L'Abîme des Morts-Vivants

Film pour les amateurs de Franco. C'est une commande, cela se voit, malgré des plans et une histoire un peu originale. Du bis moyen , mais j'ai vu d'autres franco bien meilleurs.

Avec "L'Abîme des mort-vivants", Jess Franco nous livre un film qui se casse méchament la gueule, un peu à l'image de sa dentition d'ailleur...une intrigue branlante servie par des acteurs qui s'en branlent, dans un rythme tout sauf effreiné ( ça s'étale comme de la guimauve sur une plaque de cuisson pendant une laborieuse heure même pas et demie...), ça sonne creux, c'est quasiment vide d'action...Pourtant ça possède un charme certain, que les plus tordus d'entre nous ne peuvent qu'admirer...le spectateur acquis à la cause nanardesque est comme happé par cette spirale du néant, ce tourbillon de viduité, cette abîme vertigineux et sans fond de médiocrité...dans ce vide quasiment cosmique, l'astronaute-spectateur, dans son vaisseau intersidéral estampillé nanard-space, au détour d'un trou noir, heurte quelques images magnifiques,telles des étoiles filantes, comme ce plan sur l'arrivée d'une horde de zombies en contre-jour au sommet d'une dune, ou bien ces décors somptueux dans la villa du cheik ( désolé, je sais pas comment ça s'écrit...chek? chekh? cheik? aidez moi! )...qui plus est, les zombies de Franco sont plutot bien foutus, et surtout bien dégeulasses, les yeux exhorbités, secs, et bouffés par les vers ( un peu à l'image de ceux de Fulci )...manque de bol, il vous faudra attendre une bonne heure pour apprécier pleinement leur saveur si délicatement rancie... Comme d'hab', c'est vraiment pas le genre de truc destiné à tout le monde, faut vraiment être dans un état d'esprit spécial pour avoir l'envie, ou même l'idée de regarder un truc commasse...à des années lumières des blockbusters zombiesques, des budgets confortables, ou du professionalisme bien lisse et bien propre sur lui...Le vieux Jess se pose là et nous balance à la figure une peloche de zombies (thème qu'il avoue ne pas aimer par ailleur...) comme une vieille paire de socquettes mitées dans un bac à linge sale...c'est ça qu'est bon pour votre égo!

Ouvrons ensemble la bobine de Jess Franco pour voir ce qu’elle renferme: des zooms audacieux, des croix de guerre d’occasions, d’authentiques vestiges nazis Made in China, une soupe de langue sous le soleil brûlant, des éclairages au lampadaire, une scène de guerre très fauchée, des explosions aussi spectaculaires que des pétards de papillotes, le rythme effréné d’un concours de belotte en maison de retraite, Abdul, une bande-son aux synthétiseurs dissonants, un souk, des pantalons taille haute, un doublage français en mal de synchronisation, des chameaux, des morts-vivants de train fantôme maquillés à la truelle, une coupe au bol, des dunes de sables, des yeux exorbités en plastique, des acteurs pas Bankable, des dialogues de sourd-muet, un perfecto, une chasse au trésor, des rires niais, deux tétons qui pointent, une nuit américaine, les sentinelles du grand secret, des filles aux shorts aussi courts que leurs idées, une chronologie aléatoire, des jerricanes d’essence, le jour qui se lève quand la nuit tombe et vice-versa, une torche, des effets spéciaux très spéciaux, une paire de santiags et une fin. Alors si ce bric-à-brac ne faisait pas un bon film, ce serait à n’y rien comprendre!

Si vous avez du mal à dormir en ce moment,ce vous fera dormir sans problème. Pour les 80 min (qui sont très longues) il y a 5-8 min d'action à par ça c'est que du blabla inutile. moi qui n'aime pas trop Jess Franco à cause de ses gouts (il haie les film de zombie surtout les Goerge Romero)de son caractère et de ses films (assez nazes d'habitude). A fuir comme la peste.

Autrefois, j'étais un grand amateur de films de zombies. J'en ai vu plusieurs, américains ou européens, bons budgets ou piètres budgets. «L'Oasis des Zombies» est aussi pas bon que «Le Jardin des Morts» ou «Le Lac des Morts-Vivants». Un Z gargantuesque. L'histoire patauge dans le yaourt sans pouvoir sans sortir et, ce qui est triste, entraîne le spectateur dedans. Les maquillages sont moches tout comme le sont les acteurs. En 83, ça devait être quelque chose, mais pourtant on regarde «Evil Dead» de nos jours et il est toujours aussi culte. La seule chose que j'ai vraiment trouvé intéressante du film, ce sont les plans abstraits et le montage vers la fin, avec les ombres longilignes des cadavres qui bougent dans une intense lumière solaire, résultant une sorte de poésie visuellement psychédélique. À part ça, c'est vraiment trop moche.