Voir la fiche complète du film : The Baby (Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett - 2014)

The Baby - Critique

Un faux documentaire chaotique et ennuyeux qui ne recèle aucune séquence marquante. Une histoire pré-apocalyptique mal maîtrisée. Laborieux et prévisible.

Publié le 14 Mai 2014 par Dante_1984
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Malgré des résultats plus que mitigés, le faux documentaire continue de faire des émules. Il faut reconnaître que l’on a davantage droit à des productions laborieuses aux qualités discutables (Area 407…) qu’à des bobines inquiétantes qui laissent planer le doute sur l’éventuelle véracité des faits avancés. Pourtant, le succès de certaines « grosses » sagas ne décourage pas pour autant les apprentis caméramans pour nous pondre des histoires que l’on a vues sous de bien meilleurs auspices. Possessions démoniaques, contaminations, zombies, attaques de bestioles à forte teneur en plastique ou en image de synthèse, virée dans l’espace… Le choix est vaste et s’étend avec The Baby, à la grossesse qui tourne mal via l’avènement de l’antéchrist.


En voilà un couple heureux !

Ce dernier thème rappelle le chef d’œuvre de Polanski, Rosemary's Baby, référence et modèle ultime dans le registre. Depuis, certains se sont essayés avec plus ou moins de talents au même exercice (Samantha’s child, Grace...) et, bientôt, l’adaptation éponyme de Rosemary's baby en série TV. Autrement dit, il paraissait inévitable de voir le sujet décliné sous forme de found footage. Avons-nous droit à un film opportuniste ou à un sympathique et éprouvant moment d’épouvante ? Les réalisateurs, responsables en partie du moyen (mais pas nullissime) VHS, tentent une incursion sur une histoire plus conséquente au niveau de la durée, mais la qualité et l’intérêt ne suivent pas forcément.

Comme tout bon (ou mauvais) faux documentaire qui se respecte, le scénario aura les plus grandes difficultés à imposer un rythme régulier. L’intrigue s’englue rapidement dans l’ennuyeux quotidien d’un jeune couple : mariage, sentiments mièvres, lune de miel… On ne nous épargne rien pour justifier la venue d’un (mal)heureux événement dans leur vie conjugale. Toutefois, le récit se ponctue de quelques rebondissements où les phénomènes inexpliqués se succèdent sans un réel impact sur le spectateur. Entre une trame narrative bancale et prévisible et une atmosphère qui ne sera jamais développée, The baby (toujours fantastique de traduire un titre anglais par un autre…) possède tous les atouts pour faire partie des mauvais found footage.


Oups, je suis enceinte...

Pour évaluer la qualité générale, on ne se basera pas uniquement sur le scénario. Cependant, au vu de la structure du métrage, on sera moins indulgent. Le montage s’avère pour le moins chaotique et laborieux. Il n’existe aucune cohérence entre les séquences et la justification de filmer les événements est tout aussi crédible que les ficelles usées de l’intrigue. D’ailleurs, le fait de vouloir conserver les moments importants et inutiles de leur vie tient tellement mal la route que l’on se sent obligé de disséminer des caméras de surveillance aux quatre coins de la demeure, d’offrir une petite digression avec un groupe de jeunes éberlués ou la gamine qui cherche le chien. En ce sens, l’introduction et le dénouement sur fond d’interrogatoire policier achèvent de saper l’entreprise ridicule.

On n’y croit pas une seule seconde et, pour ce type de métrage, on admettra que l’intérêt premier (entretenir le doute sur les événements) sombre dans les oubliettes. Certes, les trucages sont plutôt bien fichus et saisissants. Mais, encore une fois, les effets sont amoindris par une mise en scène convenue qui tente de s’approprier les codes du film d’épouvante sans jamais sortir des sentiers battus. Pour l’effroi, on repassera. Si vous escomptez trouver une ambiance glauque et paranoïaque digne de Polanski, c’est encore pire ! La secte satanique compte ses membres sur les doigts d’une main et se contente d’épier dans des positions figées les allées et venues du couple. On a du mal à sentir leur présence ou ressentir l’oppression qu’ils exercent sur Samantha.


Les joies d’une maternité sans histoire.

Protagonistes qui sont, au demeurant, peu attachants. Américains moyens (niveau intellectuel) aux revenus confortables et aux objectifs assez sommaires, Samantha et Zach ne suscitent nullement l’empathie. L’on se détache très rapidement de leur devenir, tout comme les rôles secondaires. Les comportements excessifs de la jeune femme, entre schizophrénie et possession, restent l’un des rares points qui méritent d’être soulignés pour rattraper un résultat médiocre au niveau de la caractérisation. Toutefois, les interprètes se montent suffisamment compétents pour faire illusion pendant 89 minutes.

Au final, The baby se voudrait ambitieux et angoissant sur le papier. Cependant, le mélange entre Paranormal activity (on touche à l’intégrité du foyer) et Rosemary’s baby se montre maladroit et prête à sourire. Ennuyeux, classique dans les sursauts qui tentent de nous surprendre vainement et passablement éculé dans les ficelles de l’intrigue, ce faux documentaire se contente des acquis de ses aînés sans jamais transcender le matériau de base. À l’instar de The devil inside, ce film ravira les novices en la matière ou les personnes facilement impressionnables, mais ne flouera pas les connaisseurs rompus au found footage. D'ailleurs, le dénouement laisse planer une question de taille, en conservant la possibilité d’une suite : les enfants sont-ils prédestinés ou choisis au hasard pour devenir les envoyés de Satan ?

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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