Critiques spectateurs de Plissken
Twixt
J'avais un peu peur avant de regarder ce film. Peur de ne pas l'aimer, de ne rien trouver d'intéressant à dire. Peur de le trouver fade, même pas mauvais. Peur de m'apercevoir que le grand Francis Ford Coppola, choisissant une ½uvre à petit budget, intimiste, au sujet tellement rabâché que dès le départ s'en était casse gueule, ne soit devenu qu'un cinéaste qui ne sache plus comment occuper ses jours de retraite. Dans ma filmo type de tous les temps, Apocalypse Now et les deux premiers Parrain font partis du top 20. J'aurais étais plus qu’embarrassé de constater l'échec redouté ! Le début s'annonçait mal. Un scénario et une action lente et je l'avoue pas trop consistante, un Val Kilmer au jeu lourd (désolé!) et excessivement minimaliste, une intrigue assez peu originale et Bruce Dern exagérément dans l'excès. Je sentais venir la bonne série B du samedi soir qui n'apporterait rien de nouveau sous les projecteurs du genre et me renverrait à ma nostalgie.
Et puis petit à petit, quelque chose a germé sous mon regard critique. Un réel plaisir à entrer dans le film et à me laisser porter par les pérégrinations intemporels du personnage à l'intérieur de ses rêves. L'intrigue se faisait plus sombre, portée par des scènes fondamentalement dérangeantes. Les personnages décalés trouvaient finalement un équilibre les uns par rapport aux autres dans cet univers étrange, entre rêve et réalité, donnant une touche très David Lynch (Twin Peaks !) à l'ensemble. Et Val Kilmer réussissait par son jeu de plus en plus impliqué à prouver qu'un vrai acteur reste toujours à l'affut malgré un physique moins jeune premier. Surtout, Coppola a soigné ses images, présentant les scènes comme autant de tableaux surréalistes et à mon sens magnifiquement dimensionnés, tant au niveau de la mise en scène qu'au niveau des contrastes de couleurs.
Alors bien sûr, et je le reconnais, Twixt est avant tout un film de forme plus que de fond. Mais le boulot est tellement bien fait qu'il en transpire l'honnêteté artistique et la sincérité de quelqu'un qui depuis 40 ans n'a finalement plus rien à prouver et qui s'est fait plaisir avec sérieux et humilité. Je reverrais Twixt bientôt, car je sens qu'une deuxième lecture est nécessaire pour vraiment cerner sa globalité. Non vraiment, ce n'est pas un film si banal que ça...
Publié le 31 Août 2013
Elysium
Oblivion et Elysium: même combat. Une idée de départ vraiment intéressante, une plongée évidemment réjouissante dans un univers imaginaire et excellemment mise en image grâce à des effets spéciaux de très haut niveau (d'où ma note supérieure à la moyenne), une histoire prometteuse, deux acteurs de classe A aux filmographies ponctuées de grandes compositions, bref, on se dit qu'on a peut-être affaire à des grands frères de Blade Runner ou 2001, Odyssée de l'espace. Mais voilà: c'est oublié qu'on est en 2013, que le cinéma se doit de rapporter du fric, que pour durer à Hollywood une star est obligée de porter un blockbuster efficace en s'astreignant des heures de musculation qui masquent son talent et qu'un film se voulant ambitieux se doit de toucher un public à spectre intellectuel très (trop) large. Alors on plonge dans le film qui dégouline de testostérone et de gros calibres à en être dégouté tellement ça n'en finit plus, oubliant les belles idées philosophiques et intelligentes du début. Et on sort de la salle déçu d'être déçu, recherchant en vain une once de respect pour des ½uvres qui promettaient tant au niveau du fond et qui s'avèrent n'être que des démonstrations de forme. N'est pas Kubrick ou Scott qui veut. Mais ça, on le savait déjà.
Publié le 18 Août 2013
Masks
C'est tellement énorme et bien fait que jamais je n'ai songé à un vulgaire plagia : quel hommage à Dario Argento ! Mouvement de caméra, couleurs contrastées, gros plan sur les yeux et les armes blanches, séquences quasi oniriques avec une musique répétitive (réussie) que les Goblin auraient pu écrire et histoire bien torturée au finale. Chapeau car le pari - si volontaire il est - aurait pu se solder par un désastre et une condamnation au bûcher par les vrais fans du genre. On pense évidemment à Suspiria (beaucoup de clins d’œil scénaristiques qui remplissent de nostalgie) et à Profondo Rosso (le chef d’œuvre des chefs d’œuvre), et j'ai soudainement envie de les revoir: quel plus bel objectif le réalisateur aurait-il pu attendre ? L'actrice principale arrive à prouver qu'elle sait jouer la comédie (le contraire aurait été un comble par rapport au sujet du film !) en plus de dévoiler ses charmes et j'ai trouvé que l’œuvre, plus on avançait, arrivait à trouver sa propre personnalité, plus contemporaine, quitte à perdre quelque peu en efficacité. Bref, une réussite qui prouve que le cinéma fantastique européen a encore la capacité créative que le cinéma US semble avoir perdu depuis qu'il nage dans le fric. Et là, je suis légèrement en colère.
