Super Shark
S’il est quelques occurrences notables dans le domaine du survival animalier, le film de requins-tueurs est surtout prétexte à une débauche de médiocrité et d’imbécillités en tout genre. Inutile de citer quelques effroyables exemples tout droit sortis des limbes d’Asylum ou SyFy. Le (trop) prolifique Fred Olen Ray, grand amateur de jeunes donzelles dénudées devant l’éternel, s’essaye à un exercice auquel il semble rompu. À savoir, une production fauchée, dont l’unique ambition est de ramasser un maximum de bénéfices en un minimum de temps, quitte à sacrifier sur l’autel du mercantilisme le bon goût, à défaut de bon sens.
Une romance au clair de Lune qui tourne court
Et pourtant, au vu des dix premières minutes, on aurait pu être enclin à être indulgent. Non pas par le comportement complètement fou du requin qui se prend pour un gobie marcheur, mais plutôt par le dynamisme de l’ensemble. C’est bien simple, la progression se déroule à un rythme effréné, jouant sur les confrontations avec l’animal et usant du fameux flashforward pour revenir en arrière. À défaut d’un film convaincant, cette entame laissait espérer un divertissement énergique, même si l’intérêt frôle le néant dans les intentions. C’était sans compter les errances d’une histoire où les conversations dignes d’un soap-opéra prennent le pas sur la traque du requin en question.
Il faut s’infliger des échanges déplorables où les personnages s’amusent à répéter les dires de leur interlocuteur pour que celui-ci les contredise aussitôt. D’emblée, on sent le non-sens qui découle de chaque parole. À titre d’exemple, le magnat du pétrole pollue l’eau après qu’il ait pollué l’air. Sauf que l’on observe un site industriel qui rejette des émanations toxiques dans l’atmosphère et non l’inverse! Bref, cela peut prêter à sourire dans une certaine mesure, mais l’on s’agace rapidement de séquences qui n’apportent strictement rien à ce que l’on peut considérer comme l’histoire. L’allusion à Alerte à Malibu est grotesque et se contente de corps soigneusement taillés et engoncés dans des maillots de bain rouges.
Alerte à la connerie !
L’enquête sur le naufrage de la plate-forme pétrolière est également sans consistance. On invente un organisme d’État purement fictif. Puis l’on fait un amalgame entre une pseudo-croisade écolo et des recherches biologiques, le tout saupoudré d’une vengeance familiale de bas étage. Dans ce magma informe, les protagonistes s’empêtrent dans l’ennui et la bêtise. L’ennui de situations redondantes qui prêtent à peu de conséquences. La bêtise des propos proférés et de leurs comportements respectifs. Bizarrement, l’ensemble reste assez timoré dans son traitement. Le comique involontaire tient surtout à l’aspect fauché des trucages, de l’interprétation et des doublages.
Il n’est donc pas question de retrouver une atmosphère délirante à la Mega Shark ou Mega Piranha. S’il véhicule moult clichés, Super Shark ne se prive pas de s’attarder sur les formes généreuses de ses actrices, a fortiori en tenue légère. Quant au requin, il est, pour une fois, tout aussi moche que sur l’affiche. Certes, on peut saluer l’effort de ne pas nous fournir une bestiole hybride à trois francs six sous. L’intégration n’est pas non plus immonde. Toutefois, les animations du squale font peine à contempler, tout comme ses sauts de cabris sur les plages ou dans les airs. Non seulement cela n’a aucun sens, mais c’est totalement incohérent et riche en faux raccords.
On ne bouge plus et on sourit à pleines dents...
Au final, Super Shark est un survival animalier qui repompe les ignominies de ces prédécesseurs pour les régurgiter sous une forme tout aussi grossière. Malgré un début emballé qui ne tergiverse guère, le soufflé retombe rapidement afin de fournir un produit stéréotypé pour une obscure diffusion télévisée en seconde partie de soirée. On peut simplement remercier le réalisateur d’avoir écourté ce pénible moment cinématographique au bout de 80 minutes. Une durée nettement suffisante au vu des digressions et autres passages absurdes qui se succèdent sans discontinuer dans la nullité la plus infâme. Nullement surprenant dans son idiotie latente, un film qui s’avance plutôt comme une navrante incursion en matière de sharksploitation.
Un film de Fred Olen Ray
Avec : John Schneider, Sarah Lieving, Tim Abell, Jimmie Walker