Jurassic World : Fallen Kingdom
Jamais un film n’aurait aussi bien porté son nom : ce Jurassic World 2 incarne parfaitement la chute du mythe de cette série devenue culte dans le temps. Si tout n’est pas mauvais, de nombreuses faiblesses viennent malheureusement plomber l’enthousiasme du fan de la première heure.
Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire...
Ce Jurassic World 2 ravira surtout les plus jeunes à cause de la faiblesse de son scénario. Paradoxalement, son ambiance volontairement plus sombre et angoissante que le premier Jurassic World n’est probablement pas la plus adaptée à ce public. S’il y a bien une volonté d’aborder des thèmes intéressants comme la sauvegarde des espèces face à l’extinction ou encore le clonage, Juan Antonio Bayona, le réalisateur de l’excellent Penny Dreadful (2014), n’a pas été jusqu’au bout de ses idées et c’est bien dommage.
Tout avait pourtant bien commencé avec une introduction plutôt démente et spectaculaire (encore plus en Imax 3d). Le film se divise ensuite en deux parties. La première sur Isla Nubar où l’on assiste à un apocalypse movie tandis que la seconde qui déplace les créatures dans un manoir où l’on retrouve une ambiance beaucoup plus horrifique, sombre et anxiogène.
Si les effets spéciaux sont magistraux, avec des dinosaures qui n’ont jamais été aussi beaux et détaillés ainsi que des paysages (sur l’île) et des décors (manoir) d’une qualité rarement vue, le problème réside dans la fébrilité extrême du scénario et le manque de profondeur criant de la majorité des personnages. Le fil conducteur n’est pas crédible, et ce dès les premiers instants du film. Les émotions s’évaporent donc très rapidement et on enchaîne des séquences sans autre intérêt que de voir apparaître ces créatures du passé qui fascinent toujours autant. Où est passée la magie de Spielberg ou du début du premier Jurassic World?
(SPOIL ALERT) Dès le départ, La mission de sauvetage de la race des dinosaures n’est pas vraiment crédible. On a du mal à croire que l’équipe de choc va accomplir sa mission. Ensuite, sans tous les citer, mettons en exergue le manque de profondeur de la vente aux enchères avec des prix ridicules (des dinosaures à 10 millions de dollars alors qu’un joueur de foot lambda en vaut minimum le double, c’est une blague?) ou encore la stupidité du grand père qui laisse les rennes de son projet d’une vie à un imbécile obnubilé par l’argent (qu’on nous rende John Hammond svp).
Sans parler de la conclusion de l’histoire à laquelle l’on ne croit pas un seul instant. Comment l’humanité pourrait-elle être changée à jamais par la libération des dinosaures alors que les plus dangereux d’entre eux sont maîtrisés facilement par un mercenaire armé d’un fusil à fléchettes tranquillisantes. D’autant plus que celui-ci n’arrive pas à la cheville de Rambo…
(SPOIL ALERT) Au final, malgré le fait que l’action soit soutenue du début à la fin et que le film soit malgré tout assez bien cadencé, on s’ennuie assez vite. Pourquoi? Car tout est très… trop prévisible. Et c’est vraiment dommage car de nombreux plans-séquences sont vraiment de qualité. On ne remet pas en cause le talent de Juan Antonio Bayona pour faire monter l’angoisse jusqu’à son paroxysme mais on sent qu’il a voulu faire un film pas trop compliqué qui convient à tous et il perd beaucoup de son crédit et de profondeur dans cette approche. A-t-il eu les mains aussi libres qu’à l’accoutumée? On est en droit de se le demander. Il joue donc la carte de l’humour régulièrement mais les moments les plus drôles restent encore une fois les quelques clins d’œils faits aux opus précédents…
(SPOIL ALERT) Mais le plus triste, c’est que certaines idées auraient vraiment pu être excellentes si l’on avait pris le temps de les approfondir. Cette petite fille intrigante et son histoire avait tout pour apporter la dimension poétique et intellectuelle qui manque cruellement à ce blockbuster mis en boite pour vendre des peluches de Blue (le superbe vélociraptor du film). Mais ça, ce n’est pas neuf, les ventes de produits dérivés ont toujours cartonné et ça ne risque pas de changer…
Je conseille malgré tout aux fans de se risquer à aller voir ce film au cinéma (de préférence sur un grand écran Imax ou en 4DX, vu que l’intérêt réside uniquement dans l’imagerie déployée durant les 2h05 de projection).
Mais dites-vous bien que vous allez plus assister à un Expendables ou Rambo avec des dinosaures qu’à l’apothéose d’une série culte lancée il y a 20 ans sous la houlette de Steven Spielberg!
Au final, ce film plaira probablement aux plus jeunes. Son attrait diminuera néanmoins assez vite si l’on accorde un minimum d’importance à la trame scénaristique.
Ma note pour Jurassic World: Fallen Kingdom: 2.5/5 (et uniquement car les effets spéciaux sont superbes et que certaines séquences valent malgré tout le détour)
Un avis de Douglas.BXL
Un film de J.A. Bayona
Avec : Bryce Dallas Howard, Chris Pratt, James Cromwell, Jeff Goldblum