Voir la fiche complète du film : Byzantium (Neil Jordan - 2012)

Byzantium

Une jeune fille et sa mère sont contraintes de fuir régulièrement, poursuivies par les membres d'un groupe. Sans égaler l'exceptionnel Entretien avec un Vampire, Byzantium séduit par sa démarche visant à privilégier l'étude des caractères des héroïnes au folklore habituel.
Publié le 14 Janvier 2014 par GORE MANIACVoir la fiche de Byzantium
8
Vampire

** Attention, cette critique contient des spoilers.**

Une jeune fille et sa mère sont contraintes de fuir régulièrement, poursuivies par les membres d'un groupe visiblement très influent.

Discret depuis plusieurs années, le cinéaste irlandais Neil Jordan retrouve l'univers vampirique, près de vingt après Entretien avec un Vampire. Privilégiant sans conteste la fable sociale et humaniste aux blockbusters, Jordan a sans doute profité du retour en force de nos ténébreux suceurs de sang au cinéma depuis la saga Twilight pour porter le projet Byzantium à son terme, et renouer ainsi avec le cinéma fantastique.

 

Dès les premières séquences, ce film s'éloigne des métrages fleur bleue, populaires auprès des adolescents, pour nous plonger dans un monde sombre et froid. L'angélisme d'Eleanor tranche radicalement avec le sulfureux personnage de Clara. Le cadre de vie des deux vampires n'a rien d'idyllique, ainsi que les petits métiers de Clara. Le monde de la nuit est ici contemplatif ou vénéneux, mais le souffle de la mort est le seul compagnon d'infortune de ces deux êtres marqués par de nombreux drames.

Habituée aux grosses productions hollywoodiennes, Gemma Arterton (Le choc des Titans, Prince of Persia) n'a jamais été aussi captivante et touchante que dans ce rôle complexe, celui d'une femme rêvant d'indépendance mais toujours rattachée à un pénible passé. C'est pourtant de ce passé trouble qu'elle a hérité de son plus riche trésor : sa fille Eleanor.
Révélation du film, Saoirse Ronan (Les Ames Vagabondes) apporte à son personnage une touche de grâce et une véritable aura.

 

Ce surprenant duo nous emmène ensuite dans une petite ville côtière irlandaise, où le travail visuel de Jordan prend toute son ampleur, permettant de porter le métrage à un autre degré. La rigueur des éléments se marie à merveille avec la détresse des habitants de cette cité (prostituées, junkies, personnes âgées et malades).
Jordan en profite alors pour explorer l'histoire tortueuse des deux femmes, en démontrant sa grande habileté et son affection pour les scènes costumées et les reconstitutions historiques de qualité.

La relation entre les deux soldats, Ruthven et Darvell, évoque d'ailleurs l'étrange lien entre Lestat et Louis. Un probable hommage du cinéaste à une mise en abîme du vampirisme aujourd'hui délaissée au cinéma (la lumière du jour ayant, par exemple, pris les devants face au monde de la nuit).

La quête de l'immortalité reste l'un des moments forts du métrage, la beauté gothique naturelle des lieux illustrant fort à propos l'épanouissement soudain d'une créature vulnérable ouverte à la vie éternelle. Cette communion entre les éléments et les vampires est intense et originale, tout comme le côté machiste de l'ordre des créatures de la nuit et l'aspect social mis en avant par le réalisateur.
Ainsi, les victimes d'Eleanor sont des personnes âgées ou malades, qui souhaitent leur funeste sort. La jeune femme apparaît davantage comme un sauveur que comme un bourreau. Pour autant, la soif de sang est surtout vue ici comme un fardeau, trop lourd à porter, isolant les protagonistes.
Glauque et solitaire, le plaisir de la morsure est donc plus que jamais morbide, voire tabou, faisant écho aux films les plus sombres du genre (Martin, The Addiction, Morse).

 

L'épilogue sait se montrer violent et rythmé, afin de se démarquer du reste de l'oeuvre, plus introvertie et contemplative. La survie du duo passera par une séparation salvatrice, faisant allusion au passage adulte pour l'éternelle adolescente. Sans égaler l'exceptionnel Entretien avec un Vampire, Byzantium séduit par sa démarche visant à privilégier l'étude des caractères des héroïnes au folklore habituel.
Neil Jordan n'a en tout cas rien perdu de ses qualités et signe là un retour réussi dans le cinéma de genre, sans délaisser une certaine philosophie de la vie qui lui est chère.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

L'asile
Les films à sketches permettent généralement de faire vivre de petites histoires qui ne nécessitent pas de s’étendre outre mesure. À la manière de courts-métrages, elles doivent se montrer brèves et rentrer dans le vif du sujet sans perdre de temps. Une thématique spécifique, une durée à respecter pour chaque segment, sans compter un fil commun qui relie l’ensemble de façon crédible...
Time Crimes
Attention, cette critique contient des spoilers. Un couple vient d'emménager dans une grande demeure, quelque peu isolée. Réveillé dans sa sieste par un étrange appel téléphonique, Hector observe ensuite avec ses jumelles les bois environnants. Intrigué par la présence d'une jeune femme dénudée dans les bois, il décide de traverser la forêt. Commence alors pour lui un cauchemar inimaginable. Le...
Terra Nova
En 2149, la planète agonise et l'humanité vit ses derniers instants. Tout espoir semble perdu, mais une élite parvient à découvrir une faille spatio-temporelle qui les ramène voilà 85 millions d'années en arrière. La colonisation de cette nouvelle Terre se heurte à la faune locale... On connaît le talent incontesté de Steven Spielberg pour réaliser des films somptueux. Bien souvent, ils font...
Resident Evil Damnation
En règle générale, les films d’animation issus de jeux vidéo tiennent davantage du fan service un rien opportuniste que d’une réelle nécessité à étendre un univers en dehors du format vidéoludique. Preuve en est avec Dead Space ou encore Devil May Cry pour ne citer que deux exemples. Cela vaut également pour les adaptations live, mais celles-ci coïncident moins avec la sortie «...
Zombie Shark
Quand il s’agit de tourner des films de requins fauchés aux velléités purement mercantiles, les producteurs ne sont jamais avares en aberrations scénaristiques et biologiques. Entre des poissons mal fagotés ou un contexte ubuesque, la sharksploitation multiplie les exactions pour malmener les squales. De même, la récidive tient autant à la présentation de bestioles hybrides qu’à un...
Byzantium
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
118 min
6.66667
Moyenne : 6.7 (3 votes)

Byzantium - International Trailer

Thématiques