Poseidon Rex
Quand on parle dinosaures au cinéma, on songe inévitablement à Jurassic Park et Le monde perdu d’Arthur Conan Doyle. Le reste appartient au domaine du bis ou de l’anecdotique selon l’importance des reptiles à l’écran. En cela, d’autres productions notables évoquant des dinos les relayent sur le plan secondaire, comme King Kong ou Voyage au centre de la Terre. Mais l’on a surtout vu surgir nombre de navets depuis Carnosaur jusqu’à Age of Dinosaurs. Aussi, avec Poseidon Rex avons-nous droit à une nouvelle espèce surgie des profondeurs des océans: le T-Rex aquatique ou plutôt le P-Rex (prononcé comme la marque de verre!), encore appelé Poseidon Rex. Tout un programme en perspective pour la traque de cette erreur de la nature exhumée de la préhistoire.
Ce soir, un documentaire sur les abysses du cinéma bis...
Une fois de plus, l’argument tient sur un timbre-poste. Une plongée d’exploration tourne court et libère un monstre marin émergeant d’on ne sait où. Dès lors, le bestiau s’attelle à semer la terreur (et la bêtise) dans les eaux cristallines des Caraïbes. En cela, l’intrigue n’a rien de bien probant à offrir. Elle s’emmêle les pinceaux dans des pseudo-explications scientifiques rapidement occultées par l’absurdité omnipotente de la chose. Entre une chasse au trésor, une traque à la bestiole gigantesque et les frasques des divers protagonistes, l’inspiration n’est clairement pas de mise. En soit, ce n’est guère surprenant, même si un semblant de cohérence aurait pu venir agrémenter cette aberration scénaristique.
Poseidon Rex se paye le luxe de pomper deux scènes cultes du film de Spielberg. L’une à bord d’un 4x4 où notre joyeuse bande est poursuivie. L’autre dans le laboratoire face à un œuf de dino. Mais le côté navrant de l’histoire ne se pare même pas d’une ambiance fun qui assume la débilité de son pitch. On a vraiment l’impression d’avoir un produit relativement sérieux qui se fourvoie dans une médiocrité explicite. En l’occurrence, la fantastique interprétation du casting soutenue par des trucages sensationnels... Malgré la courte durée du métrage et une progression qui multiplie les péripéties en terre, comme en mer, les frasques de cette bande d’idiots finis s’avèrent laborieuses et guère entraînantes.
Un télespectateur pour le moins perplexe !
On ne sait jamais où se trouve le P-Rex, ni comment il privilégie ces terrains d’attaque. De plus, il ne semble guère influencer le comportement des personnages principaux ou secondaires. Ceux-ci demeurent étrangement indifférents à sa présence, même suggestive. Il faut le voir surgir des profondeurs ou se balader tranquillement dans les rues du village pour que la débandade survienne. Et pourtant, l’on revient à une constante linéarité propre à remettre les compteurs à zéro sitôt le dino marin disparu. Cela procure une ambiance très curieuse où la vacuité environnante est évocatrice d’artifices en cartons et en images de synthèse mal dégrossies.
Contrairement aux incrustations calamiteuses, le design du P-Rex n’est pas abominable. Il se pare des caractéristiques d’un T-Rex classique affublé d’attributs marins pour évoluer plus facilement dans l’eau. Et là, on tient un non-sens encore jamais vu, même dans ce genre de productions. Le reptile est capable de nager, d’être relativement redoutable dans ses déplacements et ses assauts. Pourtant, à certains moments, il surgit de l’eau et avance vers ses proies en... marchant! On reconnaît bien les mouvements comme s’il n’y avait pas de fonds alors que l’on se retrouve au large des côtes. Cela procure un rendu très étonnant, pour ne pas dire cocasse.
De quelle espèce s'agit-il ?
Point de plésiosaure, de prédateur X ou de mésosaure pour dépeindre la terrible créature qui hante les bas-fonds de Poseidon Rex. Ici, cette production au rabais nous dessert un cousin éloigné et imaginaire du T-Rex. Il en ressort une histoire aberrante qui se distingue par son nombre de tares et autres débilités en tout genre. Entre des effets spéciaux qui ont pris l’eau (littéralement), des acteurs en fin de course, une intrigue sans queue ni tête et un déroulement proprement pénible, rien ne permet de sauver le film de Mark Lester. Ce lot conséquent et non exhaustif que se traîne son métrage est malheureusement indissociable d’une approche mercantile qui exploite honteusement le survival animalier. À oublier.
Un film de Mark L. Lester
Avec : Anne McDaniels, Brian Krause, Candice Nunes, Berne Velasquez