Les dossiers de l'impossible

Le Dossier Star Jelly

C’est l’édition du 27 septembre 1950 du Philadelphia Inquirer qui nous relate cette incroyable histoire titrée : « Flying ‘Saucer’ Just Dissolves » (Une soucoupe volante vient de se dissoudre).

L’article affirme que deux officiers de police chevronnés, Joe Keenan et John Collins, ont aperçu un objet mystérieux tombant du ciel alors qu’ils effectuaient leur ronde de nuit. Ils croient d’abord à un parachute, mais constatent vite que ce n’en est pas un. Poussé par la curiosité, le duo suit la trajectoire de l’étrange objet jusqu’à un champ à l’angle de Vare et de la 26ème rue, où ils sont accueillis par une imposante masse scintillante d'une chose qu’ils décriront plus tard comme « un disque bombé de gelée frémissante, de 6 pieds (1,8 m) de diamètre, 1 pied (30 cm) d'épaisseur au centre et un pouce (25 mm) ou deux (50) près du bord », remplie d’une substance semblable à du cristal qui brille sous la lumière de leurs lampes de poche.

Selon les deux officiers, cette substance gélatineuse semble vibrer et se déplacer d’elle-même. Une autre version affirme que la chose s’est trainée jusqu'à une cabine téléphonique voisine. Dans tous les cas, il semble acquis que l’objet soit capable de se mouvoir. La masse irradie d’elle-même et lorsque les deux officiers éteignent leurs lampes, ils s’aperçoivent qu’elle émet une lumière pourpre faisant penser à de la brume.

Le duo signale l’incident par radio. Des renforts sont envoyés. James Cooper et le sergent Joe Cook arrivent peu de temps, ce qui fait qu’au total quatre officiers sont en présence de l’objet. À ce moment, l’agent Collins décide que c’est une bonne idée de toucher la chose. De minuscules globules se collent à sa main, puis s’évaporent rapidement, ne laissant derrière eux qu’un résidu inodore et collant. (Cette matière sera rapportée par l’agent concerné au poste de police avant d’être confiée à l’Us Air Force Intelligence pour enquête.)

Les quatre hommes décident alors de l’emporter. L’objet semble d’une légèreté rare car il n’a même pas aplati l’herbe sur laquelle il s’est écrasé. Mais comme pour la substance sur la main de Collins, le reste du globe disparaît complètement en une trentaine de minutes.

Les quatre policiers impliqués firent un rapport et les journaux s’emparèrent de l’histoire.

Sept ans plus tard, le producteur Jack H. Harris demande à son ami Irvine H. Millgate une idée originale pour un film de monstre (c’était la fin des années 50 et les films de monstres de série B généraient énormément de succès). Millgate se rappela alors ce fait-divers et en parla à Harris. The Blob avec Steve McQueen (Danger planétaire chez nous) venait de naitre

Que l’on croie ou non à l’article du Philadelphia Inquirer, il faut savoir qu’il ne s’agit pas du seul rapport contenant une substance gluante violette tombée du ciel.

Ainsi, selon le magazine Scientific American, le 11 novembre 1846, des habitants de Lowville, dans l’État de New York, ont affirmé avoir vu un objet traverser le ciel et s’écraser au sol. L’objet en question a été décrit comme un « amas de gelée lumineuse nauséabonde » d’environ un mètre de diamètre qui s’est évaporé quelques minutes après avoir touché le sol.

Le 11 août 1979, Sybil Christian de Frisco, au Texas, signale la découverte de plusieurs taches violettes gluantes dans son jardin suite à une pluie de météores. Une enquête menée par des journalistes et un assistant du Fort Worth Museum of Science and History a conduit à une usine de batteries à l'extérieur de la ville où de la soude caustique était utilisée pour nettoyer les impuretés du plomb, ce qui donnait un composé violacé comme sous-produit. Le rapport a cependant été accueilli avec un certain scepticisme car les composés de l'usine étaient solides, alors que les taches sur la pelouse de Christian étaient gélatineuses. D'autres, cependant, ont souligné que Christian avait tenté de les nettoyer de sa pelouse avec un tuyau d'arrosage.

En décembre 1983, de la gélatine huileuse grisâtre est tombée sur North Reading, Massachusetts. Thomas Grinley a rapporté en avoir trouvé sur sa pelouse, dans les rues et les trottoirs, et dégoulinant des pompes de la station-service.

De la gelée stellaire a été trouvée sur diverses collines écossaises à l'automne 2009.

Un autre évènement de ce type s’est produit en Australie en 1969 et des scientifiques ont réussi à collecter et à étudier plus de 90 kg de matière gélatineuse après une pluie de météorites. Il s’est avéré que ces échantillons contenaient des acides aminés.

 

Un phénomène ancien

À la lumière de ces témoignages, on pourrait croire qu’il s’agit d’un phénomène récent, mais en réalité, cela fait des centaines d'années que les gens signalent la présence au sol d’étranges masses gélatineuses qu'ils supposent être tombées du ciel. Des textes anciens datant du 14e siècle les décrivent comme des substances gluantes translucides ou blanc grisâtre, qui ont tendance à s'évaporer peu après être « tombées ». Le médecin anglais du 13e siècle John of Gaddesden mentionne la stella terrae dans ses écrits médicaux, la décrivant comme « une certaine substance mucilagineuse reposant sur la terre » et suggérant qu'elle pourrait être utilisée pour traiter les abcès. La substance gluante non identifiée a rapidement été associée aux étoiles filantes et aux comètes car elles apparaissaient souvent après les pluies de météores. Dans un glossaire médical latin du XIVe siècle, une entrée décrit « une certaine substance grasse émise par la terre, que l'on appelle communément 'une étoile tombée' ». C'est ainsi que ces mystérieuses déjections ont reçu le nom de gelée stellaire.

Star Jelly

Il est difficile de déterminer ce qu'est exactement la gelée stellaire. Presque tous les échantillons examinés jusqu'à présent se sont révélés être d'origine biologique. L'explication la plus courante veut que la gelée stellaire soit des pontes de grenouille non fécondées qui ont été arrachées de leur abdomen par des prédateurs tels que les oiseaux. Ou bien il s'agit de nourriture gélatineuse dégorgée par des animaux. Au moins certaines des observations sont des entrailles d'amphibiens, comme l'a identifié Baylis à partir d'échantillons de gelée stellaire collectés à Dartmoor (Royaume-uni) en 1926.

Cela suffit-il à expliquer l’ensemble des témoignages ? Rien n’est moins sûr…

 

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