The Dinosaur Project
Plus une production fauchée sympathique qu'une purge complète, The Dinosaur Project sera surtout une occasion pour le comité de défense des navets à dinosaures de sortir ses pancartes.
Qui a dit que le film de dinosaures était mort ? Les deux suites à Jurassic Park en deçà — pourtant très appréciées de votre humble serviteur — des attentes ? Ou la tentative de reboot/sequel Jurassic World, véritable déminage au box-office, mais flingué par-ci par-là par la critique ? Non, impossible, inconcevable. Rien n’atteindra la candeur de ces êtres surdimensionnés, pas même le moyen Dinosaur Project qui, malgré son manque de bons arguments, parvient à charmer un cinéphile, paléontologue de cœur, vouant un culte d’émerveillement à ces reptiles géants.
Maintenant que les fleurs ont été jetées, on peut se pencher sur ce Dinosaur Project nous contant les mésaventures d’une équipe de tournage qui s’enfonce de plus en plus profondément dans une jungle hostile. Troisième spoiler, après le titre et l’affiche, ils vont faire la rencontre inopinée de créatures s’apparentant à ces titans disparus. Un scénario simple et suffisant qui sera même étayé par quelques rebondissements, pas toujours adroits, mais au moins louables.
Car non, il n’est pas spécialement nécessaire d’ajouter beaucoup de densité à ce pitch efficace et prometteur. De toute façon, c’est l’apparition des monstres du jurassique qui nous fait languir. À ce sujet, le bestiaire de The Dinosaur Project se montre peu généreux — sans être complètement avare — car, seulement quatre espèces différentes nous seront présentées, avec des effets spéciaux plutôt acceptables. L’utilisation de la caméra à l’épaule propre au found footage aide à camoufler des CGI un peu fragiles comme on se serait fait la remarque pour l’excellent Troll Hunter d’André Øvredal, également derrière la caméra de l’intriguant The Jane Doe Identity. Et tant qu’on parle de found footage sur cette thématique, citons le Extinction d’Adam Spinks, assez moyen également avec pour autre point commun un budget dérisoire.
Durant le visionnage, on se surprendra même à rire des comportements nanardesques des personnages avec une palme pour ce perchman fonçant vers l’ennemi – un essaim de ptérosaures, rien que ça — avec pour seule munition, vous l’aurez deviné, sa perche télescopique. Le suicide de cet homme armé de son symbole phallique cacherait-il un propos féministe sous-jacent ? Ou est-il la victime sacrifiée sur l’hôtel d’une équipe de scénaristes bourrés ?
Que retenir par conséquent de ce Dinosaur Project ? Si ce n’est le fait qu’il ne s’agit là l’une des meilleures productions développant ce sujet en dehors de la franchise Jurassic Park. C’est pour dire à quel point la concurrence est rude depuis les années 2000. Revoyez donc la classique de Spielberg et ses suites, faites un détour par The Lost World, La Vallée de Gwangi ou une autre ancienne bobine et revenez vers cette petite série B maladroite si votre soif de dinos n’est pas encore étanchée, car elle mérité bien plus votre bienveillance qu’une analyse meurtrière de trois pages dans les Cahiers du cinéma. Au pire, ce sera un amuse-bouche pour s’échauffer les yeux avant le dernier long de Juan Antonio Bayona, à savoir Jurassic World: Fallen Kingdom.
Un film de Sid Bennett, Tom Pridham
Avec : Natasha Loring, Matt Kane, Peter Brooke, Richard Dillane