Les Portes du Temps
Une belle affiche, un pitch très excitant, un trailer qui donne fichtrement envie de voir le film et pour finir, le toujours excellent Christopher Eccleston en grand méchant, bref tous les ingrédients étaient réunis pour obtenir un grand film. C'est donc avec confiance et impatience que l'on aborde cette adaptation du roman de Susan Cooper mais après 1h30 il nous faut malheureusement déchanter. Pourquoi? C'est ce que cette modeste critique va tenter de vous expliquer.
Ne cours pas, je suis ton ami!
La légende raconte que depuis la nuit des temps, des guerriers immortels appelés les Grands Anciens, protègent le monde de l'emprise des Ténèbres. Le jeune Will découvre qu'il est le dernier de cette longue lignée et qu'il a une mission à accomplir : lui seul a en effet le pouvoir de voyager dans le temps pour y retrouver des Signes de Lumière. Mais face à lui se dresse le Cavalier Noir, serviteur des ténèbres, qui entend bien imposer sa domination au monde. Le jeune garçon n'a que 5 jours pour parcourir le temps à la recherche des Signes...
Le Cavalier faut pas lui baver sur les rouleaux...
Il me faut tout d'abord préciser que je n'ai pas lu le roman original et que je ne peux donc pas dire si les errements du scénario y étaient déjà présents. En effet, l'histoire est bourrée d'ellipses énervantes et est d'une simplicité ainsi que d'une facilité déconcertantes (les voyages dans le temps sont expédiés en deux minutes chacun). Alors que l'on s'attend à une longue quête difficile et éprouvante pour le héros, la recherche des signes s'avère tellement simple que l'on se demande bien pourquoi les autres personnages sont incapables de le faire eux-mêmes puisqu'ils savent quels sont les indices pour les trouver. Cela parait un peu stupide.
Mais en général les personnages secondaires ne servent à rien et n'en foutent pas une durant tout le métrage: les Anciens, censés aider le héros, passent leur temps à ne rien faire et les rares fois qu'ils passent à l'action c'est pour se faire laminer en deux secondes (véridique!) tandis que les méchants (au nombre de deux!) ne font rien pour entraver la quête de Will. Le cavalier noir passe son temps à sermonner son sous-fifre qui ne tente rien pour atteindre son but alors que tout serait réglé s'il éliminait simplement le garçon. Ce n'est qu'à quinze minutes de la fin que le cavalier passera enfin lui-même à l'action et nous gratifiera au passage des meilleures séquences du film.
Concernant ces dernières, les effets spéciaux sont heureusement d'excellentes factures et les idées ne manquent pas avec une mention spéciale aux corbeaux qui se transforment en vague d'eau.
Tu sais mon petit, va falloir te démerder tout seul...
Certaines scènes sont très bien pensées comme la découverte du signe dans l'église au beau milieu d'une messe ou les stalactites dans la maison mais elles sont expédiées en deux temps trois mouvements, comme tout le reste. C'est bien dommage car quelques moments épiques n'auraient pas fait de tort dans cette succession de lieux communs. Les acteurs ne sont pas mauvais mais en-dehors du héros omniprésent ils sont honteusement sous-exploités. Le meilleur exemple est Christopher Eccleston, excellent en cavalier et lorsqu'il se déguise en docteur suave, mais qu'on ne voit que beaucoup trop peu au final tout comme la plupart des personnages secondaires qui ne sont pas intéressants pour un sou car sous-développé.
Le héros quant à lui est par moment très inexpressif et amorphe, ce qui s'avère parfois énervant lorsque la scène aurait demandé plus d'émotion ou un peu plus d'énergie. Heureusement que la réalisation, malgré un abus de ralentis, parvient tout de même à nous offrir quelques (trop rares) séquences de toute beauté car la plupart du temps et malgré plusieurs idées très sympas, l'ensemble dégage un sentiment de banalité et de baclage des plus désagréable.
Elle ne sert à rien mais est très agréable à regarder. Alors...
Pourquoi ne pas avoir pas développé beaucoup plus les situations et les personnages? Est-ce par manque de budget? De temps? D'envie? Bref, tout ceci concourt à nous donner un petit film sans envergure qui aurait pu (dû?) être un très bon film mais qui ne vous offrira finalement qu'une légère détente pendant 1h30 alors qu'il y avait largement matière à obtenir un grand spectacle. Un beau gâchis quand on songe au potentiel de départ.
Geoffrey Claustriaux
Un film de David L. Cunningham
Avec : Christopher Eccleston, Ian McShane, Jonathan Jackson, Gregory Smith