Critiques spectateurs de Morgan
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Maximum Overdrive
Les plans de ce film qui semblent avoir été mûris ne serait-ce qu'une seconde en vue de produire du sens se comptent sur les doigts d'une main. Et encore ne sont-ils pas beaux... Pour ce qui est de la similitude finale avec la nouvelle version de Dawn of the Dead, elle est évidente et coule plus ou moins de source, dans la mesure où nous nageons dans une période emportée par des Tarantino et des Christophe Gans où il est de rigueur de pratiquer la citation détournée plutôt que de chercher à inventer des images. L'Armée des morts est ultra-symptômatique de cette tendance discutable.
Publié le 1 Janvier 2007
Maximum Overdrive
Le propos sur la citation au cinéma n'était en aucun cas une critique des deux cinéastes susnommés : j'ai mentionné ces noms parce qu'ils sont précisément les seuls à faire un boulot intéressant, à mon sens, sur ce terrain. Je vomissais simplement tous les émules qui ne cessent de s'engouffrer dans la brêche, et chez qui on sent plus les fans de cinéma que les cinéastes confirmés. Ceci dit, la liaison Gans-Tarantino est évidente sur un point : à chaque plan de Kill Bill, tu ne pense jamais "Tarantino", tu penses "De Palma, Chang Cheh, Sergio Leone, Fulci, Lo Wei, Kurosawa, etc" et à chaque plan du Pacte des Loups tu ne penses guère plus "Gans", tu penses "Orson Welles, John Woo, Zemeckis, Spielberg, Argento..." - c'est un risque, parfois calculé, mais sérieux. Et je crois comprendre que nous ne sommes pas d'accord sur ce point, mais il me semble que ce qui demeure constructif chez Gans aboutit (dans le cas de Kill Bill seulement) à une totale autodestruction - même consciente - chez Tarantino. Ces deux noms me sont venus parce qu'ils sont à peu près les seuls qui me semblent manier la citation de façon personnelle et interessante. Chacun à leur manière...
Publié le 1 Janvier 2007
Hellboy
En allant voir Hellboy, je m'attendais à un gentil bordel sympathique... et j'ai vu un gentil bordel sympathique. La seule vraie critique que j'aurais à formuler, c'est le mauvais dosage dans la conception et la représentation des personnages. Un exemple : le second couteau nazi, simple exécutant de Raspoutine, est d'une classe et possède un charisme si développés que son maître en paraît d'une fadeur et d'un manque d'intérêt abominable. A côté de ça (et ça, ça va peut-être vous faire sourire mais c'est à mon sens LE point fort du film), il y a dans Hellboy le plus beau baiser du cinéma à la fin. Il s devraient tous ressembler à ça, et je commencerais presque à m'intéresser aux comédies sentimentales à deux balles cinquante. Ce baiser est tout aussi flamboyant par son traitement visuel que par ce qu'il dit : c'est la proclamation d'un anti "la belle et la bête", d'un anti "le bossu de Notre-Dame", où le monstre n'est plus une sorte de bon copain solitaire qui s'éclipse pour laisser Barbie et Ken ensemble avec leur pureté et leur fadeur désarmante.
Publié le 1 Janvier 2007
Le Village
Je vais finir par croire que ça vient de moi... mais vraiment je trouve Shyamalan plus que limite, tant sur le plan du scénario que de la réalisation : je m'excuse, mais j'ai du mal à voir l'intérêt de ses plans (tant à un niveau plastique que dramatique ou à des fins de suspense) et de ses sempiternels essais de coups de théâtre qui ne fonctionnent pas et qu'on voit s'approcher à dix kilomètres. Je vois bien, au-delà de l'annecdote, quel est le propos du film - durant la dernière demi-heure, il est rabâché avec une légèreté de pachyderme - mais il a déjà été traîté de façon cent fois plus pertinente et courageuse par Spielberg (notamment dans Le Monde Perdu, un grand film incompris) et aurait peut-être mérité que le cinéaste s'écarte de la direction où tout le monde l'attendait depuis trois film. A mon avis, Shyamalan gagnerait (c'est particulièrement frappant avec Le Village) à faire un bon gros mélodrame dépouillé et qui s'assume en tant que tel, au lieu de persister dans ce qu'il fait le moins bien et de la façon la moins noble qui soit : essayer deséspérément de coller la frousse au spectateur. En ce qui me concerne, il demeure encore aujourd'hui - et peut-être pour longtemps encore - l'homme qui aura fait "Incassable" !
Publié le 1 Janvier 2007
Phantom of the Paradise
Wahou ! Que vois-je ?! Pas une seule critique salée ??!! Pas une seule âme qui ose se dresser seule devant le génie écrasant de ce film ?! Eh bien elle a raison : qu'elle reste dans sa tanière et ne pointe surtout jamais son nez ! Un éventuel détracteur de cette mise en scène de fou (peut-être la plus tarée de tout le cinéma de De Palma) me donnerait à coup sûr des envies de lui écraser la tête moi-même dans la première presse à disque venue !
Publié le 1 Janvier 2007
Soeurs de sang
Ceux qui ont commencé à traiter De Palma de sous-Hitchcock prétentieux au rabais, sans comprendre rien de la mécanique complexe sur laquelle repose son cinéma, l'ont fait avec ce film. Les inconditionnels de ce cinéaste génial, qui invente la citation comme mode de référence une vingtaine d'années avant le syndrome "Tarantino", ont pu voir du même coup, dès ce film, les prémices du propos depalmien toujours d'actualité dans ses dernières oeuvres. Il ne lui restait qu'à pondre "Obsession" et "Carrie", et voilà partie la légende. Une légende encore vivante ; elles se font rares, profitons-en : vivement "Le Dahlia Noir" !
