The Traveler: le Justicier des Ténèbres
La déchéance, c'est vraiment quelque chose de moche. Prenez Val Kilmer, par exemple. Son talent est indéniable et reconnu par tous. Du moins, il l'était au temps de sa splendeur. Top Gun, Willow, Les Doors, Heat, L'ombre et la Proie, et j'en passe, tous témoignent de sa qualité d'interprétation.
Malheureusement, si son talent est connu de tous, il en va de même pour son mauvais caractère. Cela, additionné à quelques mauvais choix de films, a conduit sa carrière sur la pente descendante, là où terminent bon nombre de stars d'antan: les direct-to-video.
De fait, depuis 2006, la carrière de Val a emprunté les chemins sombres du cinéma à petit budget, lequel se montre plutôt avare en pellicules de qualité mais très généreux en ce qui concerne les nanars.
Surprise, ce Traveler s'avère très agréable et de bonne tenue. Le problème pour Val Kilmer ? C'est que ce n'est pas grâce à lui, loin s'en faut.
Non, cette image n'a pas été élargie...
Un inquiétant inconnu se pointe un soir de Noël dans un commissariat en s'accusant de meurtres... qu'il est sur le point de commettre.
Dylan Neal, flic un poil perturbé...
L'histoire est assez simple à expliquer, mais sa construction et la manière dont elle a été mise en images permettent de garder intact le suspense durant un certain temps. Pour cela, on peut féliciter Joseph C. Muscat, le scénariste, et surtout le réalisateur Michael Oblowitz d'avoir su tirer le meilleur d'un scénario somme toute basique.
De plus, il a eu le bon goût d'adjoindre à cette histoire de vengeance quelques scènes gores qui vous retourneront les tripes à la pelle. Et ce n'est pas qu'une métaphore puisque l'un des personnages se retrouvera avec ledit objet planté dans le bide, après que celui-ci ait été vidé de toute sa substance.
Le seul reproche que l'on pourrait faire à Michael Oblowitz est d'abuser, durant ces séquences sanguinolentes, des ralentis et de ce que j'appellerais le "lancer de trucs gluants sur les murs". En effet, presque tous les meurtres contiennent des moments où les bouts de chair volent dans tous les sens, ce qui, à force, amoindrit considérablement l'effet.
Dommage, car pour le reste, le réalisateur a su se montrer irréprochable dans sa gestion du suspense, de l'ambiance et du huis-clos, un exercice pourtant périlleux.
Un autre reproche serait à adresser au scénariste.
Il est dommage qu'en fin de parcours il ne soit pas allé au bout de son idée de base et qu'il ait retourné sa veste en modifiant les motivations de "l'étranger". Le comportement et les raisons de ce dernier apparaissent alors stupides, ce qui nuit profondément à son personnage (déjà que son interprète n'est pas fameux, mais nous y reviendrons) ainsi qu'à l'histoire en général.
Admirez déjà le flegme de l'acteur
Heureusement, le reste est à la hauteur.
Les acteurs sont très bons. Dylan Neal est parfait en flic torturé, tandis que les fans de Stargate Atlantis auront le plaisir de revoir Paul McGillion dans un rôle moins sympathique que dans la série.
Camille Sullivan apporte une touche de féminité dans ce monde de brutes et ce, même si son personnage est aussi sadique que les autres.
C'est ainsi que, tout naturellement, nous en venons à celui qui constitue la déception/point faible/erreur de casting (rayer la mention inutile) de The Traveler.
Val Kilmer y apparaît tout bouffi, arborant une superbe crinière blonde (parce qu'il le vaut bien) et affiche la même tronche impavide du début à la fin. A croire que l'expression "faire le minimum syndical" a été inventée pour lui. Val Kilmer possède la motivation du fonctionnaire qui attend l'heure de rentrer chez lui et tue le temps en effectuant son travail à contrecoeur.
Il ne parvient jamais à être inquiétant comme le voudrait son rôle, que du contraire. Alors qu'il devrait être l'atout du film (son nom est quand même en grand sur la jaquette), il en est le point faible et franchement, ça fait mal. Qu'est-il arrivé à l'acteur de Top Gun ?
Le voir dans ce film est triste, car sa prestation est pathétique en comparaison de ce qu'il aurait pu offrir s'il s'en était donné la peine.
Imperturbable on vous dit
A noter que le titre de travail original (Mr. Nobody) est beaucoup plus en rapport avec le contenu que The Traveler. Et que dire du sous-titre français: le justicier des ténèbres? A la vision du film, on se demande bien ce qui a poussé l'éditeur Aventi à choisir ce titre. Mais bon, ceci n'est qu'un détail.
Ce que vous devez retenir de ce film, c'est que la déchéance de Val Kilmer fait peine à voir, mais que le reste du film est honorable. Donc, si vous êtes tentés par les thrillers horrifiques et pas un fan acharné du sieur Kilmer, n'hésitez pas, The Traveler: le Justicier des Ténèbres se laisse voir sans problème.
Un film de Michael Oblowitz
Avec : Val Kilmer, Dylan Neal, Paul McGillion, Camille Sullivan