Black Christmas
Le Black Christmas de Bob Clark est considéré par les spécialistes, contrairement à une croyance populaire répandue qui veut que ce soit le Halloween de Carpenter, comme le père fondateur du slasher (avec la Baie Sanglante). Il faut dire que tous les futurs ingrédients de ce sous-genre mal-aimé s'y trouvaient déjà et ce, deux ans avant que le Michael Myers de Big John débarque sur les écrans. Vue subjective, meurtres à la chaîne, tueur fantomatique et adolescentes écervelées étaient déjà au menu du film de Bob Clark.
Dans ce cas, pourquoi ce film a-t-il si peu marqué la mémoire collective alors que les exactions du tueur d'Halloween allaient s'inscrire en gras au panthéon du cinéma d'horreur ? La réponse est simple : Black Christmas est moins bon que ses rejetons.
Attention, greluches en perdition...
Evidemment, il faut replacer le tout dans le contexte de l'époque et on ne peut légitimement pas lui reprocher son manque de sang et ses meurtres peu graphiques. Néanmoins, son déroulement assez lent malgré une ambiance très réussie et la frustration que peuvent engendrer l'anonymat du tueur (on ne voit que ses mains ou son oeil) ainsi que tout le mystère l'entourant (Quelles sont ses motivations profondes ? Qui est cette fameuse Agnès ?) lui sont dommageables. D'autant que Black Christmas ayant l'inconvénient d'être un précurseur oublié et depuis surpassé, le découvrir sur le tard lui est forcément fatal.
Pour une fois, un remake pouvait donc se justifier.
Un souci m'dame?
L'histoire est simple : les jeunes femmes d'une confrérie reçoivent des coups de téléphone le soir de noël et commencent à disparaître.
Simple et efficace, une trame basique de slasher, mais puisqu'elle suit l'histoire originale, on ne peut pas critiquer ce point, d'autant plus que les scénaristes Glen Morgan et Roy Moore ont eu la bonne idée d'expliciter ce qui était resté en suspend dans le métrage de Bob Clark. On apprendra ainsi qui est Billy l'assassin, pourquoi il tue et qui est la fameuse Agnès. Appréciable, surtout que les origines de Billy sont bien malsaines et que son look jaunâtre est original. Un bon point à ce niveau.
On pourra par contre reprocher au scénario quelques énormes aberrations scénaristiques : par exemple, pourquoi les jeunes femmes reviennent-elles toujours dans la maison au lieu de se réfugier chez les voisins ? Bon, il neige dehors, mais de là à préférer affronter un psychopathe meurtrier plutôt que quelques flocons, il y a de quoi rester perplexe. Mais bon, comme précisé plus haut, la trame générale ne fait que reprendre l'original.
Ce bon vieux sac plastique, toujours efficace...
La réalisation assurée par Glen Morgan (scénariste du premier et troisième volet des Destination Finale) est de très bonne facture malgré le manque d'expérience effectif du bonhomme. Ce n'est en effet que son deuxième (et à ce jour dernier) film en tant que réalisateur principal, le premier étant le remake de Willard. Il faut pourtant reconnaître qu'il s'en sort très bien avec des séquences gores bien troussées et des meurtres violents. Cet aspect du film est la principale différence avec la version de 1974 car dans cette dernière, les meurtres étaient bien moins graphiques, mais l'ambiance était oppressante. Dans sa version de 2006, Black Christmas perd donc en atmosphère ce qu'il gagne en violence graphique. C'est un choix en adéquation avec la vague des torture porn qui sévissait à l'époque (Saw et Hostel étaient sortis respectivement en 2004 et 2005) et qui ne fera pas que des heureux, mais pour ma part, cette série d'énucléations, de décapitations et d'étouffements m'a beaucoup plu.
Du coté des acteurs, on notera que l'actrice Andrea Martin, qui interprétait le rôle de Phyllis dans l'original, fait une apparition clin d'oeil en jouant le rôle de Madame Mac dans ce remake. Pour le reste, tout le monde est impeccable. On regrettera juste un coté adolescents sortis de Beverly Hills un peu trop prononcé, mais les jeunes gens jouent juste, de même que Robert Mann qui incarne Billy de manière tout à fait effrayante.
Billy et son léger problème de peau...
Bref, Black Christmas s'avère un slasher très recommandable qui n'a pas à rougir de son statu de remake puisqu'il surpasse son modèle dans bon nombre de domaines. Dommage qu'il perde en ambiance ce qu'il gagne en hémoglobine. L'idéal aurait été mix des deux, mais bon...
Un film de Glen Morgan
Avec : Katie Cassidy, Michelle Trachtenberg, Mary Elizabeth Winstead, Lacey Chabert