Iron Sky
Avant même d'être sorti, Iron Sky s'était déjà payé un beau petit buzz sur le net. Pour deux raisons : d'une part, son idée de base propice à toutes les audaces faisait délirer les amateurs, et d'autre part, à cause de sa production chaotique, ses auteurs ont dû faire appel aux dons des internautes pour finaliser le tout.
Quand on sait que le projet Iron Sky est né en 2006, en Finlande, mais que sa production n'a réellement débuté qu'en 2008 grâce à sa présentation au Festival de Cannes, on mesure toute l'étendue du chemin de croix qu'ont dû affronter le réalisateur Timo Vuorensola et son équipe.
Mais voilà, ça y est, en ce début d'année 2013 Iron Sky a enfin débarqué sur nos écrans. Pour le meilleur ou pour le pire ? Les avis sont partagés. Personnellement, j'ai adoré. C'est aussi simple que cela.
Rencontre du troisième Reich...
Depuis 70 ans, ils nous observent. Dans l'ombre de la face cachée de la lune, les Nazis se préparent à l'attaque finale, prévue pour 2018...
Avec un pitch pareil, la moindre faute de goût aurait pu faire basculer l'entreprise directement dans les tréfonds du direct-to-dvd où se cotoyent tant de nanars ridicules. Mais il n'en est rien. Tout n'est pas parfait, bien entendu, mais le film présente tant de qualité et se veut tellement généreux qu'on ne peut que lui faire grâce de ses quelques approximations.
Car, franchement, dans le marasme formaté de la production cinématographique actuelle, Iron Sky fait souffler un vent de fraicheur bienvenu et soutient sans aucun problème la comparaison avec d'autres long-métrages SF possédant des budgets très nettement supérieurs.
La lune, tu peux faire une croix dessus...
Esthétiquement, le film a vraiment de la gueule, et on sent que les auteurs se sont creusés la tête pour créer un univers doté d'une évolution technologique crédible. En résulte une esthétique rétro-futuriste très travaillée et impressionnante. Bases lunaires, costumes, vaisseaux spatiaux (raaaaah, ces zeppelins interstellaires...), rien ne dénote dans l'aspect esthétique d'Iron Sky. C'est d'autant plus remarquable que, je le répète, les effets spéciaux sont dignes d'un blockbuster américain malgré un budget restreint (on parle de 7,5 millions d'euros), et ce jusque dans son final qui n'a absolument pas à rougir de la comparaison avec d'autres Space Opéra.
Notons quelques réminissences de Star Wreck : In the Pirkinning durant cette bataille spatiale finale. Normal, puisqu'il s'agit des mêmes auteurs.
Ils reviennent. Et ils ne sont toujours pas contents.
Évidemment, le long-métrage de Timo Vuorensola n'est pas à prendre au sérieux, loin de là! Avec un synopsis basé sur un hypothétique quatrième Reich dans l'espace, il faut laisser son esprit carthésien de côté pour apprécier pleinement le spectacle. Tout est d'ailleurs mis en oeuvre pour nous rappeler que ceci n'est qu'une farce, par exemple en évitant soigneusement de tomber dans le politiquement incorrect. Ainsi, il n'est jamais fait mention de l'holocauste ou des aspects les plus noirs des desseins nazis. Ces derniers ne sont d'ailleurs que des abrutis militaires de base, guignolesques et peu dangereux.
Cela dit, Iron Sky sait se montrer intelligent dans son humour (avec notamment tout un pan du scénario basé sur Le dictacteur de Charlie Chaplin, ce qui reste l'une des meilleures idées du film).
On notera également des dialogues savoureusement référentiels, comme l'invention de « l'Uber transmetteur Systématique Bilatérale » par un vieux savant fou, qu'il abrège par « USB », ou encore la scène dans laquelle deux gardes feuilletant un magazine pour adultes indiquent très justement : « Quand elles ont des poils, ça fait penser à la moustache de notre Führer bien-aimé !»
Mais pour être honnête, si l'ingrédient humoristique est bien présent, on assiste surtout à une aventure menée tambour battant, soutenue par un scénario bien construit, et peuplé de personnages hauts en couleurs.
L'inventeur de l'USB et son ordinateur à la pointe de la technologie
Le long-métrage de Timo Vuorensola est donc une série B franchement sympathique, mais un peu trop propre sur elle et un poil trop politiquement correct. Il manque ce petit grain de folie qui l'aurait propulsé au rang de chef-d'oeuvre incontestable.
Mais bon, ne faisons pas la fine bouche. Malgré ces réserves, Iron Sky reste un film comme on n'en voit que trop rarement. Malheureusement.