Dead Space Aftermath
Dans le domaine vidéoludique, la saga Dead Space est encore aujourd’hui une véritable référence en matière de survival horror. Adaptés à un cadre spatial, les mécanismes de la peur sont parfaitement huilés pour susciter l’effroi à chaque recoin ou détour de couloir. Pour accompagner le premier volet, un film d’animation a vu le jour: Dead Space Downfall. Il en ressortait une incursion correcte qui présentait néanmoins plusieurs maladresses sur le fond et la forme. Aussi, Dead Space Aftermath semble emprunter le même chemin en accompagnant la sortie du deuxième opus. Cette nouvelle itération est-elle en mesure de gommer les erreurs de son aîné pour fournir un véritable complément à son pendant vidéoludique?
Eh oui, les symptômes physiques après avoir vu ce film...
Si choc il y a, il est avant tout d’ordre visuel. Dès les premiers instants, on se confronte à une vacuité désuète. L’on se souvient des images de synthèse pour le moins douteuses de son prédécesseur. Ici, on régresse littéralement pour nous proposer un voyage technologique au cœur des années1990, voire antérieur. Tant pour les décors que pour les personnages, on se heurte à un dénuement total où la grossièreté des polygones renvoie aux premiers essais dans le domaine. Les visages sont figés dans un masque hideux et les animations sont d’une rigidité improbable. Ce qui donne l’impression constante que les différents intervenants sont prisonniers d’un scaphandre.
On pourrait arguer qu’il s’agit d’une «volonté» pour offrir un cachet au métrage. Face à la direction artistique des jeux, le contraste est aussi inacceptable qu’incompréhensible. Était-ce pour retranscrire de manière métaphorique, l’incommensurable vide qui emplit l’univers? Toujours est-il que cette agression visuelle ne s’arrête pas en si bon chemin. La narration nous fait plonger dans les flashbacks des survivants. Chaque point de vue est l’occasion de triturer les repères et les styles. Quand il s’agit d’une compilation de courts-métrages, ce choix est justifiable. Ici, il n’a aucune raison d’être et, comme si cela n’était pas suffisant, il multiplie les incohérences avec ostentation.
Un véritable choc visuel en 2011 !
Les incursions dans les souvenirs sont autant de prétextes pour venir contredire les bases précédemment instaurées. Cela passe par des proportions toujours aussi discutables, mais surtout des protagonistes qui changent de peau, comme de chemises. D’une narration à l’autre, les origines ethniques diffèrent, le gabarit et la musculature également. Malgré quelques repères aisément identifiables, il faut se familiariser à plusieurs reprises avec les intervenants pour déterminer leur place au sein de l’intrigue. À croire que cette variété totalement inutile souhaite compenser la redondance du scénario. Car, de ce côté, on nivelle un peu plus par le bas l’intérêt du film.
Le fait de réaliser une histoire à rebours avec différents points de vue, a fortiori sous forme de flashbacks, est censé apporter un éclairage nouveau sur les événements, à tout le moins un complément. Or, le récit se dédouane auprès de ses styles graphiques capricieux pour réitérer peu ou prou les mêmes faits avec un minimum de variation. Il y a bien une continuité dans les propos, mais les scénaristes démontrent très vite les limites de leur imagination avec des invraisemblances, des digressions et d’autres atermoiements propices à générer un ennui de circonstances. Quant à l’aspect horrifique, il s’efface sous des échanges creux et des séquences inutiles en plus d’être répétitives.
On en est tout retourné !
Là où Dead Space Downfall possédait un rythme dynamique, son successeur prône l’absence de cohérence dans sa progression. Il n’y a même pas une once d’exploration éprouvante au sein du vaisseau spatial ou, en l’occurrence, lors de la brève incursion sur la planète. L’ensemble demeure avare en révélations. Il émane toutefois un traitement un peu plus développé sur l’impact psychologique de l’artefact sur les humains. La folie qui s’accompagne d’hallucinations visuelles et auditives est une bonne idée qui reste malheureusement sous-exploitée. On préfère se cantonner à quelques liens ténus et tirés par les cheveux pour connecter l’histoire au premier opus et faire le rapprochement avec sa suite. Piètre consolation.
Au final, Dead Space Aftermath est un ratage total qui fait honte à la saga de Visceral Games, ainsi qu’au premier métrage. Si l’on regrette un scénario alambiqué qui souffre d’un manque de cohérence, on s’insurge surtout face à cette diarrhée graphique qui nous inflige des images hideuses. Sous prétexte d’une approche épurée aussi vaine que stérile, la paresse technique de cette production s’affuble de contradictions visuelles à chaque flashback, ignorant totalement les fondamentaux d’un tel concept. Inepte, moche et pénible, le film de Mike Disa en oublie le mélange science-fiction et horreur, indissociable de la franchise. Il en ressort une atmosphère dépourvue de l’oppression des jeux et du danger évoqué dans Dead Space Downfall.
Un film de Mike Disa
Avec : Christopher Judge, Peter Woodward, Ricardo Chavira, Yorgo Constantine