Terreur dans l'Arctique
Quand on s’attaque au survival animalier, on peut choisir de créer sa propre bestiole, de reprendre un animal existant ou une espèce disparue. Parfois, l’amalgame de ces éléments donne lieu à quelques aberrations tant biologiques que cinématographiques. Aussi, le fait de se cantonner à une ligne directrice plutôt claire relève déjà de l’exploit. Cela sans compter les multiples obstacles qui se dressent devant les limites d’un genre qui ont tôt fait de le décrédibiliser depuis maintes années. Un cadre inattendu et un traitement un tant soit peu sérieux ne peuvent qu’aider à fournir un métrage prévisible et néanmoins correct. Enfin, presque...
Cours toujours, tu m'intéresses...
Grand habitué des productions de seconde zone, Terry Ingram a réalisé par le passé quelques navets pour SyFy dont le pathétique Phantom Racer. Au vu du niveau, on peut donc craindre le pire pour ce Ice Road Terror dont l’appellation résonne comme un mauvais tour de manège qui vire à la catastrophe. Et, en un sens, on ne peut l’infirmer. Si le pitch initial prête à sourire, l’entame vue du point de vue des routiers n’est pas forcément déplaisante. Le fait de mettre sur le devant de la scène ces convois de l’extrême a le mérite de sortir du cadre de simples reality-show. D’ailleurs, une partie de l’intrigue use de cette contrainte avant et pendant les attaques de la bête pour mieux justifier le propos.
Il y a bien quelques aberrations, comme l’épaisseur de la glace du lac, mais l’ensemble se laisse suivre sans déplaisir dans un environnement à l’hostilité toute naturelle. Le bât blesse autre part. À commencer par l’origine de la bestiole. D’une part, un lézard préhistorique qui surgit d’une mine diamantifère après une explosion a de quoi amuser. D’autre part, les scénaristes auraient dû se renseigner à minima avant de baptiser leur créature «Prédateur X».Ce pliosaure, qui ferait passer le grand requin blanc pour une crevette, est en réalité un animal aquatique. Au-delà des problèmes purement pratiques, comme la physionomie ou la taille, le cadre ne correspond absolument pas.
Un face-à-face sanglant !
Dès lors, on tente de rattraper le coup avec une légende locale qui, au lieu d’atténuer la bêtise initiale, l’aggrave. À la rigueur, le reptile évoque un dragon de Komodo version XXL, la peau pixellisée et les mouvements raides en sus. Car il faut bien reconnaître que SyFy excelle en monstres mal digitalisés. Et ce n’est pas la succession de lieux qui change grand-chose à la débâcle. Néanmoins, un modeste effort a été fourni pour ne pas se cantonner à un cadre unique. Le site de la mine, le lac glacé, le chalet au cœur de la forêt montagneuse... Pourtant, cette variété appréciable n’est guère mise en valeur. Les scénaristes ayant préféré se concentrer sur les nombreuses absurdités qui en découlent.
Là encore, les aptitudes du lézard sont contradictoires et farfelues. Outre le simple fait qu’il semble se téléporter à des endroits opportuns, il révèle une force exceptionnelle pour venir à bout d’une maison, mais pas d’un amas de palettes. Quant à sa plongée en apnée sous le lac, elle trahit une fois de plus le traitement négligé dont il a pâti. Toutefois, la décision de se cantonner à une seule créature (si improbable soit-elle) et à une progression linéaire atténue à minima la médiocrité de l’ensemble. La part humoristique au ras des pâquerettes est également moins prépondérante qu’à l’accoutumée, ce qui limite les dégâts dans une certaine mesure.
Sur la glace ensoleillée...
Au final, Ice Road Terror est un survival animalier plus que dispensable. Malgré quelques idées qui resteront au stade des intentions, il en découle un mauvais film qui fait peu de cas de la véritable nature de son monstre. Si cela n’est pas forcément le propos, un minimum de réalisme aurait pu amoindrir la somme des incohérences et autres stupidités que l’on peut relever çà et là. Les sorties de route sont nombreuses et certaines situations tiennent plus du gag que d’un danger imminent. À ce titre, la fuite de la mine et le saut entre deux camions sont aussi saugrenus qu’improbables. Exception faite d’une ambiance un peu plus timorée que d’habitude, l’ensemble n’en demeure pas moins une pénible odyssée sauvage dans le Grand Nord.
Un film de Terry Ingram
Avec : Brea Grant, Dylan Neal, Ty Olsson, Malcolm Stewart