Lake Placid : The Final Chapter
Aux abords de Lake Placid, une classe, un shérif et son acolyte, ainsi que des braconniers sont amenés à se rencontrer sur les berges inhospitalières du lac où ils vont avoir maille à partir avec les crocodiles géants du coin.
La saga Lake Placid a bien mal vieilli au fil de ces dernières années. Depuis le premier volet, la franchise n'a cessé de sombrer dans les affres de la médiocrité, pardon, de la débilité profonde. Une suite pathétique et un troisième épisode encore pire, SyFy ne se démonte pas pour autant avec ce quatrième "outrage au bon goût" signé Don Michael Paul (Mission Alcatraz, Le jardin du mal...). Étant donné la trajectoire catastrophique empruntée et la volonté des producteurs à nous fournir des DTV mal fichu et vite expédié avec un minimum de moyens, inutile de dire que ce « Chapitre final » (on l'espère) sera loin de conclure sur une note positive.
Attention à ne pas perdre du silicone pour l'instant bronzette nocturne !
Hormis le premier opus sympathique, les deux précédents films s'octroyaient les poncifs du survival animalier sans faire étalage de quelconques nouveautés, à tout le moins les ressortir d'une manière honorable. Dans le cas présent, on est exactement dans le même cas de figure. Autrement dit, le scénario est aux abonnés absents. On se retrouve aux abords de Lake placid où un enclos cerne le lac et empêche nos bons vieux crocodiles géants de croquer du touriste décérébré ou des locaux inconscients. On a l'impression d'avoir ouvert un Jurassic Park du pauvre, l'ambition et les moyens en moins.
Une seule espèce, un terrain peu propice à son épanouissement et une faune absente (exception faite d'un dindon perdu) sont le lot de ce parc animalier en gestation. Heureusement, le voyage est gratuit, tout comme l'entrée. Il suffit d'un chauffeur de bus pervers dénué du sens de l'orientation, d'employés qui ne ferment pas les portes derrière eux et le tour est joué. Dans ce joyeux foutoir, on ne distingue aucun intérêt à cette suite, si ce n'est la stupidité des personnages.
Il a de la gueule ce croco.
Nous avons donc notre bande d'ados en chaleur prête à se faire bouffer, des braconniers qui veulent faire fortune en vendant des ½ufs (ou des omelettes, c'est selon), un nouveau shérif tente de faire respecter l'ordre (mais est incapable de se faire obéir de sa fille) et secondée par un piètre... solitaire ? On porte tellement d'attention aux protagonistes que l'on ne se souvient ni des noms, ni de ce qu'ils font. Bien entendu, pour attirer le pauvre quidam, on ajoute une figure prestigieuse au casting : Robert Englund, en très petite forme dans un rôle caricatural au possible.
Pourtant, ce sympathique tableau se révélera drôle bien malgré eux. Outre le jeu des acteurs catastrophiques (Yancy Butler est-elle du métier ?), ce sont leurs réactions et leurs répliques qui vont tourner le film en une vaste blague. La panique se lit sur leurs visages autant qu'une injonction à comparaître sur les tentacules d'un poulpe. On court dans tous les sens sans trop savoir quel chemin emprunter, on s'engueule, on prend des décisions débiles... Un ramassis de conneries qui atteint son summum avec la séquence où le prof se trouve dans la gueule d'un des crocos et le jeune idiot qui tient le fusil ne tire pas parce qu'il a peur de le blesser ! Il faut oser, tout de même.
« J'ai peur de le blesser ! ».
Certes, l'histoire anémique a au moins le mérite de multiplier les interventions des crocodiles pour éviter de s'ennuyer. Ça croque à tout-va, mais les effets spéciaux ne font pas passer la pilule. D'une qualité équivalente au précédent opus, les reptiles sont modélisés avec les pieds, claquent de la mâchoire comme s'ils étaient en manque de caféine et s'incrustent dans l'image comme une mouche dans votre bol de soupe. C'est moche et mal foutu. N'oublions pas les habituelles gerbes de sang numériques qui achèvent le vain espoir de trouver un produit potable.
Si besoin est, Lake placid 4 confirme que la franchise ferait mieux de s'arrêter plutôt que de multiplier des films ineptes, sans envergure et surtout d'une stupidité profonde. Entre une histoire qui ne vaut même pas la peine qu'on la résume (inexistante et néanmoins bordélique), des interprètes qui ne possèdent que le nom, des trucages dignes des prémices des images de synthèse (mais quand vont-ils évoluer ?), le survival animalier est décidément bien malmené avec ce genre de sous-merde bon marché. L'on réutilise les mêmes ficelles foireuses sans autre préoccupation de gagner un peu d'argent avec un minimum d'investissement (tant financier, qu'humain). Qui a dit que le recyclage était toujours bon ?
Un film de Don Michael Paul
Avec : Robert Englund, Yancy Butler, Zara Dimitrova, Daniel Black