Repo! The Genetic Opera
Celà faisait des années qu'il nous en parlait, et il est enfin là. Le voilà enfin le fameux opéra-rock de Darren Lynn Bousman! Le réalisateur de Saw 2, 3 et 4 criait à qui voulait l'entendre qu'il était un artiste et qu'il n'avait jamais voulu devenir réalisateur de film de torture. Et il comptait bien nous le prouver avec Repo, the genetic opera, un film qu'il murit depuis des années. On allait voir ce qu'on allait voir, l'ambition affichée étant de réaliser un film musical capable de rivaliser avec le cultissime Rocky Horror Picture Show. Mais c'est bien connu, l'enfer est pavé de bonnes intentions...
T'as pas payé ton rein enfoiré?
Dans un futur proche, une épidémie mondiale encourage une société de biotechnologie à lancer un programme de transplantations d'organes pour les survivants. GeneCo devient ainsi rapidement le premier fournisseur d'organes. Mais gare aux mauvais payeurs, le RepoMan est là pour veiller à récuperer les organes de ceux qui n'auront pas réglé leurs dettes à temps...
Un vrai festival de couleurs...
Tout d'abord, louons le bel effort que constitue un opéra-rock horrifique dans le paysage cinématographique actuel. Il est vrai que ce genre éminemment casse-gueule est incroyablement sous-représenté, sans doute à cause du ridicule que peut causer ce type d'entreprise si elle s'avère ratée. Heureusement ce n'est pas le cas ici. Du moins, en partie, car si certaines fulgurances géniales traversent le film de Bousman, il n'en reste pas moins des passages d'un ridicule achevé. La scène où la jeune Shilo (Alexa Vega) se met à sautiller dans sa chambre transformée en salle de concert à la façon d'Avril Lavigne, en beuglant une mauvaise chanson punk que n'aurait pas reniée cette dernière, fait peine à voir. Tout comme certains éclairages flashy qui explosent la rétine et feraient passer le film pour un trip sous LSD.
Heureusement, on sent que le film a été fait avec beaucoup d'envie, de tripes et de soin mais Bousman a voulu en faire trop, beaucoup trop, à tous les niveaux. Par exemple, tous les dialogues sont remplacés par des chansons, sans exception, ce qui rend parfois l'histoire assez pénible à suivre. Quelques lignes parlées de ci de là n'auraient sans doute pas fait de tort à la compréhension et aux oreilles car il est vrai que si la plupart des morceaux sont plutot bons (excellent titre Legal assassin chanté par le RepoMan), quelqu'uns semblent écrit pour une comédie musicale sans le sou. Quand on sait que pas mal de chansons servent uniquement de "dialogues chantés", on se rend compte que l'ensemble aurait pu allégrement se passer d'au moins quatre morceaux.
Le RepoMan en pleine repossession...
En parlant des chansons, beaucoup de critiques ont dit que les comédiens chantaient effroyablement faux. C'est totalement injustifié car s'ils ne seront jamais de grands chanteurs (faut pas exagérer), leurs prestations sont tout ce qu'il y a de plus honorables et à aucun moment on ne grincera des dents comme on pourrait le faire devant un type qui s'essaye pour la première fois au karaoké. Tout n'est donc pas noir au niveau du chant, ainsi qu'en ce qui concerne le rendu visuel. Comme dit ci-dessus, beaucoup de plans dégomment la rétine, c'est certain, mais bon nombre valent également le détour et quelques idées de mise en scène comme les planches de BD sont plutôt bien pensées.
Malheureusement, les séquences trop découpées sont nombreuses et nuisent parfois à la compréhension de l'histoire, en plus des chansons. C'est d'autant plus dommage que graphiquement certaines décors et personnages sont très réussis. Le Graverobber notamment, avec son look de prince de la nuit mais surtout Le Pavi, personnage magnifiquement pathétique avec son masque de peau humaine. L'interprétation de ce dernier par Nivek Ogre est à souligner et à voir en version originale. Soulignons au passage que les acteurs sont l'un des gros point fort du film. Même Paris Hilton est parfaite dans un rôle taillé pour elle et nous gratifiera même de l'un des meilleurs moments du film lorsqu'elle perdra son visage sur scène à cause d'une intervention chirurgicale ratée. Tout un symbole.
Paris Hilton, ou la classe faite femme...
Repo! The Genetic Opera n'est donc pas aussi mauvais qu'on peut le lire partout sur le net mais c'est certain qu'il faut avoir le courage d'aller au bout car les chansons incessantes et l'esthétique de mauvais gout volontaire peuvent rebuter. Le métrage n'atteindra certainement jamais un status culte comme Rocky Horror Picture Show mais il mérite néanmoins d'être vu une fois pour l'expérience particulière qu'il constitue.
Les frère Largo avec Pavi (à droite) définitivement le meilleur personnage du film...
Un film de Darren Lynn Bousman
Avec : Paul Sorvino, Paris Hilton, Bill Moseley, Anthony Head