Voir la fiche complète du film : Zombie Lover (Deagol Brothers - 2008)

Zombie Lover - Critique

A l'aube d'un bel été qui s'annonce, une bande d'adolescents est victime de la disparition de Wendy. Oeuvre originale et réussie, qui devrait trouver son public.
Publié le 12 Juin 2011 par GORE MANIAC
Voir la fiche de Zombie Lover
6
Zombie
**Attention, cette critique contient des spoilers.**

A l'aube d'un bel été qui s'annonce, une bande d'adolescents est victime de la disparition de Wendy, la fille la plus populaire du collège. Après la fin de longues recherches et son enterrement, ses amis tentent de faire face à ce drame inattendu.

Le thème du mort-vivant est de nouveau porteur (cf le retour en grâce de Romero à Hollywood, la bonne santé de la saga Resident Evil et la série événement The Walking Dead).
La plupart du temps traité sur le mode horrifique, le personnage du zombie a depuis quelques années était abordé différemment. Drôle pour les britanniques de Shaun of the Dead, carrément enfantin avec Fido, le zombie ne cesse de développer son jeu d'acteur, démontrant une pluralité que peu lui auraient accordé il y a encore une décennie. Cette richesse peut encore évoluer, comme on pourra le constater avec Make-Out with Violence, premier métrage des frères Deagol.

Après la disparition subite de Wendy, les réactions de ses amis sont différentes, mais tous ont du chagrin. Patrick, secrètement amoureux d'elle, n'en revient pas lorsque ses deux frères ramènent la disparue, devenue une morte-vivante. Submergés par des sentiments contradictoires : le dégoût de ce nouvel état et le plaisir de ces singulières retrouvailles, les trois garçons décident de cacher Wendy et de s'en occuper.

Entre les séances de nettoyage et de repas, les réalisateurs pouvaient facilement dériver vers une comédie potache à la American Pie.
D'ailleurs, le titre du film pour sa distribution française, Zombie Lover, incite à la méfiance (probable choix pour surfer sur le succès d'un Zombie Honeymoon). Néanmoins, le doute est vite levé devant l'attachement du scénario au caractère de ses héros. Ceux-ci, avec leurs craintes et leurs doutes respectifs, se rapprochent davantage de la veine des personnages de Juno, Donnie Darko et autres Ghost World. Pas téméraires ni héroïques, Patrick et sa bande reflètent un univers adolescent plutôt dépressif et fragile, dont la rencontre avec un élément fantastique va bouleverser à tout jamais leur vie !

Le film évoque donc le rapport ambigu entre l'être humain et les morts. Déjà exposé par Romero dès son premier chef d'oeuvre : La Nuit des Morts-Vivants (le frère de Barbra et la fille du couple se transforment en zombies), ce dilemme opposant l'inné de l'Homme (son instinct de survie) et l'acquis (l'amour, la pitié) sont ici les bases de la réflexion des héros, incapables de faire leur deuil.

Ce qui s'apparente au départ à un acte rebelle propre à leur âge (refus d'obéir aux lois, ici celle du cycle de la vie) se poursuit par une forme de fétichisme malsain. Ainsi, Wendy apparaît comme une poupée morbide dans les bras de Patrick, qui la lave, l'habille et la nourrit avec un soin qui passe rapidement du courage à la déviance.
A mesure que Patrick s'enterre dans les ténèbres, son frère jumeau renaîtra à la vie dans les bras de la meilleure amie de Wendy, preuve qu'un même drame sera systématiquement vécu de manière totalement différente par les êtres humains (énième manière de démontrer la complexité de notre espèce).

Vous l'aurez compris, hormis la séquence du rat, Zombie Lover n'oeuvre pas dans le visuel sanguinolent. L'ambition des cinéastes, dont on devrait reparler dans le cinéma indépendant ces prochaines années, est avant tout de parler du mal-être adolescent.

Souvent perdu entre deux générations (des émotions d'adultes encore fragilisées par des comportements enfantins), l'adolescent de ce métrage n'a rien d'extraordinaire, et c'est ce qui lui donne cette fraîcheur et cet aspect véridique qu'il conservera tout au long de ce film, drame intimiste dont l'interprétation est le point fort, agrémentée par une bande originale électro-rock assez planante et un épilogue dans l'esprit du long-métrage, dur mais logique.
Manquant parfois de rythme et n'évitant pas certaines longueurs dans ses dialogues, Make-Out with Violence, film davantage mélancolique que sombre (cf sa photographie très lumineuse), est une oeuvre originale et réussie, qui devrait trouver son public.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Frankenstein

Frankenstein

Au même titre que Dracula de Bram Stoker, Frankenstein est un véritable mythe fondateur du genre fantastique. Ses thèmes, entre autres le progrès scientifique ou l’appréhension de la mort, demeurent toujours d’actualité et s’adaptent aux époques si bien que l’œuvre de Mary Shelley traverse le temps sans prendre une ride. Le cinéma a tôt fait d’accaparer un tel potentiel pour le transposer encore...
Grace

Grace

Madeline et Michael coulent des jours heureux jusqu’au jour où un tragique accident bouleverse leur quotidien. Michael ne survit pas et Madeline est contrainte d’accoucher d’un bébé mort-né. Seulement, l’enfant reprend vie inexplicablement. Dès lors, la jeune Grace démontre un appétit insatiable pour le sang humain. La thématique de l’enfance dans le cinéma de genre...
The legend of Boggy Creek

The legend of Boggy Creek

Les films relatant les méfaits du bigfoot ou du sasquatch ont pris leur essor dans les années 1970. The Legend of Boggy Creek s’avance comme le fer de lance de ce sous-genre du survival animalier. Son succès a suscité bon nombre de vocations par la suite ; certaines plus dispensables que d’autres. S’appuyant sur de véritables témoignages et des faits divers, l’intrigue...
La Maison au Bout de la Rue

La Maison au Bout de la Rue

Le foyer révèle l’intimité de chacun. Il est à la fois un refuge et un exutoire. Une fois les portes fermées, les rideaux tirés, les barrières sociales s’effondrent pour laisser entrevoir une vérité que l’on préfère ignorer. La maison est le catalyseur parfait pour les films de genre : fantômes, psychopathes, maltraitances ou persécutions. D’ailleurs, les titres de certains métrages plus ou moins...
Les Yeux sans Visage

Les Yeux sans Visage

C’est à la fin des années 50, une époque où le cinéma d’horreur connaissait un nouveau souffle, notamment grâce aux films de la Hammer en Grande-Bretagne et à ceux de Roger Corman aux Etats-Unis, qu’est sorti Les yeux sans visage , deuxième long-métrage d’un certain Georges Franju. Après avoir réalisé plusieurs courts-métrages documentaires comme en témoigne par exemple Le sang des bêtes - un...