Publié le 15 Août 2013
American Nightmare
S'il avait fallu que j'écrive ma critique après un peu plus de la moitié du film, j'aurais certainement monté ma note (peut-être 8) et positivé mon appréciation. Le départ tient en haleine, les bouleversements psychologiques des personnages face à leurs choix sont palpables et poussent à une réflexion personnel, on pense même que le personnage du père va sombrer du mauvais côté, peut-être le plus terriblement humain, on se dit qu'on a affaire à un grand film sur le déchirement de ces valeurs qui font les hommes héros ou bourreaux. Finalement le même père choisit de sauver ses valeurs morales: celles qui ont fait l'Amérique? Pourquoi pas, mais hélas, le film s'en ressent, passant d'une ½uvre complexe à finalement un film d'action (bien fait mais tellement déjà vu) dans lequel les personnages prouvent leur capacité à manier les flingues sans trop se mettre en danger. L'intervention finale des voisins est prévisible dès le début ( ce qui n'est pas un reproche en soi) mais manque hélas de cruauté dans le fond, peu aidée par des personnages trop excessifs. Et ces rebondissements à la pelle.. Bref, c'est un peu frustrant de sortir de là si peu retourné après tant de promesses. A ce moment là, j'ai pensé instinctivement aux Chiens de Paille, grand film de Sam Peckinpah, qui traite de la violence portée en chacun de nous avec beaucoup plus de réalisme et dont on ne ressort pas indemne. Le poids de la comparaison était trop fort.
Publié le 14 Août 2013
Evil Dead
Quand j'ai vu qu'un remake d'Evil Dead (I et II?) était en train d'être réalisé, je me suis promis de ne jamais le regarder. Trop fan du deuxième, d'ailleurs nettement meilleur que le premier par son style excessif, unique et un rien amateur. Heureusement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! (auto-satisfaction au passage). Bon, évidemment je n'ai pas vécu l'expérience cinématographique la plus terrifiante, mais je reconnais que l'univers de ce remake est plus que dévorant en terme d'horreur premier degré, très à la mode mais jamais inutile et ridicule par rapport à l'histoire. Jamais le réalisateur, d'après moi, ne cherche à copier le côté grand guignolesque de Raimi (question aussi de moyens et d'époque), préférant poser une histoire structurée sur laquelle se greffent excessivement et délicieusement des scènes gores vraiment très réussies. La jeune femme démembrée et sanguinolente qui parle à son ami, la scène du sac en plastique sur le visage de l'enterrée, la séquence de l'automutilation de main (excellente variante inattendue de la version originale!!): rien que pour tout ça, le film a sa propre existence. En fait, ce sont les scènes ''calquées' sur l'original qui peinent un peu (la tête qui sort de la cave, le viol par les arbres, le necronomicon), comme si elles étaient juste là pour rappeler qu'on a affaire à un remake. Mais à part ça, rien à redire. Les personnages ont de la teneur, on s'intéresse à leur sort (au contraire de du Massacre 3D!), l'histoire de sevrage de l'héroïne tient la route. Finalement, une réelle bonne surprise pour un film qui a le mérite de tenir en haleine en équilibrant intelligemment scènes chocs et moments plus intimistes, même s'il ne parvient pas à faire oublier le personnage de Ash et toute la folie qui en découla. Mais je pense que ce n'était pas l'objectif du réalisateur, qui avait fleuré le piège tendu!
Publié le 10 Août 2013
Texas Chainsaw 3D
Et un mythe de détruit, un ! Félicitation ironique à John Luessenhop : en un film, il réussit à mettre en l’air le travail de ses deux prédécesseurs sur la saga Massacre. Tout est à refaire, comme tout avait été à refaire après le Texas IV, qui reste et heureusement le pire des pires de ce qui a pu être fait. Oubliés donc le Remake et Le Commencement, qui permettaient quant à eux de débattre vers le haut sur leur comparaison avec l’original et sur leur intérêt propre. Ils respectaient le fond de l’œuvre première de Hooper, permettant par leur sérieux, leur honnêteté et leur dureté a construire, d’après moi, la trilogie définitive du Massacre. L’idée du 3D est pourtant pas mal : le fait de reprendre l’histoire en 1974 puis de connaître ce qu’il est arrivé à la famille. Mais le reste… Une tante mystérieusement richissime (ça aide scénaristiquement !) une jeune femme qui selon moi est trop jolie et trop équilibrée pour vraiment prétendre à un lien génétique quelconque avec une famille de paumés plus ou moins consanguins, une densité de population quasi nulle en 74 qui soudain semble avoir explosée (la scène de poursuite pendant la fête, Leatherface poursuivant sa proie sans se soucier le moins du monde des dizaines de personnes autour de lui : bravo pour un psychopathe !), des images trop clean, des scènes trop poussives, des personnages caricaturaux, et le dénouement qui du point de vue de la psychologie des personnages est selon moi complètement à l’opposé de que doit être la saga Massacre. C’est clair : toute personne néophyte s’arrêtant à la seule vision de ce chapitre 3D prendra tout admirateur de premier film pour un inculte cinématographique à la limite de la stupidité. Et comment l’en blâmer ? Finalement, ce Massacre 3D est un film qui permet de passer un moment il est vrai sympa pour se faire peur (bouh !) en mangeant du pop corn et qui sera vite oublié. Quant aux dégâts qu’il cause à la série... Un conseil ? Revisionner le premier Massacre, le seul, en essayant vainement de comprendre comment avec si peu de moyens Tobe Hooper par ses bruitages, ses images et son montage réussit encore aujourd’hui à nous faire vivre une expérience unique et définitivement traumatisante. Mais c’était le cinéma US des années 70. Un autre débat…
Publié le 6 Août 2013