Urban Legend 3 - Bloody Mary
Après le formidable succès de Scream, la fin des années 1990 a marqué un nouvel essor pour le slasher. Au cinéma, cette période s’est principalement distinguée par Souviens-toi l’été dernier, Halloween, 20 ans après et la présente franchise. Sans doute est-ce dû aux affres du temps, toujours est-il qu’Urban Legend s’avance comme le parent pauvre de ce courant. Malgré un potentiel initial évident pour développer une ou plusieurs légendes urbaines, l’intérêt se délite au profit d’un traitement conventionnel et frileux. Après un premier volet dispensable et une suite inutile, la saga s’enfonce dans le domaine de la production DTV bon marché avec un Bloody Mary aux saveurs frelatées.
Un petit bouton qu'il vaudrait mieux ne pas toucher...
Là encore, on pouvait escompter davantage qu’une telle itération. On retrouve Mary Lambert derrière la caméra, responsable du très bon Simetierre. De même, on sent un parti pris pour s’écarter de ses deux prédécesseurs. D’une part, on se focalise sur une seule légende. D’autre part, il n’y a plus de tueur à proprement parler. Comprenez un sagouin psychopathe qui écume les allées et les couloirs du campus. Néanmoins, on devine des occurrences propres au slasher encore vivaces. Cela vaut notamment pour le cadre, ainsi que les protagonistes. À aucun moment, on ne sort des sentiers battus avec des personnages stéréotypés au possible.
De même, l’enchaînement de morts « mystérieuses » et la pseudo-enquête qui s’engage confortent le spectateur dans des a priori familiers. Le film ne franchit pourtant pas le pas, se retrouvant coincé entre différentes références. Il ne réussit pas à s’affranchir d’influences parfois inattendues et guère maîtrisées. Avec une antagoniste rampante et torturée, on songe aux productions horrifiques asiatiques. La séquence du motel miteux avec l’effet de transposition entre réalité et télévision, puis une apparition sous le lit, est particulièrement représentative de ce constat. On remercie au passage The Ring et The Grudge.
Des oeuvres qui n'ont guère inspiré les scénaristes
Mais ce n’est pas cet aspect référentiel ou plagiaire qui mine ce troisième opus. Plutôt la négligence globale qui suinte à toutes les strates de production. Le casting ne se sent guère impliqué. La mise en scène se contente d’aligner les passages maladroitement montés avec le peu de moyens à sa disposition, tandis que l’histoire s’affuble de sempiternelles incohérences, comme l’invocation de Bloody Mary. Cette dernière doit se faire dans l’obscurité et seul ; pas lors d’une pyjama-party toutes lumières allumées. Un détail qui dissimule un trop grand nombre d’écueils pour se laisser flouer ou faire l’impasse sur des défauts majeurs.
Il est vrai qu’on peut éventuellement retenir une progression assez soutenue et une constance appréciable dans la succession des morts. Cependant, les intermèdes et les réflexions guère pertinentes des intervenants alourdissent le rythme et l’atmosphère générale, sans second degré aucun. On a beau distinguer quelques sympathiques idées ou la variation du modus operandi de Mary, les rares bonnes initiatives se sabordent d’elles-mêmes avec des effets spéciaux catastrophiques. Déjà en 2005, la faute de goût était flagrante. À l’heure actuelle, les images de synthèse semblent tout droit sorties d’un autre âge. Mention particulière à l’approche psychédélique imbuvable qu’on nous impose en guise de dénouement.
Le mythe de Bloody Mary au sortir du dessous de lit !
Au final, Urban Legend 3 – Bloody Mary s’écarte plus ou moins volontairement du slasher pour fournir un film confus dans ses intentions et son traitement. Avec ses contradictions et ses écueils évidents, l’enrobage scénaristique est à l’aune de la caractérisation. Entre ses stéréotypes guère maîtrisés, sa mise en scène plate, ses effets spéciaux miséreux et son histoire inconsistante, cette suite se révèle tout aussi dispensable que le précédent « Coup de grâce », mais en développant ses défauts d’une manière dissemblable. On a beau saluer la prise de risque et la volonté de s’affranchir de ses modèles, il n’en demeure pas moins une piètre tentative de poursuivre une franchise qui n’en demandait pas tant. Ou comment faire un faux slasher sans en assumer les conséquences...
Un film de Mary Lambert
Avec : Kate Mara, Robert Vito, Tina Lifford, Ed Marinaro