Le Village des ombres

Ca ne va peut-être pas renouvellé le genre, mais bon sang coté ambiance c'est largement réussit. Que c'est sombre ! qu'est ce que ce village désert rend comme ambiance. De plus coté scénario, c'est je trouve assez bien trouvé, car le réalisateur pour accroîte encore plus la tension n'hésite pas à mélanger différentes séquences. Dommage que le jeu des actrices soit un peu approximatif.

Une bande d’amis part pour un week-end bucolique au village de Ruiflec. Mais rien ne se passe comme prévu et un accident de la route les contraint à poursuivre leur chemin à pied. Une fois sur place, ils disparaissent les uns après les autres. On ne peut nier qu’il plane une certaine odeur de mystère dans ce village des ombres. Pour son premier long-métrage, Fouad Benhammou opte pour un exercice qui n’est pas des plus aisés, loin s’en faut. Parvenir à créer une aura nébuleuse entourant l’histoire s’avère des plus ardues. Une entreprise difficile qui se fait encore plus rare dans l’hexagone. S’il bénéficie de quelques qualités indéniables, Le village des ombres est loin de se révéler le film fantastique « made in France » auquel on aurait pu s’attendre.

En marge des dernières productions qui tendent vers l’hommage plus ou moins réussi à l’horreur (La horde et le plus mitigé La meute), Le village des ombres s'oriente davantage vers le suggestif. Là où l’indicible se terre en d’innommables endroits. Le récit se base sur la peur psychologique de l’inconnu en distillant au compte-gouttes des éléments de mythologies qui, par certains aspects, rappelleront vaguement l’univers de Lovecraft. Toute proportion gardée, cette comparaison ne vaut que pour un bon a priori. En effet, cette impression de départ s’effiloche rapidement en se perdant quelque peu dans des méandres tortueux. Nanti d’une photographie absolument somptueuse (les jeux de clairs-obscurs magnifient l’ambiance alentour), Le village des ombres souffre malheureusement de trop nombreuses maladresses pour en faire un incontournable, tout au plus un objet de curiosité à découvrir le temps d’une soirée.

On commence par les protagonistes. Sans consistances, on nous ressort les stéréotypes mêmes d’un mauvais survival. De fait, les enjeux et l’identification à ces pauvres hères n’en sont que plus difficiles. Ceci ne l'aurait pas discrédité complètement si le scénario ne s’amusait pas à se perdre en complétudes et autres incursions inopinées d’un certain individu qui vous plombe la conclusion. Au bout de la première demi-heure, on comprend la nature du village par une explication aussi scandaleuse qu’inattendue. À quoi bon monter une histoire sombre et mystérieuse pour la mettre en pièce derechef ? Il en ressort un sentiment de frustration qui gâche l’ensemble du film. À cela, s’ajoutent notamment quelques incohérences malvenues et des pans du scénario édulcoré.

Certes, il est toujours agréable de voir fleurir dans nos contrées des projets de cet acabit. Le cinéaste nous propose une vision personnelle et passionnée de l’univers fantastique. Il parvient à instaurer un climat inquiétant, presque malsain, dans ce village désert. Les qualités esthétiques et les intentions sont indéniables. On peut même saluer l’idée d’un village abandonné, siège de phénomènes surnaturels. Malheureusement, Le village des ombres n’évite pas les maladresses dues à un manque d’expérience. Personnages sans envergures, errances scénaristiques qui tend à faire perdre de l’intérêt au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, mais surtout le barbu qui s’incruste inopinément pour nous expliquer la teneur de Ruiflec sont autant de défauts auxquels il est difficile de faire l’impasse. Au final, un film prometteur qui s’avère davantage sympathique qu’indispensable.