Critiques spectateurs de ReiAyanami
Frankenstein's Army
Certains voudront surement apposer sur ce film les étiquettes habituelles de "Décalé", "nanar" et autres séries suivis d'une lettre de l'alphabet. Décidément il est très en vogue de ranger les oeuvres dans des cases pour ensuite mieux taper dessus ou les prendre de haut. A tel point que ces expressions, à force d'usage, finissent par perdre leurs sens. Raisonner de la sorte me parait extrêmement réducteur pour des films comme "Frankenstein's army". D'emblée, on entre dans un univers de guerre, en Found Footage, qui nous embarque dans une épopée Soviétique contre les nazis, décidément à la mode dans les films d'horreur. Mais rapidement le film passe à un huis clos horrifique, peuplé de créatures plus inventives les unes que les autres. C'est peut être ici que le film nous rappelle l'oeuvre de Roger Corman, des créatures étranges et presque grotesque, dans le sens artistique du terme, car ici les maquillages et costumes sont plus que réussi. On finit ensuite par connaitre les motivations du créateurs, au propos politique et philosophique qui nous exposent les conséquences de la guerre et des totalitarismes de l'époque. Dans le traitement du contexte et la narration, le film me semble brillant, le choix du found footage en couleur peut paraitre anachronique, mais lorsque l'on en fait abstraction, cela donne une coup de jeune incroyable à la thématique. Bref du cinéma néo-vintage captivant.
Publié le 16 Août 2013
Julia X
En glanant ça et là le peu d'information que j'ai pu trouver sur le film, je me lance. Vu l'affiche, ça fleurait bon le Rape and Revenge bien classique. Et là je me dis "Comment faire mieux que "I spit on your grave" (La version Zarchi bien sur, pas la bouse glacée de 2010)" ?. Et bien si les premières minutes sonnent comme un slasher bien classique, un bon vieux retour au années 80, une blonde, un pervers avec la tête adéquate, un camion des chaînes et une pelle. Le kit complet du slasher est là. Mais après une première demi heure de traque du maniaque, la situation s'inverse et le traqueur devient traqué. Jusque là rien d'exceptionnel, mais c'est dans le traitement des personnages que l'oeuvre se démarque. Un couple de soeur martyrisées se transforment en chasseur de pervers. Les névroses des deux soeurs sont particulièrement bien mises en perspectives, entre l'adulte en quête de contrôle et l'éternel adolescente. Enfin le personnage du pervers, qui jamais ne craque et reste imperturbable dans sa folie, reste d'un charisme remarquable. La mise en scène, sobre mais efficace, permet de découvrir avec esthétique l'environnement familial. Mais le plus intéressant reste la narration, le renversement de situation est fort bien amené, en conservant des personnages crédibles. Bref, ce qui sentait le réchauffer transcende le genre et nous offre un huis clos familial excitant. On en redemande.
Publié le 19 Mars 2013
Hostel : Chapitre 3
Allez ça commence dès les premières minutes on a droit au baiser enflammé d'un faux beau gosse au menton carré sortie d'un soap pour adulescente avec une poufiasse siliconné le tout sur la terrasse d'une bicoque aussi dénué d'intérêt que les protagonistes. Mais bon continuons. Voici donc qu'arrive en fanfare un beau gosse supplémentaires, mais celui ci en modèle pseudo classe, un brin cynique.
Vous l'aurez compris, tout cela sent le réchauffé, bien conventionnel, voir consensuel. Je dois bien avouer que je m'attendais à un renversement de situation assez rapide mais l'histoire tarde et tarde encore a faire son apparition comme si le réalisateur repoussait inlassablement l'instant où le film passerait dans l'horreur. Après une trentaine de minutes d'attente le film commence. Bien.
Les minutes d'oeuvre (ou plutôt du produit) eurent beau défiler, jamais je n'entraperçu la moindre âme ni même la moindre personnalité dans un film si fade ! Les scènes de torture sont dénuée de toute ambition et de la barbarie que l'on eut pu attendre d'un tel long métrage. Rien. La vacuité en numérique.
Publié le 9 Février 2012
The Tortured
Alors que j'inspectais les timides bacs horreurs du géant de la distribution, j'aperçu, au milieu des saw 24 et Dead snow, un dvd réprésantant un homme équipé d'un masque à gaz. La première impression fut la référence (volontaire ?) à Dead Man Shoes de Shane Meadows, agréable souvenir. Intrigué, je me penche alors vers l'objet et je découvre l'estampille marketing "Par les producteurs de saw". L'intérêt naissant baisse alors grandement, si c'est pour voir des employés recyclés de castorama fabriquer un nouveau piège pour ados ... Mais ils subsiste encore le souvenir agréable de la claque du premier épisode de la série, alors je me décide.
Je dois bien admettre que le résultat fut fort étonnant, de par les choix d'écriture et de montage. Le schéma est assez classique, enlèvement d'un enfant, puis questionnement autour de la justice personnel. Mais là où le film tranche, c'est dans son humanité latente. Jamais les personnages ne se laisse aller à une brutale justice personnelle. Ils veulent équilibrer la souffrance, qu'ils ne peuvent plus endurer. Le choix de masquer le tueur symbolise à la fois la culpabilité des personnages et permet d'habilement recentrer le récit sur leurs émotions, le spectateur ne pouvant se délecter de sa souffrance. Pas de complaisance possible donc.
De plus, ce masque, décidément symbolique, nous apporte un ultime rebondissement qui n'est pas sans rappeler celui du premier saw, simple et efficace. Le tout au service du doute et de la culpabilité des personnages.
Un torture porn concerné et engagé, ni moraliste ni rageur. Ca fait du bien.
Publié le 12 Janvier 2011
Grotesque
L'exercice du torture porn est toujours délicat depuis les vagues saw like qui apparaissent outre atlantique, qui rivalise de bricolage et d'effets farfelus pour compenser des personnages vides et une histoire sans intérêt. Grotesque s'annonce donc comme une version nippone de Saw ou Hostel, on s'attend alors a du classique, tueur charismatique, des litres de sang et un peu de chair pour faire plaisir au fan de trash. C'est là que Grotesque surprend. Sans être une radiographie du meurtrier et des ses obsessions, Grotesque nous offre une chronique meurtière d'un homme mystérieux, empreint de frustration et macabres obsessions.
Le réalisateur, se dégageant de toute morale, respecte ses personnages, autant le maniaque que ses victimes, un jeune couple fraichement unie. Sans dévoiler davantage l'intrigue, le tueur nous mène dans sa propre confusion, qui reste la seule, mais efficace intrigue du film. A l'instar de Takashi Miike, Kôji Shiraishi ne s'impose aucune limite, aucune concession au valeurs morales ni mercantile qui tâchent cuellement le genre chez l'oncle sam ...
Grotesque, est, au finale, un exercice de style assez brillant dans sa froideur, mais aussi une chronique de la folie ordinaire nippone sans concession. A voir.
Publié le 7 Janvier 2011