoza tente de nous répugner en faisant de ce cadavre mutilé une simple ordure, il oublie sans doute que moults cinéastes ont déjà été plus loin que lui dans la déshumanisation. Le fait que les tueurs soient des policiers arrondissant ainsi leur fins de mois n'est pas non plus une révolution, surtout dans des pays pauvres.

Métrage primé à Cannes en 2009 (meilleure mise en scène), Kinatay, à l'image d'un épilogue d'une grande inutilité, démontre que le festival cannois sait aussi récompenser des films étrangers d'une rare pauvreté.
Plus mou qu'un épisode de Derrick, ce film peine trop à trouver son rythme, hésitant indéfiniment entre drame social et film de violence urbaine, là où un film comme La Zona, Propriété Privée, du mexicain Rodrigo Pla, faisait merveille. De plus, ses personnages ne sont guère attachants, malgré une facture réaliste évidente.

En résumé, bien qu'inspiré d'un fait réel, Kinatay se révèle être un produit long et maladroit, qui s'oublie aussitôt le générique de fin engagé.
En effet, si vous recherchez du torture porn, autant revisionner le premier Guinea Pig, qui a le mérite d'entrer tout de suite dans le vif du sujet. Si vous recherchez des oeuvres intimistes et sociales, d'autres métrages démontrent avec davantage d'efficacité la cruauté de notre société actuelle.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

The Haunting of Borley Rectory
Quelle que soit la localité géographique, les cas de hantises sont innombrables. Amityville, Enfield, le manoir Winchester… Les exemples ne manquent pas et ceux-ci ont fait l’objet d’une ou de plusieurs adaptations cinématographiques. Bien moins médiatisé, mais tout aussi connu par les spécialistes et les amateurs d’intrigues paranormales, le presbytère de Borley était...
The Fury
*** Attention spoilers *** Deux ans après Carrie au bal du diable , Brian De Palma poursuit sa lancée dans le fantastique en traitant à nouveau de jeunes gens dépassés par leurs pouvoirs surnaturels. Tout commence dans une station balnéaire en Israël où deux vieux amis, Peter Sandza et Ben Childress, respectivement campés par Kirk Douglas et John Cassavetes, discutent du départ en retraite du...
ABC of Death
Quand on veut faire un film à sketches, il faut une idée de base cohérente et claire. Si Creepshow s’est fait, c’est grâce à la BD de Bernie Wrightson. Si on a eu Deux Yeux Maléfiques , c’était pour présenter deux fils sur la mort de façon très différente. Si on a eu V/H/S , c’était pour mettre en avant de vieux films horrifiques sur ce support culte. Bref, tout cela part...
Dark Hour, The
**Attention, cette critiques contient quelques spoilers.** Une poignée de survivants d'une guerre bactériologique considérable se terre dans des sous-terrains envahis par divers dangers. Le cinéma de genre ibérique se porte bien. Après quelques tentatives érotico-fantastiques assez fantaisistes durant les années 60-70 (cf les filmographies de Jesus Franco et de Jacinto Molina), le cinéma espagnol...
Les Portes du Temps
Une belle affiche, un pitch très excitant, un trailer qui donne fichtrement envie de voir le film et pour finir, le toujours excellent Christopher Eccleston en grand méchant, bref tous les ingrédients étaient réunis pour obtenir un grand film. C'est donc avec confiance et impatience que l'on aborde cette adaptation du roman de Susan Cooper mais après 1h30 il nous faut malheureusement...
Kinatay
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
105 min
0
Moyenne : 0 (1 vote)

Thématiques