The InBetween
Certains concepts sont particulièrement habiles pour entremêler les genres. Dans le domaine des séries télévisées, cela se vérifie régulièrement en mélangeant le policier et le fantastique. L’idée ne date pas d’hier avec des œuvres frappantes telles que Fringe ou X-Files. Mais le pitch de The InBetween fait surtout écho à Medium et ses sept saisons où Allison DuBois aidait à résoudre des enquêtes criminelles à l’aide de ses dons de clairvoyance. On peut même remarquer dans cette production NBC, de nombreuses allusions à Ghost Whisperer. Aussi, la présente série s’impose comme un mélange des genres et des références pour développer son univers ou plutôt cet «entre-deux».
La fête peut commencer ?
Au regard des séries précédemment évoquées, les épisodes s’axent généralement sur deux plans narratifs distincts. Ceux-ci finissent néanmoins par se recouper. Ce choix s’explique par la volonté de dépeindre la capacité de voir des fantômes sous le meilleur jour et l’aspect le plus glauque. Pour le premier point, cela se traduit par «aider» les défunts à accomplir un élément inachevé au cours de leur existence. L’idée reste assez sommaire, mais suffisamment bien ancrée dans l’imaginaire collectif pour s’intégrer aisément dans l’histoire. La particularité du traitement est surtout de réaliser une prise de conscience de l’esprit sur un fait ou une valeur et non à l’interaction matérielle de leurs propos.
En ce qui concerne le second point, il fait directement référence aux affaires criminelles. Le revers de la médaille du don de médiumnité passe alors par une empathie exacerbée. À des moments inopportuns, Cassie Bishop est littéralement plongée dans les souvenirs des victimes, en particulier de leurs derniers instants. Si cela permet de déceler des indices autrement invérifiables, cette capacité à «s’immerger» bien involontairement dans la peau de la victime impose l’intensité de ses émotions. En l’occurrence, l’expérience se traduit par l’effroi, ainsi que la souffrance physique et psychologique. À noter que la transition entre réalité et vision reste bien amenée en considérant leur nature fortuite.
C'est que ce qui s'appelle être prisonnier de la mort...
L’idée pousse l’illusion jusqu’à intervertir la place de la victime en exposant la protagoniste comme telle. L’aspect glauque ne se tient pas uniquement à d’éprouvantes régressions, proches de ce que l’on peut assimiler à des sorties extracorporelles. Certaines investigations ou séquences présentent des lieux susceptibles d’abriter bon nombre d’esprits. L’exemple le plus frappant reste l’hôpital et son sous-sol. Bien que rares, certaines apparitions demeurent assez saisissantes dans le sens où elles exploitent parfaitement le cadre et la pénombre qui y règne. On apprécie donc cette appropriation de l’environnement et sa malléabilité entre différents plans d’existence.
Néanmoins, The InBetween n’est pas exempt de reproches. Au-delà du concept qui manque d’une véritable singularité, eu égard à de multiples allusions évoquées çà et là, le fil rouge est assez ténu, pour ne pas dire absent. Il tient uniquement aux relations entre les personnages et à leur évolution sur une plage temporelle évasive. À ce titre, seul le trio de têtes bénéficie d’un travail de caractérisation correct, tandis que les seconds rôles restent assez surfaits et se cantonnent à une présence trop en retrait. De même, on regrette que les compétences de profilage d’un des principaux enquêteurs ne soient pas exploitées à leur juste mesure, notamment dans le cadre d’affaires impliquant des serial-killers.
Des visions plus vraies que nature !
Au final, The InBetween est une série fantastico-policière relativement sympathique. Les investigations sont bien menées en équilibrant les méthodes «traditionnelles» avec les visions bien souvent salvatrices de Cassie. La notion d’empathie est au centre de ses expériences de médiumnité, ce qui permet d’alterner entre différents points de vue sur plusieurs niveaux de conscience après la vie. On regrette néanmoins un scénario global qui manque de cohésion dans le traitement d’un fil rouge presque inexistant. De même, les personnages secondaires et certaines de leurs capacités, autres que des dons surnaturels, sont beaucoup trop en retrait. De bonnes idées dont le format de 10 épisodes n’a pas su les développer suffisamment.
Un film de Milena Govich, Ruba Nadda, Eduardo Sánchez
Avec : Harriet Dyer, Paul Blackthorne, Justin Cornwell, Cindy Luna