Penance
Depuis Saw et Hostel, le torture-porn s’est largement démocratisé avec quelques sympathiques surprises (The collector, Grotesque…), mais également pas mal d’étrons imbuvables (Scar 3D, Broken…). En parallèle de cette évolution chaotique, le faux documentaire semble avoir suivi la même courbe avec une baisse qualitative encore plus flagrante. Aussi, le mélange des genres peut parfois redonner un second souffle aux concepts les plus éculés. Si l’aspect amateuriste de l’un peut très facilement se conjuguer au côté scabreux de l’autre, le pari n’est pas forcément gagné d’avance. Il faut une bonne dose de rythme et de réalisme pour que la sauce prenne. Est-ce le cas avec cette pellicule qui reste toujours inédite dans l’hexagone ? On commence par s'amuser... Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette rencontre n’est pas une première. Deux ans auparavant, l’on avait droit au malsain The poughkeepsie tapes, bobine angoissante et plutôt bien fichue qui, elle également, n’est jamais sortie en France. L’illusion entre fiction et réalité fonctionnait correctement tout en proposant son lot de tortures physiques et psychologiques. À l’instar du slasher, il est vrai que l’on n’exige pas une histoire fouillée et surprenante, mais efficace dans et dérangeante. Pour son second long-métrage, Jake Kennedy tente de jouer sur le fameux argument commercial « Inspired by true events ». On finit attachée sur le lit... On pourrait espérer que le côté torture-porn rattrape l’ensemble, mais là également, on demeure au stade des poncifs avec une intrigue linéaire et redondante au possible. Penance pioche çà et là des idées aux références du genre (l’hôpital psychiatrique évoque clairement Hostel) tout en édulcorant les sévices. Une mise en place trop longue dont la tension grimpe crescendo, à engranger une certaine attente, pour déboucher finalement sur quelques décharges de taser, des coups de fouet. Seul le dénouement propose une séance d’émasculation dont vous ne verrez rien et une opération à vif dans le même ton : dérangeant dans le fond, mais peu explicite sur le plan visuel. Pour conclure sur la table d'opérations... Et ce n’est pas la présence les guest-stars qui parsèment le métrage qui changera la donne. Entre le caméo de Tony Todd, le rôle de cabotin de Michael Rooker ou un Jason Connery plus que transparent, on est clairement dans une optique d’attirer le chaland sans jamais contenter ses attentes. À cela, les interprétations s’avèrent monolithiques (mention spéciale à Graham McTavish) et les strip-teaseuses ne brillent que par leur plastique et leurs danses langoureuses. Seule Marieh Delfino se démarque un tant soit peu de cette médiocrité ambiante avec une palette d’émotions plus larges. Il s’en dégage une impression d’amateurisme pénible à constater pour ces têtes connues.
Un film de Jake Kennedy
Avec : Marieh Delfino, Graham McTavish, Jason Connery, Michael Rooker