Summer Shark Attack
Hormis quelques exceptions notables telles que 47 Meters Down ou Instinct de survie, faire un film de requins actuellement relève du suicide artistique. Les étrons d’Asylum, SyFy et consorts ne se sont pas contentés de miner le survival animalier par le fond. Ils l’ont tourné en ridicule, rivalisant de stupidités et d’idioties en tout genre. Le constat est si déplorable que l’on peut s’étonner de trouver encore des squales qui appartiennent à une espèce réelle. Entre des poissons coincés dans une tornade, des hybrides à moitié pieuvre et des «choses» à plusieurs têtes, force est de reconnaître que les grands requins blancs et autres trublions des mers sont passés de mode.
Dans quelle galère me suis-je fourrée ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’idée saugrenue de placer des requins dans un lac ou tout autre plan d’eau douce n’est pas une aberration inédite. Griff Furst s’était entiché du «concept» avec Killer Shark, production bis de sinistre mémoire. Dès lors, on pourrait taxer le présent métrage d’opportuniste. Pour autant, on dénote une petite subtilité qui tend à rendre le massacre un peu plus vraisemblable qu’à l’accoutumée. En effet, il s’agit de requins-bouledogues. Les seuls squales capables de survivre dans un tel biotope. Malheureusement, ce n’est pas pour autant que l’on aura droit à un traitement sérieux, à tout le moins dénué des habituelles scories du genre.
Du camping géré par un survivaliste en herbe aux ados décérébrés, sans oublier l’incrédulité des autorités, on se heurte aux clichés de circonstances pour mener cahin-caha sa barque à travers des séquences d’une bêtise consommée. Si l’on peut apprécier des irruptions assez fréquentes de la part de nos amis les requins, les intermèdes sont d’une vacuité peu commune. Des échanges stériles, une interprétation à côté de la plaque, des comportements contradictoires... L’alternance des points de vue et le cheminement dissemblable des différents intervenants rendent la trame répétitive, informe et pénible. Pire que cela, la menace latente n’est guère de la partie.
Pour une fois qu'un requin fait des étincelles...
Chaque attaque succède à la vue d’un aileron en carton (ou en plastique). Le ridicule atteint des sommets quand les squales passent et repassent à proximité des plaisanciers lors des festivités finales. De même, les bestioles en question ont la fâcheuse tendance de bondir hors de l’eau pour picorer leurs hors-d’œuvre dégoulinants d’hormones. On ignore par quel procédé magique, mais les victimes les plus exposées sont souvent celles qui seront épargnées. On songe à la greluche sur une branche d’arbre à moitié noyée ou ses consœurs sur le ponton flottant qui plonge dans l’eau les unes après les autres. Pour peu, on serait presque davantage en danger sur la terre ferme!
En ce qui concerne les attaques en elles-mêmes, on sombre littéralement dans le grotesque, notamment avec la grand-mère, le benêt de service ou le MacGyver de pacotilles. À ce titre, l’arsenal pour en découdre s’avère aussi hétéroclite qu’improbable. On songe au double sabre, à la très grosse «Betty», le piège à ours ou le trident scotché. Quant aux requins, on use et abuse de stock-shots sous-marins présentant, de temps à autre, de véritables squales. Le tout, sous couvert d’un filtre immonde pour laisser penser à une eau saumâtre. En revanche, dès qu’ils pointent la gueule à la surface, on a droit aux sempiternelles images de synthèse mal fagotées où les animations sont plus raides qu’une planche.
Instant requin festif !
Au final, Summer Shark Attack ne relève pas le niveau d’un genre dont la crédibilité est désormais quasi nulle. Plus ou moins assumés, les effets comiques sont nombreux. Ceux-ci rendent l’entreprise absurde et cocasse, dans le mauvais sens du terme. Entre des mises à mort loufoques et des méthodes de défense également impayables, on frôle le statut de comédie potache de bas étage. Malgré le changement de cadre et des requins «normaux», le film de Misty Talley se complaît dans la médiocrité par des moyens fauchés et une réalisation aussi plate que la surface du lac. Plus navrante qu’ennuyeuse, une énième incursion dénuée d’intérêt et de qualités.
Un film de Misty Talley
Avec : Laura Cayouette, Dave Davis, Allisyn Ashley Arm, Michael Papajohn