Horror story
Une ghost-Story sans âme qui, en dépit de son ambiance soignée, n’effraie guère. Un manque de surprise flagrant auquel s’invite une réalisation épique improbable pour ridiculiser l’aventure. Classique et surfait pour un résultat médiocre et dispensable.
Avec les hôpitaux psychiatriques, les hôtels sont sans doute les endroits les plus propices pour la manifestation de phénomènes paranormaux. Sûrement est-ce dû au passage incessant d’individus disparates dont les lieux sont victimes. Toujours que le cadre n’est pas endémique à l’Occident. Des productions asiatiques (The Quiet Family, The Victim, Réincarnation...) se sont également accaparées la thématique avec plus ou moins de brio. En l’occurrence, Horror Story est un long-métrage indien, tout droit sorti des studios de Bollywood. Derrière un titre paresseux et une affiche saugrenue (un spectre faisant de la balançoire dans un hôtel?) se cache un film incapable de s’affranchir des conventions.
Le service laisse à désirer...
On connaît le cinéma oriental et extrême-oriental particulièrement versé dans les histoires de fantômes. Sur la base d’un folklore encore prégnant, les réalisateurs concernés n’ont pas leur pareil pour instaurer une ambiance glauque ou malsaine. Bien sûr, les jeux de lumière et les endroits choisis y contribuent grandement. Il demeure cependant une aura particulière qu’on ne retrouve pas dans le cinéma américain ou européen. Il est vrai que sur ce point, Horror Story exploite plutôt bien le lieu abandonné. Entre désolation, désordre et crasse, l’hôtel qui part à vau-l’eau offre un terrain de jeu qui cadre parfaitement avec une exploration urbaine teintée de surnaturel.
Les espaces vastes, comme le hall d’accueil, succèdent à des passages plus exigus, comme des corridors, des chambres ou des pièces dissimulées. Entre obscurité et lumière tamisée, l’ambiance se veut convaincante. Malheureusement, il s’agit du seul point notable qui se démarque du film. Car si l’on apprécie la réalisation pour sa mise en abîme des lieux, son côté épique et grandiloquent ne convient guère à un tel exercice. Le positionnement des acteurs, les ralentis, sans oublier le cadrage... Tout contribue à dépeindre de manière extravertie et pompeuse un sujet qui n’en demandait pas tant. D’ailleurs, on use et abuse de chœurs pour préparer le spectateur à une scène clef ou à une entrée en matière sensationnelle.
Sadako, sort de cette télévision !
Avec une bande-son qui s’épanouit hors de son contexte, le résultat se veut plus ridicule que percutant. Un constat qui se vérifie surtout quand les bruitages sont annonciateurs d’une apparition spectrale. Après une entame assez timorée, les scare-jumps surgissent en pagaille dans tous les sens. Claquement de portes, reflets glauques, renvois d’objets, télévision qui ne s’éteint pas... Le clou du spectacle provient de l’âme errante qui hante l’hôtel. Son faciès hideux est relativement convaincant, mais l’on sursaute surtout lorsqu’elle vocifère. L’effet étant précédé d’un lourd silence destiné à accentuer le subterfuge. Assez agaçant quand on devine les moments où le fantôme intervient.
Côté intrigue, ça reste très surfait. Bien que l’on découvre le passé des lieux avec parcimonie, on a constamment l’impression d’avoir déjà vu certains artifices narratifs dans d’autres films. On songe notamment à Dark Floors, Terror Hospital ou Kingdom Come. La justification de la hantise et la progression arpentent des chemins trop connus pour convaincre ou surprendre. Pour ne rien arranger, le comportement versatile et stupide des personnages achève l’entreprise de se complaire dans une certaine médiocrité. Les sempiternelles séparations en plusieurs groupes, la caractérisation ampoulée ou encore le cabotinage des acteurs. Ces défauts et poncifs ternissent considérablement le travail effectué sur l’ambiance.
Don't disturb !
Au final, Horror Story est une ghost-story terriblement conventionnelle. Malgré une atmosphère soutenue et une bonne exploitation du cadre, on se heurte à un essai poussif, souvent maladroit. Avec un traitement du paranormal plus spectaculaire que psychologique, le film d’Ayush Raina souffre de sa propension à vouloir trop en faire. Affublé d’une bande-son absurde et de personnages agaçants, Horror Story s’empêtre dans la facilité sans ménager la moindre surprise ou appréhension. La froideur que le métrage dégage trahit un cruel manque d’identité. En plus d’une approche complaisante du genre, les allusions à d’autres productions sont davantage pillées que référentielles.
Un film de Ayush Raina
Avec : Aparna Bajpai, Ravish Desai, Karan Kundra, Nandini Vaid