Voir la fiche complète du film : Les Nuits rouges du Bourreau de Jade (Julien Carbon, Laurent Courtiaud - 2011)

Nuits rouges du Bourreau de Jade, Les

Un thriller français qui a la fâcheuse tendance à se perdre dans des longueurs plus qu'accablantes au lieu de privilégier l'aspect tordu et les possibilités du poison paralysant. Il en ressort un moment parfois déroutant, mais surtout décevant au vu d'une introduction prometteuse. Somptueux sur la forme, mais maladroit dans la trame narrative et son rythme brinquebalant.
Publié le 9 Janvier 2013 par Dante_1984Voir la fiche de Les Nuits rouges du Bourreau de Jade
6
Attiré par l'Asie et plus particulièrement la Chine, le duo français Julien Carbon et Laurent Courtiaud ont tôt fait de quitter la France pour s'adonner à leur passion et offrir leur service sur des productions aux noms prestigieux : Tsui Hark, Johnnie To ou Wong Kar-Wai. Depuis une dizaine d'années, ils ont donc officiés en tant que scénaristes et assistants-réalisateurs. Lorsqu'ils créent leur maison de production en 2007, ce n'était plus qu'une question de temps pour qu'ils réalisent leur propre long-métrage. Deux ans plus tard, ce projet se conclut même s'il ne sort sur les écrans qu'en 2011.


Emballez, c'est pesé.

Et l'histoire de ce thriller aux tendances horrifiques parfaitement assumées a de quoi intriguer. En partant de la légende du bourreau de Jade, le scénario tisse sa toile autour de Carrie, femme séduisante, obsédée par cet élixir qui est censée accroître la sensibilité des terminaisons nerveuses. Ainsi, le plaisir et la douleur procurent des sensations extrêmes. Une véritable extase ou une éternelle torture. En cela, le point de départ se révèle pour le moins original. Néanmoins, l'on se rendra vite compte que l'histoire se penche davantage sur le crâne (qui renferme la précieuse substance), objet de toutes les convoitises, et non sur le poison en lui-même.

Ainsi, la grande majorité du scénario (environ les trois quarts) se transforme en un jeu du chat et de la souris à travers les méandres de Hong Kong pour obtenir l'objet. Le récit tend à se perdre dans un rythme lénifiant. Malgré le cadre et la production hongkongaise, n'oublions pas que les deux réalisateurs sont français. Par conséquent, les travers du cinéma francophone transparaissent dans le présent métrage. L'exposition se veut trop contemplative, pour ne pas dire nombriliste. Un défaut inhérent que l'on retrouve dans bon nombre de nos films « Made in France ». À certains égards, cela permet d'appuyer une symbolique riche à travers les images. Dans la majorité des cas, l'ennui trouble une intrigue finalement assez simple.


Non, les doigts ne sont pas des armes qui tirent des balles à bout portant.

Pourtant, l'esthétique marquée est des plus aguicheuses. La mise en scène multiplie les tours de force en alliant la variété du cadre à des moments plus intimistes. Hong Kong est dépeinte sous différents angles. Les panoramas confèrent à la ville une échelle démesurée, presque suffocante. La plage, les ruelles sombres, les boîtes de nuit, les quartiers malfamés ou le toit d'un immeuble sont autant de points de vue qui traduisent l'évolution permanente de la mégalopole. Les moments les plus intimistes font la part belle à des teintes chaudes et ténébreuses dans des environnements clos et généralement sans fenêtre. Ce n'est pas plus une porte ouverte sur le monde de la nuit que sur l'univers fétichiste.

D'ailleurs, l'introduction avec la jeune Tulip et la scène du lit de suffocation laissait augurer une manière très graphique et novatrice de mettre en avant une sexualité marginale, à tout le moins peu commune. Le bruit de succion du latex, la quasi-immobilité de la future victime et le sentiment de soumission sont bels et bien présents. À mon sens, ce passage est le plus réussi d'un point de vue technique, car il monte en tension progressivement et met en valeur les qualités du film. En soi, c'est une promesse faite au spectateur qui ne sera pas vraiment respectée. Hormis une scène de strangulation expéditive et la séquence de l'écorchement, on reste sur notre faim.


Le principal intérêt du film : une actrice charismatique tout en nuance.

