Atomic Shark
Moins connue que ses confrères décérébrés de chez SyFy ou Asylum, la société de production Tomcat n’est pourtant pas avare en bobines méphitiques. Des métrages horrifiques montés avec trois bouts de ficelles et des idées au ras des pâquerettes. En de telles circonstances, il n’est guère étonnant qu’ils aient accouché d’un des pires films de requins jamais réalisés: Jurassic Shark. Aussi, un nouveau survival animalier mettant en vedettes des squales par les responsables de cette chose innommable a de quoi faire frémir. Et le pitch de départ n’est guère rassurant. C’est donc tout naturellement que l’on embarque pour une énième exploration au pays des navetons et autres absurdités cinématographiques.
Instant bronzette studieux ?
Et pourtant, les a priori ne sont pas forcément si terribles que cela. Enfin, pendant une petite partie du film. Après une brève exposition des faits, prétexte à la débandade qui s’annonce, on pourrait presque croire à une réelle implication de l’équipe. Les plages de San Diego ne sont pas pour déplaire. La trame, bien que dénuée d’intérêt et passablement farfelue, se veut posée et appliquée dans la mise en place des tenants. Rien que pour cela, on ne peut que s’étonner de cette qualité de façade qui, tel un vernis usé, s’écaille bien trop rapidement sur les errances du scénario et la propension du cinéaste à partir en roue libre à la moindre occasion.
Déjà responsable du crossover Lake Placid Vs Anaconda, A.B. Stone tente un amalgame improbable entre Alerte à Malibu et Les dents de la mer. Sauf que l’approche raisonnée de la première partie sombre dans le grand n’importe quoi. L’orientation à contre-courant d’un développement timoré et somme toute agréable vire à la comédie déjantée où l’humour bas du front se heurte à des scènes d’une bêtise effarante. L’émission de télé-réalité culinaire en présente tous les symptômes avec des spots et des jingles ridicules et un dénouement explosif tout droit sorti d’un mauvais cartoon. Dès lors, Atomic Shark se veut la poubelle du Pacifique où se déversent des délires plus ou moins assumés.
Acrobatie d'un requin de cirque guère apprivoisé !
N’oublions pas les incohérences qui rattrapent leur absence par un foisonnement de facéties et d’explications absurdes pour justifier un comportement particulier ou certaines séquences. Entre deux références plus ou moins flagrantes, l’ajout de bandes noires classieuses, la présence d’une musique épique et de ralentis dantesques (tout ceci à prendre sur le ton ironique), on a droit à quelques retournements de situation surréalistes. Un peu comme le ferait un Sharknado peu inspiré dans ses mauvais jours. Visiblement, la formule a ses adeptes et ses émules pour s’évertuer à faire des squales un objet d’amusement et non de terreur.
Concernant le requin originaire de Tchernobyl, tout va bien quand on ne voit qu’une fumée poisseuse et un aileron incandescent surgir de l’eau. Lorsque le sieur aquatique daigne s’inviter sur les plages ou à l’air libre, on a droit à une abomination qui ne ressemble que de loin au poisson que l’on connaît. À la rigueur, son faciès déformé est comparable au requin-lutin, le museau aplati en moins. Pour le reste, les attaques se déroulent majoritairement hors champ dans des cris qui se rapprochent plus du fou rire que de la détresse. Quant à sa dangerosité radioactive, ses victimes craignent plutôt ses mâchoires et son tempérament belliqueux. On notera aussi des incohérences concernant son côté atomique (et explosif) pas vraiment maîtrisé. On passe d’un pétard mouillé à une déflagration ravageuse.
Ça mouline sec sous l'eau !
Au final, Atomic Shark s’annonçait comme une purge et, l’espace d’un instant, nous fait croire à un survival animalier potable. On déchante bien vite quand le chauffard à l’origine du scénario s’encastre dans une impasse pseudo-comique. Dès lors, on revient à quelques débilités devenues (presque) incontournables lorsqu’on associe DTV et requins. Squales qui, au demeurant, laissent perplexes. Du raz-de-marée d’ailerons aux petits frères du grand méchant poisson, le concept de requin radioactif ne suscite qu’une curiosité passagère. En somme, une production qui se voulait correcte, mais sombre avec une rare facilité dans la crétinerie. Pas vraiment drôle, mais assurément pathétique.