Godzilla Vs Kong
Avec son histoire crétine et ses personnages ineptes, Godzilla Vs Kong s’avance comme un blockbuster hollywoodien lisse et sans grand intérêt. Montage maladroit, raccourcis narratifs grossiers, scènes d’action mal chorégraphiées, progression sans l’once d’une surprise… La saga du MonsterVerse s’empêtre dans la complaisance d’un traitement paresseux qui délaisse la mythologie initiée en amont du projet. Un film qui laisse indifférent, même dans sa débauche d’effets spéciaux.
Avec deux premiers métrages convaincants, le MonsterVerse proposait des blockbusters de qualité. Dépeignant une ambiance crépusculaire sous deux angles différents, Godzilla et Kong – Skull Island amorçait une mythologie bien pensée autour des titans. Par la suite, Godzilla 2 – Roi des monstres a entrepris un sabotage en règle des efforts consentis jusqu’alors. Il en ressortait un film sans âme, au scénario anémique et aux personnages inconsistants. Censé être le point culminant de la franchise, Godzilla Vs Kong semble tout aussi « subtil » que son prédécesseur. De même, leur confrontation n’a rien d’inédit étant donné que les deux monstres se sont déjà rencontrés voilà près de 60 ans pour King Kong contre Godzilla.
Une rencontre du cinquième type ?
Il ne suffit pas pourtant d’inverser l’ordre de leur patronyme pour changer radicalement la donne. Car si la teneur d’un tel métrage ne laisse guère planer le doute, Adam Wingard, responsable des médiocres Blair Witch et Death Note, appréhende le projet sous l’angle du grand public. Il n’y a qu’à contempler la scène d’ouverture où Kong vaque à ses occupations matinales sur fond de musique bucolique pour s’en convaincre. De même, le générique qui s’ensuit correspond à une mauvaise blague qui évoque l’annonce d’un match de boxe où les deux favoris engrangent les points et les victoires. Le procédé demeure grossier, presque infantilisant avec leur « fiche de scores ».
Au sortir de cette première approche douteuse, la tonalité s’inscrit donc dans la continuité du film de Michael Dougherty. Le scénario s’avance comme un prétexte fallacieux pour enchaîner les séquences sans cohérence ni intérêt. On aurait pu apprécier l’incursion inattendue de ce voyage au centre de la Terre si celui-ci ne se parait pas d’approximations pénibles et autres raccourcis scientifiques faciles. Malgré quelques panoramas inspirés qui mettent à mal points de repère et gravité, le concept fait office de remplissage au lieu d’insuffler une atmosphère singulière, sinon immersive pour découvrir l’envers de notre planète.
Petit apéritif dinatoire au centre de la Terre...
Malgré des effets spéciaux très propres, le choc des titans ne se produit pas vraiment. La confrontation demeure décevante à plus d’un titre. Toujours à la manière d’un combat organisé, l’affrontement entre Kong et Godzilla s’échelonne sur deux rounds avec deux environnements : maritime et terrestre. Si l’on distingue un potentiel dans l’exploitation des lieux, il faut néanmoins se contenter de mouvements patauds pour prôner la destruction massive à outrance. Certes, cela demeure l’objet de toutes les attentions en de telles circonstances. Cependant, on n’éprouve plus cette sensation de démesure.
Sans doute est-ce dû à cette mise en scène bancale ou à la « banalisation » de la taille des titans, toujours est-il que le concept perd de sa superbe et ne se montre plus autant impressionnant qu’auparavant. De même, le déroulement est prévisible au possible. Suivant un schéma narratif éculé qui rappelle d’autres crossovers, comme Batman Vs Superman, il est aisé de deviner le dénouement. Indigent au possible, le scénario en oublie même de développer la mythologie initial ou l’écosystème évoqué jusqu’alors. On notera que les humains sont toujours aussi transparents. Mention spéciale à Millie Bobby Brown dont le personnage remporte la palme de l’inutilité et de l’agacement.
Ça doit être pratique pour voir la nuit !
Au final, Godzilla Vs Kong enterre définitivement le MonsterVerse dans la catégorie des blockbusters lourds et patauds. Là où les deux premiers volets offraient une véritable résonnance aux thématiques avancées, les deux suivants se sont lancés dans une course à la surenchère abrutissante pour contenter un très large public avec un minimum d’efforts. Une appréciation similaire à ce que l’on avait pu constater avec Pacific Rim Uprising. On regrettera également un bestiaire qui manque de variété et demeure mal amenée dans les séquences concernées. Ajoutons à cela une ambiance légère et un humour basique que ne renieraient par certains teen-movies. On obtient alors un produit stéréotypé, vide de sens, pas même capable de fournir un divertissement à minima cohérent, à défaut de se montrer vraisemblable.
Un film de Adam Wingard
Avec : Millie Bobby Brown, Kyle Chandler, Zhang Ziyi, Demián Bichir