Publié le 1 Janvier 2007
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban
Mais nom de Dieu, arrêtez par pitié de perpétuer cette règle stupide qu'un film tiré d'un livre doit forcément rester fidèle au millimètre près audit livre !!! Les deux premiers opus étaient des films de Colombus, pas de J K Rowling !!! Et Le Prisonnier d'Azkaban n'est ni un film de Colombus, ni de J K Rowling, bordel à queue !!! C'est un film d'Alfonso Cuaron, une espèce de génie mexicain sorti de nulle part doté d'une sensibilité et de thématiques récurrentes qui peuplent ces films depuis le début, et qu'il injecte dans son film parce qu'il y est le SEUL maître à bord ! Pourquoi vouloir à tout prix que le film soit identique au livre ? Il ne développe pas les mêmes thèmes ? Vous avez donc si peu de respect pour J K Rowling, vous qui vous dites fans, que vous estimez que ses livres n'existent pas assez par eux-mêmes ? Que vous voulez à tout prix voir ce que vous avez déjà lu ?! Si vous aimez tant que ça les livre de Rowling, eh bien relisez-les jusqu'à plus soif, mais mettez-vous dans le crâne qu'en visionnant le film, vous entrez dans l'univers de QUELQU'UN D'AUTRE !!! Le film de Cuaron me semble quant à moi cent fois plus intéressant que les livres et mille fois plus pertinent que les deux premiers films : il est le seul dans lequel on perçoit l'auteur derrière la caméra, qui a quelque chose à dire sur la mécanique du fantasme infantile et sur l'univers du conte. C'est du reste à la meilleure B.O. de John Williams pour cette série à ce jour, et je reste persuadé (à tort, j'espère) que les prochains films de la série n'atteindront jamais plus ce niveau de maîtrise visuelle. Pour la narration, il y a bien sûr des choses à redire par rapport au bouquin mais, bon sang de bois, une fois encore, le bouquin existe déjà pour lui-même !!!
Publié le 1 Janvier 2007
Batman Forever
Jeux de mots tout droit sortis d'Hélène et les garçons, acteurs en roue libre qui n'habitent pas leurs personnages une seconde, absence de vision artistique quelconque... et que dire du titre ?! Pour citer Burton himself : "voilà exactement le genre de phrases qu'un type se ferait tatouer sur le biceps après une bonne cuite !" Allez, 1 point pour la musique détonnante signée Goldenthal - il a fait du moins bon boulot que la BO des deux films de Burton mais c'est assez terrible tout de même, et puis passer après Danny Elfman, ça tient quand même du challenge (la BO de Batman Returns est peut-être son chef d'oeuvre encore aujourd'hui !)
Publié le 1 Janvier 2007
Les Chroniques de Riddick
Loin de moi l'idée de vouloir comparer sur tous les plans ce qui n'est pas comparable, mais j'ai vu Riddick et Le Village de M.Night Shyamalan le même soir... eh bien croyez-moi, ça va peut-être en révulser quelques uns, mais j'ai foutrement apprécié Riddick ! Bien sûr ce film n'a rien d'un chef d'oeuvre... Il ne faut pas prendre David Twohy pour un con : il savait très bien qu'il n'allait pas révolutionner le cinéma avec ça. N'empêche, on a droit au premier vrai space opera de ces dernières années à l'exception de Star Wars, et un space opera qui prend du large, avec ça ! Un spectacle son et lumière qui pue la rouille et le pétrole, qui tend autant vers Conan le Barbare (voire le final) que vers les films de Lucas. Pourquoi ai-je préféré Riddick au Village ? Parce que ce film n'a rien de prétentieux. Il mise sur la grande éclate, et franchement je me suis bien marré à le regarder. Il n'est pas plombé par des ambitions démesurées qu'il n'atteint pas. Twohy, c'est un type qui vise une cible assez large, mais qui tape plein centre. Shyamalan, il se place à des kilomètres de sa cible, mais il tape à côté. On est au cinéma, y'a que le résultat qui compte...
Publié le 1 Janvier 2007
Dracula
Que du littéraire ???!!! LE film où chaque plan à dû nécessiter des heures de boulot, ressemble à un tableau complexe, et possède une signification détonnante ? L'un des films les plus directement "cinématographiques" de Coppola et de l'histoire du cinéma - avec son hommage ultra-touchant au cinématographe des débuts, d'ailleurs... - que du littéraire ???!!! Je rêve d'un monde où tous les cinéastes prendraient le même soin à composer leurs cadres !
Publié le 1 Janvier 2007
L'Ascenseur
Moi, j'l'aime bien, Dick Maas... On peut trouver son "Amsterdamned" catastrophique (à l'exception du titre qui est inattaquable dans son genre !) ou bien le suivre dans son délire futile. Faut quand même reconnaître que ce type maîtrise ses images et ses effets : dans "L'Ascenseur", il y a certains des plus beaux plans d'escaliers, d'immeubles, que j'ai pu voir - qui ne sont pas non plus dénués de sens, autant que je m'en souvienne. Franchement, si ce type était moins paresseux, on n'aurait pas été loin de tenir le John Carpenter européen (jusqu'à sa propre composition de la bande originale, par ailleurs similaire à celles du réalisateur de Fog). Même humour au ras de pâquerettes, même discours social ironique, mêmes antihéros blasés... Allez, osons le dire : pour moi l'Ascenseur est une petite perle dans l'océan des séries B eighties.
Publié le 1 Janvier 2007