Toxic Shark
Insatiable quand il s’agit de décliner le requin sous ses formes les plus bizarres et idiotes, les producteurs versés dans le survival animalier persistent envers et contre tout à sombrer dans l’absurde. Si l’opportunisme d’un tel produit ne floue personne, on s’étonne toujours des nouvelles trouvailles pour prétexter l’irruption du squale dans des eaux déjà troubles, n’en déplaise au cadre paradisiaque. Toujours est-il que ce Toxic Shark sera une énième occasion de constater un genre en déliquescence où la sharksploitation offre davantage d’étrons aquatiques que d’initiatives louables. À la barre, l’illustre inconnu Cole Sharpe se charge de perpétuer un héritage ponctué de médiocrité, de bêtise et d’arrivisme.
On reluque le châssis ?
Il est vrai que le contexte d’une île tropicale n’est pas pour déplaire. De plus, l’environnement isolé peut donner lieu à une forme de huis clos prompt à générer un peu plus de tension qu’à l’accoutumée. Des intentions qui, apparemment, ne sont même pas venues à l’esprit de la production qui expose le cadre comme l’on présenterait une part de pizza surgelée réchauffée dans un restaurant quatre étoiles. L’exploration de l’île se cantonne aux plages et au camp de célibataires à la libido débordantes d’hormones. À aucun moment, on effectue une plongée dans les eaux cristallines; sauf pour s’embourber dans des justifications confuses, pour ne pas dire absurdes.
En cela, la teneur de l’histoire n’a rien de surprenant à jouer de roublardises pour faire avaler des couleuvres aux spectateurs. Et nul besoin d’être un spécialiste pour s’en rendre compte... Malgré l’aspect saugrenu d’un requin toxique, l’occasion était donnée pour dénoncer la pollution des océans ou, à tout le moins, d’avoir une approche raisonnée et un peu plus responsable que ses homologues. Là encore, on en reste au stade du fantasme pour mieux se complaire dans un déluge d’imbécillités. Cela vaut autant pour les irruptions inopportunes du squale que pour les dégâts collatéraux qu’il cause lorsqu’il ne s’empiffre pas.
Pourquoi monde cruel ?
Seul point notable du métrage, les toxines initiées par les éjections de cyanure et d’acide (cela dépend des victimes!) provoquent un état hallucinatoire et un comportement agressif. Amusant dans le principe, le survival animalier s’arroge quelques poncifs propres aux films de zombies. Bien que l’idée soit tardive et relativement anecdotique, cela donne lieu à quelques moments cocasses. Cela reste pour autant une manière assez distrayante de multiplier les menaces sur terre, comme en mer, même si cela n’évite pas les sauts de cabri de notre requin difforme.
Si l’on est loin du requin à deux, trois ou cinq têtes des métrages éponymes, l’intéressé joue également la carte du «tchernobylisme» avec son appendice au sommet de sa tête. On a beau s’attendre à des effets spéciaux bancals, la qualité des animations et des plans d’intégration est d’une pauvreté affligeante. De plus, on a souvent droit à des images pillées dans des séquences précédentes pour venir grossir les attaques du requin. Son gabarit ne sort pas des standards du genre, le rendant plus laid qu’impressionnant. Quant aux projections verdâtres, on peut que déplorer des pixels mal dégrossis dont la trajectoire est toujours la même.
Un nouvel élève récalcitrant pour le cours de yoga !
Au final, Toxic Shark est sans aucun doute un ratage évident. Malgré son côté décomplexé et l’irruption inattendue de quelques vacanciers contaminés, l’ensemble reste constamment immergé dans les poncifs et les défauts du genre. Bien difficilement, on peut distinguer quelques idées divertissantes, même si elles ne rattrapent en rien la stupidité générale. Mention spéciale aux réactions des protagonistes qui jouent la surenchère du comportement le plus débile et sexiste possible. Un produit de commande comme il en existe tant d’autres et ne fera pas de remous, même avec un comparatif des bobines moisies de concurrents directs, comme la série des Headed Shark Attack.
Un film de Cole Sharpe