L'attaque du requin à cinq têtes
Aussi improbable que cela puisse paraître, L’attaque du requin à deux têtes, production méphitique s’il en est, semble avoir lancé une franchise inutile et idiote. À l’instar de Sharknado, cette coproduction SyFy/Asylum massacre le survival animalier dans les grandes largeurs. La bêtise du concept associé à des moyens (budgétaires et mentaux) restreints suffit à fournir des métrages d’une nullité sans fond. Avec ce troisième volet, on pourrait croire qu’il n’y a plus de place pour accueillir davantage de têtes voraces que le corps de l’animal puisse le supporter. La suite logique voudrait que l’on dispose de quatre et non de cinq appendices hideux. Les scénaristes préférèrent-ils sauter une étape ou ne savent-ils tout simplement pas compter au-delà de trois?
Une brochettes de six idiots pour un squale à quatre têtes : sacré équation !
En réalité, le titre et l’affiche sont mensongers, du moins pendant les trois quarts du film. Pour ceux et celles qui se demandent où est passé notre squale à quatre têtes, ledit requin est finalement présent dès le départ de la débâcle. Exception faite de la bêtise crasse du casting, il sera l’unique prédateur à l’écran. La tromperie sur la marchandise vise à l’affubler d’une cinquième tête sur sa nageoire. De quoi faire se retourner Darwin dans sa tombe... Bien que cette aberration anatomique puisse faire couler beaucoup d’encre sur la teneur du système digestif de l’animal, on ne s’attardera pas sur l’impossibilité biologique d’une pareille imbécillité.
Aligner les têtes les unes à côté des autres était suffisamment absurde, il faut croire que les initiateurs d’une telle chose ont essayé de prendre le problème à l’envers. Littéralement! Toujours est-il que cette cinquième tête se contente des restes que ses homologues veuillent bien lui laisser dans leur sillage. L’ensemble est suffisamment pathétique comme cela, le quatuor principal n’est jamais exploité à bon escient. Il n’y a pas quatre fois plus de victimes. Les démembrements sont sporadiques et moins nombreux que les faux raccords pour expédier à la va-vite chaque attaque. Le requin mord son encas avant que celui-ci touche l’eau au plan suivant. Un procédé récurrent qui ne peut être la seule faute d’un montage ignoble.
Et voilà le prof de maths...
Les trucages, eux, sont similaires au précédent opus. À savoir, des plans aquatiques potables, mais utilisés plusieurs fois pour tenter de rentabiliser au maximum l’investissement. Il ne manquait plus que des stocks-shots bas de gamme pour compléter le tableau! Les assauts du requin en dehors de son environnement naturel sont plus aléatoires. Outre une peau caoutchouteuse du plus mauvais effet, la raideur de ses mouvements fait peine à contempler. Quant aux morsures, les mâchoires claquent à tour de rôle sur des pixels de chair mal dégrossis. Bref, c’est fauché, mal fichu et sans réalisme aucun pour essayer de dédouaner l’existence même de cette espèce sortit d’une imagination dérangée.
En ce qui concerne l’intrigue, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, on se contente d’effectuer des allers-retours en mer pour tenter de le capturer. Chaque excursion étant synonyme d’une ou de plusieurs victimes. L’équipe de chercheurs se montre plus stupide que les apparences puisqu’ils signent et persistent dans leur bêtise. Dès lors, l’histoire suit un cycle redondant où l’on prend un bateau pour traquer et, éventuellement, tuer la bestiole au bon vouloir des courants marins. Les dégâts collatéraux sont minimes et ne possèdent aucune justification. On retrouve également la maladresse d’un message pseudo-écologique sur la pollution des océans qui n’interpellera personne en de telles circonstances.
Qui veut jouer les appâts ?
Au final, L’attaque du requin à 5 têtes est le digne héritier d’étrons cinématographiques. Repoussant les limites d’un concept absurde et impossible, la première réalisation de Nico de Leon ne peut pas se targuer d’être divertissante tant le ton donné reste au premier degré. N’en déplaise à l’ignoble character design du requin, la vacuité des dialogues et la répétitivité des séquences finissent par lasser et agacer le spectateur. Même le principe des 5 têtes n’est pas maîtrisé. Le métrage préfère se focaliser sur une accroche trompeuse et peu scrupuleuse pour décontenancer le public encore un peu plus. Un survival animalier dont l’inutilité prévaut sur son ambiance complètement décérébrée.
Un film de Nico De Leon
Avec : Chris Bruno, Lindsay Sawyer, Nikki Howard, Chris Costanzo