Dolan's Cadillac
Stephen King et le cinéma c'est une longue histoire d'amour, néanmoins pavée d'innombrables échecs. Pour quelques réussites (Shining, Misery, La Ligne Verte,...), combien de navets/nanards ont-ils été réalisés à partir des écrits du maître de l'horreur? Le problème, c'est que ses romans sont trop denses pour être bien retranscrits tandis que ses nouvelles sont souvent trop courtes pour tenir la longueur d'un film entier. Réussir à en tirer un long métrage de qualité relève donc de l'exploit.
De plus, la nouvelle "La Cadillac de Dolan", tirée du recueil "Rêves et Cauchemars", n'était certainement pas la plus simple à transposer. Pourtant, le quasi-inconnu Jeff Beesley s'en sort avec tous les honneurs et nous présente un film très regardable. Je dirais même plus, les fans du King (et les autres) sont chaudement invités à visionner Dolan's Cadillac.
Un "héros" bien mal en point...
Le pitch de départ est tout ce qu'il y a de plus simple et classique: Un instituteur entreprend de venger le meurtre de son épouse, tuée par un intouchable caïd de la pègre de Las Vegas... Mais sur cette base simpliste, Stephen King avait su construire une histoire très prenante et machiavélique car la vengeance de Robinson ne va pas se dérouler comme on pouvait s'y attendre. Pour le film, le scénariste Richard Dooling est parvenu à garder la substance de l'histoire mais aussi à l'agrémenter et à l'étoffer de manière très intéressante. Ainsi, on en apprendra plus sur Dolan lui-même et sur la relation qu'avait Robinson avec sa femme. Le tout s'intègre parfaitement bien au récit originel et ne tombe jamais dans le piège du remplissage comme c'est souvent le cas avec les adaptations de nouvelles. Du bon boulot à ce niveau.
Charmante et gracieuse, avant de finir en barbecue...
La réalisation de Jeff Beesley est de qualité, ce qui ne gâche rien. Inspiré, le réalisateur parvient à rythmer son film du début à la fin sans jamais ennuyer le spectateur malgré une trame somme toute linéaire. On pourra juste lui reprocher un abus d'images superposées pour illustrer les sentiments de son "héros", mais à part ça il n'y a pas grand chose de négatif à dire sur la réalisation. Il faut dire aussi que devant la caméra, il y a d'excellents acteurs.
Si Wes Bentley est un peu mono-expressif dans son rôle de Robinson, il a face à lui un hallucinant Christian Slater en ordure de la pire espèce. Complètement déchainé, l'acteur se lâche pour incarner un Dolan frappadingue et nous offre une prestation de haute volée. A la fois cynique, charmeur et terrifiant, le personnage de Dolan est sans conteste plus réussi du film et c'est en grande partie à l'acteur qu'on le doit. Si on se réfère à ce qu'Hitchcock disait ("plus le méchant est réussi, meilleur est le film ") alors on peut considérer que Dolan's Cadillac est un film très réussi. Il convient aussi de signaler qu'aux cotés de Christian Slater, il y a Greg Bryk (Saw 5) qui interprète un garde du corps bien frappé du bulbe, peut-être encore plus que son patron. La charmante Emmanuelle Vaugier complète le casting et donne au film son indispensable touche féminine.
Les cinglés sont de sortie...
Bref, Dolan's Cadillac est à placer dans le haut du panier des adaptations de Stephen King et chose rare, il devrait toucher un public plus large que l'habituel grâce à son histoire moins fantastique/horreur qu'à l'accoutumée. De l'excellent boulot de la part de Jeff Beesley et son équipe. Mick Garris ferait bien de venir en prendre de la graine...
Un film de Jeff Beesley
Avec : Christian Slater, Emmanuelle Vaugier, Wes Bentley, Al Sapienza