Ghost in the shell - Stand alone complex : Le rieur
Réalisé un an après la sortie d'Innocence, ce long-métrage intitulé « Le rieur » n'est pas la suite directe de Second Gig, mais bel et bien un montage de la première saison résumé en l'espace de 2 h 40. La première crainte réside dans l'éventuelle édulcoration de l'intrigue au détriment de la compréhension générale. Certes, on l'avait vu précédemment, Stand alone complex est loin de disposer d'un scénario aussi alambiqué et fouillé que ses homologues du grand écran. Qui plus est, on est droit de s'interroger sur la nécessité de ce film. Alors exploitation commerciale outrancière ou habile (re)découverte de l'histoire du rieur ?
Gardez le sourire ! La fin est proche !
Force est de constater que cette démarche se révèle similaire au segment Death & Rebirth du non moins mythique Evangelion. L'on se souvient d'un condensé maladroit, indigeste et surtout incompréhensible pour le néophyte, tandis que le fan absolu de l'anime ne pouvait que pester devant cet ersatz bâclé d'Evangelion. De prime abord, on serait tenté de ranger Le rieur dans la même catégorie. À savoir, un métrage parfaitement inutile à l'intrigue simplifiée au possible. Un argument appuyé par le souvenir d'une première saison percluse de défauts en tout genre.
En tête de liste, la série pâtissait d'un scénario rudimentaire au vu de l'univers cyberpunk immersifs des longs-métrages. Point d'interrogations métaphysiques à l'horizon ou de réflexions philosophiques sur le devenir de notre société, sa nature et le rapport de l'homme à la machine. Pas de grandes surprises puisque Le rieur reprend la même trame. Ainsi, l'on retrouve les lignes principales de l'affaire du rieur tout en enlevant les passages un peu longuets, voire inutiles. Contre toute attente, le montage est loin d'être indigeste. Il se révèle tendu et parfaitement maîtrisé.
Le Major perdrait-elle la main (ou le bras) ?
Si vous connaissez Stand alone complex, vous ne serez pas dépaysé et apprécierez quelques rares scènes inédites en suppléments. On notera également les enquêtes annexes supprimées pour ne laisser place qu'au fil rouge de l'intrigue. Un choix logique. Pour les nouveaux venus, Le rieur se veut une bonne alternative à la série pour ceux qui souhaiteraient découvrir Ghost in the shell en un minimum de temps, quitte à laisser de côté les films de Mamoru Oshii (tout de même indispensable pour avoir une idée du potentiel de cet univers) pour se concentrer sur la charpente principale qui compose le manga.
Au niveau de l'animation, de la caractérisation des personnages ou des détails concernant l'intrigue et la semi-déception qu'elle engendre, je vous invite à lire ma critique de Stand alone complex. Les constats sont identiques en tout point et ils seraient donc inutiles d'en faire un bête copier-coller. Pour en faire un résumé rapide, il faut savoir que l'on est clairement en deçà des qualités intrinsèques des films de Mamoru Oshii. Entre autres, une technique suffisante, mais pas bluffante et surtout un récit simpliste et plutôt frustrant. Pour le reste, la caractérisation des personnages est respectée.
Si peu de temps et tant de livres à lire.
Bref, ce qui prévalait pour la première saison de Stand alone complex l'est également pour Le rieur tant au niveau des qualités et des défauts. Il en ressort un long-métrage habilement monté qui parvient à condenser près de dix heures de programmes en à peine deux heures trente. Le rieur n’est pas vraiment indispensable, mais il évite un opportunisme mal placé en rendant l'intrigue compréhensible et accessible pour ceux qui souhaitent le découvrir et ne se sentent pas le courage d'engranger 10 heures de programme.
Un film de Kenji Kamiyama
Avec : Atsuko Tanaka, Akio Ôtsuka, Kôichi Yamadera, Osamu Saka