On ressent de multiples références au cinéma de genre, mais jamais l'histoire ne sombre dans le torture porn ou le catégorie 3. Le thriller demeure majoritaire (ce qui n'est pas un défaut), mais dans ce cas, il aurait mieux fallu ne pas laisser escompter un mélange des genres. L'on se sent un peu lésé compte tenu de ce qui avait été amorcé. Même les dialogues ont tendance à s'embourber dans la complaisance avec des lignes pas toujours adéquates ou pertinentes. Là encore, on constate certaines carences maladroites qui, à force de s'accumuler, rendent le métrage acceptable à défaut d'être bon.

Pour ce qui est des acteurs, on salue la prestation de Carrie Ng où son personnage d'une perversion rare complète un charisme d'un naturel déconcertant à l'écran. Elle est véritablement la figure de proue du film. Le résultat est plus mitigé pour Frédérique Bel (la tête d'affiche) qui incarne une femme uniquement motivée par l'appât du gain. On ne parvient pas à s'y attacher et son sort nous laisse presque indifférents (on espère même qu'elle aura droit aux bons soins de Carrie). Les seconds rôles sont assez fades et stéréotypés. Il s'agit de personnages aux caractères à peine élaborer.


Les griffes de Carrie.

Bref, Les nuits rouges du bourreau de Jade disposait d'un certain potentiel pour se démarquer des productions françaises habituelles. Malgré une esthétique somptueuse, la prestation de Carrie Ng et l'introduction, l'on regrette un traitement trop lénifiant et une trame inutilement alambiquée sur fond de trafics d'objets volés. À cela, les séquences dites de torture n'en sont pas vraiment, les réalisateurs préférant la symbolique du fétichisme au détriment d'une dérive violente et meurtrière. Les bonnes intentions et le potentiel de départ ne parviennent pas à faire oublier les trop nombreuses errances qui parsèment l'histoire. Une curiosité à découvrir, mais certainement pas le film qui renouvellera le genre français.
A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Massacres dans le Train Fantôme
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Lors d'une fête foraine, deux jeunes couples décident de passer la nuit dans le train fantôme. Mais ils n'y sont pas seuls. Promu maître de l'horreur dès son second film, Massacre à la Tronçonneuse (1974), Tobe Hooper n'est pas loin d'être pour beaucoup de cinéphiles l'homme d'un seul film. A l'instar d'un Wes Craven après Les Griffes de...
Gretel & Hansel
On ne compte plus les adaptations de contes de fées dont les variations ont donné lieu à des interprétations des plus édulcorées aux plus brutales. Depuis sa publication voilà plus de 200 ans, Hansel & Gretel n’échappe pas à cette réappropriation pour la télévision et le cinéma. Sous forme de films indépendants ou de blockbusters, les différentes productions se sont montrées plus ou...
Carver
**Attention, cette critique contient des spoilers** Deux frères rejoignent un couple d'amis pour un week-end à la campagne avant de reprendre les cours à l'université. En chemin, ils font la connaissance d'un barman qui leur propose de nettoyer sa grange en échange de quelques consommations gratuites le soir même. Ils acceptent, et découvrent sur place des films d'horreur qu'...
Les Châtiments
Par le biais de leur société Dark Castle, Robert Zemeckis et Joel Silver nous offrent régulièrement des films d'horreur qui, sans être excellents, nous procurent tout de même de très bons moments. On retiendra notamment La maison de l'horreur ou La maison de cire. Assez prévisible dans l'ensemble, mais rondement mené par leur réalisateur respectif. Qui plus est, si les premières...
Puppet Master III
Durant la seconde guerre mondiale, à Berlin, les spectacles de marionnettes du célèbre André Toulon attisent l'intérêt d'un soldat nazi, surpris par l'agilité de ces créatures. Suite au succès des deux premiers films, le producteur Charles Band décide de raconter les circonstances du drame ayant amené Toulon à combattre les nazis. Ce prequel (une rareté à l'époque dans le milieu cinématographique...
Les Nuits rouges du Bourreau de Jade
Sortie France:
Durée:
95 min
6
Moyenne : 6 (2 votes)

Les Nuits rouges du bourreau de jade - J. Carbon & L. Courtiaud - Teaser (HD/VOSTFR)

Devinez le film par sa tagline :

Malin comme un Singe. Meurtrier comme un Homme.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques