Voir la fiche complète du film : Killing Ground (Damien Power - 2016)

Killing Ground - Critique

Avec un scénario qui tient sur une page A4 et un propos glaçant, cette production australienne mérité le coup d’œil. Elle ne raconte cependant pas grand-chose de plus que ce qui a déjà été dit.

Publié le 25 Février 2018 par Kinema
Voir la fiche de Killing Ground
6

« Et si on allait camper ? » Quelle drôle d’idée ! Presque aussi bonne que de se séparer pour aller voir d’où provient ce « bruit bizarre ». À ce sujet, Killing Ground, première réalisation de Damien Power, nous rappelle quelque chose que l’on savait déjà : à la maison, devant sa TV, on est bien.

Un jeune couple décide de passer la nuit du Nouvel An en tente. Inhabituel, on est d’accord, mais c’est vrai que l’endroit — une petite plage bordant un lac d’eau douce — a beaucoup de charme et surtout, les voisins ne sont pas bruyants. Car oui, il y a une autre tente non loin de là et toute la question va être de savoir ce qui est arrivé aux anciens occupants.

En témoigne le paysage horrifique actuel, le surnaturel séduit le public moderne en exploitant, la plupart du temps, notre peur de l’inconnu, de ce qui nous dépasse, de ce que l’on ne maîtrise pas. En revanche, Killing Ground se livre à un exercice plus délicat, à savoir foutre les miquettes, ou du moins créer le malaise, en révélant les facettes les plus noires de la personnalité humaine. On assiste donc à une violence glaciale et complètement désinvolte nous acculant au mur et nous poussant à nous questionner sur notre rapport à celle-ci. Alors qu’on félicite nos héros de blockbuster de massacrer leurs assaillants par centaines, d’autres œuvres nous font redescendre sur terre en nous secouant les tripes grâce aux actes immoraux capturés dans la bobine.

Finalement, a-t-on réellement peur ? On ne craint pas, bien sûr, la venue d’un croque-mitaine hors de la nuit, mais le frisson lié au réalisme des scènes est, quant à lui, bien réel, et ce, sans jamais tomber dans une distribution abusive d’hémoglobine. Le générique de fin arrive et, avec lui, le rappel qu’il ne s’agit là que de fiction, car Killing Ground a réussi à nous le faire oublier à l’instar d’autres productions du genre comme le Green Room de Jeremy Saulnier (Murder Party, Blue Ruin), La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven (Le Sous-sol de la peur, Scream) ou évidemment le sublime Eden Lake de James Watkins (La Dame en noir). Avec une approche transgressive et la volonté louable de bousculer son spectateur, le film est, par contre, loin de faire du zèle en termes d’écriture. Si l’effet coup-de-poing ressenti s’avère efficace, il n’en reste pas moins un cache-misère d’un scénario un peu pauvre pour ne pas dire paresseux.

L’empathie envers les victimes est immédiate, car on parvient facilement à s’identifier à elles, de par leur simplicité et leurs réactions emplies d’humanité, avec leurs moments de bravoures comme de faiblesses. Inversement, les antagonistes manquent de profondeur et leurs motivations restent parfois obscures, en dehors du prestige de se comporter comme de bons gros enfoirés. Cette avarice en explications est peut-être aussi volontaire pour nous rappeler certaines raclures de ce monde qui, elles non plus, ne prennent pas souvent la peine de se justifier. La frontière entre le cinéma et la réalité est parfois mince.

Brutal, sans concessions envers ses personnages comme envers son public, ce petit budget mérite de l’intérêt et son visionnage est recommandé aux amateurs avertis. Il ne dépasse cependant pas le niveau de divertissement « sympathique, sans plus… » compte tenu de son scénario trop léger non compensé par son propos pourtant poignant. Le cinéphile endurci n’y verra rien de nouveau sous le soleil.

Voir le film sur E-Cinema.com

Autres critiques

L'emprise des ténèbres

L'emprise des ténèbres

La réputation de Wes Craven s’est forgée au cours des années 1970 et 1980, notamment grâce à La colline a des yeux , mais surtout avec Les griffes de la nuit . Entre temps, le réalisateur propose également des téléfilms plus ou moins anecdotiques, comme Invitation en enfer et L’été de la peur . Aussi, on ne peut que saluer ses efforts pour avoir transcendé le genre horrifique sur...
Aux Yeux des Vivants

Aux Yeux des Vivants

Passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en salle à cause d’une distribution restreinte, Aux Yeux des Vivants est le troisième long-métrage du duo de réalisateurs formé par Alexandre Bustillo et Julien Maury. Après deux premiers essais réussis et originaux, A l’intérieur (2007) et Livide (2011), dans lesquels les cinéastes imposaient leurs styles avec talent, respectivement à...
A Christmas horror story

A Christmas horror story

Quand Noël approche, les rues s’illuminent, les chaumières se remplissent de cadeaux plus ou moins utiles et quelques métrages tendent à raviver l’esprit de Noël par le biais d’histoires niaises et/ou larmoyantes. Enfin presque, puisque le genre horrifique ne déroge pas à la règle et nous offre son lot d’atrocités qui se déroulent pendant les fêtes de fin d’année. Dans cette veine, la dernière...
Ghost in the shell - Stand alone complex

Ghost in the shell - Stand alone complex

En 2030, la section 9 est chargée des missions les plus dangereuses et de contrecarrer le cyberterrorisme pour veiller à la sécurité et au bien-être de la société. Toutefois, l'émergence d'un pirate informatique surnommé le Rieur risque de leur compliquer considérablement la tâche. Est-il besoin de présenter le manga culte de Masamune Shirow qui a donné naissance à deux longs-métrages qui...
Destination Finale 4

Destination Finale 4

Attention, cette critique s'appuye sur une vision en 2D du film, le cinéma préféré de votre serviteur n'ayant pas les installations nécessaires pour une projection 3D. Décevant. Tout simplement décevant. Ce nouveau volet de la saga des Destination Finale n'avait d'autre prétention que de divertir le public mais malgré celà, il fait au final assez pâle figure par rapport à ses...