Les dossiers de l'impossible

Le Dossier de la Maison aux Visages

L'affaire des visages a débuté en 1971 dans le petit village de Bélmez de la Moraleda (Andalousie, région de Jaén). Le 23 août, alors que María Pereira fait sa cuisine, elle remarque sur le sol une tache ressemblant à un visage. Elle applique alors plusieurs détergents, sans parvenir à l’effacer. Effrayée, elle demande à son fils de détruire la dalle et d’en couler une nouvelle. Mais très rapidement, un autre visage apparaît au même endroit que le premier. C’est la naissance d’un phénomène qui s’étalera sur plus de trente-cinq ans, avec plusieurs pics d'activité. En tout, ce ne seront pas moins de trois mille visages différents qui seront recensés durant cette période. De nombreuses personnes, dont les plus proches voisins de la famille Pereira, témoigneront de la véracité du phénomène, affirmant que de nouveaux visages apparaissent régulièrement, changent de place, ou disparaissent.

Les visages affichent une grande variété stylistique : certains se présentent sous la forme de taches de couleurs et sont à peine discernables, tandis que d'autres sont très nets et évoquent davantage des peintures polychromes.

En 1972, les parapsychologues German de Argumosa et Hans Bender (fondateur de l'Institut für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiène (IGPP), l'un des plus grands centres européens consacrés à la parapsychologie) décident de s’intéresser à l’affaire. Une fois sur place, ils font sceller la cuisine pour une durée de trois mois et recouvrent les visages d'une bâche. Lors de la réouverture, ils constatent avec surprise que plusieurs visages se sont déplacés et que de nouveaux sont apparus, sans intervention extérieure. Ils se lancent alors dans une longue série d’analyses. Si les éléments recueillis ne permettent pas d'étayer l'hypothèse paranormale, ils ne démontrent pas non plus qu'il s'agit d'un canular. Bender et de Argumosa s’abstiendront cependant de publier des documents officiels relatifs à leurs observations, et Bender évoquera à peine le sujet dans la publication de son institut, Zeitschrift für Parapsychologie.

En 2004, María Gomez Pereira décède. Peu de temps après, la nièce de la défunte met au jour de nouveaux visages dans la maison natale de sa tante, située à deux cent mètres à peine de l’endroit où sont apparus les visages originaux. La Sociedad Espanola de Investigaciones Parapsichologicas (SEIP) confirme que ces nouveaux visages sont bel et bien authentiques. Cependant, le phénomène est identifié de nos jours et, de façon quasi unanime, comme une vaste supercherie. La SEIP aurait en effet manœuvré avec la complicité de la municipalité de Bélmez dans le but d’ouvrir un musée consacré aux visages. De fait, elle souhaitait racheter la maison où les Pereira avaient vécu, mais le prix prohibitif demandé par la famille les avait fait reculer. L'objectif du canular était donc de faire apparaître de nouveaux visages dans une maison voisine, dont le prix aurait été moins élevé, et d'y créer le fameux musée. La SEIP aurait réalisé les visages, puis les aurait authentifiés pour le compte de la mairie, l'avis de la nièce de María Gomez servant de caution familiale à la découverte. Cette triste histoire jeta le discrédit sur la totalité de l’affaire, même si l’origine des premiers visages demeure inexpliquée.

Les visages de Bélmez ont rencontré un très fort écho dans les médias espagnols. Ceci explique que l'affaire soit bien connue et considérée par certains spécialistes comme l'une des plus importantes manifestations paranormales du siècle. Dès 1972, la maison (présentée au public comme la casa de las caras, la « maison des visages ») fut ouverte aux touristes. Elle se visite encore de nos jours et certains dessins y sont toujours visibles.