Critiques spectateurs de Morgan
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Ténèbres
Le voilà, le giallo des giallos !!! Précisément parce qu'il est bien plus encore : Argento combine ici l'influence de Mario Bava à ses propres expérimentations fantastiques (Suspiria, Inferno)... et c'est miraculeux ! D'abord parce que le suspense du film se trouve décuplé par le côté fantasmagorique de certaines séquences (le double-meurtre des lesbiennes, quel grand moment !), ensuite parce que ça done lieu à des moments-clés pour mieux comprendre les obsessions de Dario : l'abstraction de la scène de la plage, par eemple, dont on ne sait trop s'il s'agit d'un fantasme ou du souvenir d'un personnage (mais lequel...) Ici, Argento n'a plus besoin de sorcières ou de monstres de la nature pour faire peur, et c'est la grande force de ce film.
Publié le 1 Janvier 2007
Videodrome
Il y a un peu de tout dans les avis que j'ai pu lire, dont un certain nombre de réflexions très pertinentes (oui, Gillou, c'est bien le film-somme de Cronenberg - pas seulement somme de ses anciennes oeuvres, mais aussi des récentes : eXistenZ ou Crash n'échappent pas à la lumière que jette Vidéodrome sur tous les films du cinéaste). Une chose supplémentaire à mentionner, toutefois : Vidéodrome est un cas infiniment intéressant en cela qu'il constitue le cas quasi-unique du film calibré non pour le grand écran, mais bel et bien pour la télévision : attendez la dernière séquence et vous comprendrez combien votre propre écran, votre salon, les bruits autour de vous et... vous-mêmes faites partie intégrante du film plus que vous ne le croyez. A part "Ring", je ne vois pas quel autre film peut rivaliser sur ce point...
Publié le 1 Janvier 2007
Dead Zone
Entendons-nous bien : Stephen King a fait son premier chef d'oeuvre il y a peu de temps ("Coeurs perdus en Atlantide") et il n'est pas près d'en refaire... Ceci dit, Dead Zone est un Cronenberg plutôt faiblard dans la mesure où JUSTEMENT c'est plus l'imaginaire de l'écrivain américain que celle du cinéaste canadien que l'on sent ici : la réflexion ne va pas au bout du sujet, la mise en scène est insipide (ce qui guette Cronenberg à chaque fois qu'il ne trouve pas un sujet à la hauteur) et les ambitions de la musique, de l'éclairage et du montage sont plus réduites que jamais. Le gros atout du film, c'est l'infernal Christopher Walken, plus impressionnant à chaque film, et son jeu au sourcil près (entre lui, Jeremy Irons et James Woods, on ne peut nier que Cronenberg a un certain génie pour s'entourer de grands comédiens !)
Publié le 1 Janvier 2007
Alien: le huitième passager
Il manque un détail qui a son importance dans toutes vos réflexions : Alien est tout de même, avant tout, un film sur LE VIOL ! Chose que seul David Fincher a compris depuis Ridley Scott (et qui fait d'Alien 3 le seul opus digne de succéder au premier - même si celui de Cameron, très personnel lui aussi, est excellent).
Publié le 1 Janvier 2007
L' Anthropophage - Anthropophagous
Ca revient souvent dans les critiques de ce film de dénoncer le côté série Z du film ou encore, plus naïvement, le fait qu'il ait méchamment vieilli : c'est oublier qu'il était déjà vieux dès sa sortie et que d'Amato n'a jamais fait dans le grand art, et que tel Max Pécas il l'assume pleinement. Reste que les effets gerbants ne fonctionnent pas visuellement, et qu'on pleure en imaginant ce que Dario Argento aurait pu tirer d'un tel scénario... Tant pis, Joe d'Amato manque d'ambition mais - heureusement - pas d'humour !
Publié le 1 Janvier 2007
Inferno
Bon, Suspiria est le meilleur film d'Argento à mon sens, et ça menace de rester ainsi... Mais c'est loin d'être son seul chef d'oeuvre. D'une qualité moindre, Inferno se pose là en oeuvre hypnotique, quasi abstraite, et enfonce le clou de la lumière irrélle et de la musique décalée (chapeau à Keith Emerson et l'hymne à la fois barbare et parodique "Mater Tenebrarum" !). Dario est un génie, cela ne fait pas de doute... mais il a le génie un rien paresseux : à quand ce fameux film sur Mater Lacrimarum, devant boucler une trilogie dont la conclusion pourrait donner un nouveau souffle à l'esthétique d'Argento qui manque cruellement de relief dans ces dernières oeuvres, intéressantes mais moins ambitieuses ?...
Publié le 1 Janvier 2007
Suspiria
Un film qui marque à vie : vautrez-vous dedans ! Que vous aimiez ou pas au final, je vous promets que les images et la musique vous resteront en tête à vie et rejailliront de temps à autre pour vous titiller les nerfs ! C'est incontournable, c'est du jamais vu, c'est GRAND !
Publié le 1 Janvier 2007
Fog
D'accord avec Ash : Carpenter est l'autre génie de l'épouvante avec Argento ! Ils font un peu cavaliers seuls chacun dans leur contrée, mais Carpenter a ceci de différent qu'il maîtrise n'importe quel autre genre à la perfection : la peur n'est pas son objectif premier. Sa vraie thématique, c'est la crainte de l'intégration à un système mensonger, violent et irrascible (en l'occurrence, le gouvernement américain actuel). Ce message, il le glisse autant dans ses comédies que dans ces films de science-fiction ou ses polars. Dans Fog, ça transpire par tous les pores : la tuerie d'innocents au nom de Dieu et de la civilisation se solde par une condamnation, et un châtiment apparemment juste qui nous empêche de nous identifier aux héros - et qui nous fait comprendre le mobile des fantômes. C'est un phénomène rarissime dans le genre.
Publié le 1 Janvier 2007
Ghosts of Mars
Arrêtez de lui jeter des tomates, putain : Carpenter est le seul réalisateur d'épouvante à véhiculer un vrai propos subversif dans ses films sans pour autant se prendre trop au sérieux ! De plus, "Ghosts of Mars" est son film qui se rapproche le plus DU genre maudit de John Carpenter, celui qu'il idolâtre sans jamais oser l'aborder de front : le western (à part "Assaut", remake de "Rio Bravo" dont "Ghosts..." est lui-même un quasi-remake). Ce film est un pamphlet contre le génocide indien sur lequel s'est construit l'Amérique, et un tour d'horizon ultra-réaliste de toutes les pulsions (sexuelles, violentes) qui régissent les êtres humains en cas extrêmes ! Et c'est une formidable comédie de moeurs (les rapports de Natasha Henstridge avec ses congénères mâles sont assez fandards...
Publié le 1 Janvier 2007
Vampires
On est très très près de "Starship Troopers" de Verhoeven : les soi-disant héros passent leur temps à jurer et faire des sales blagues, ils prennent leur pied à trouer de la chair et à frapper des gonzesses en les traitant de salopes... et du coup il nous est impossible de les estimer et de les aimer ! Toujours le côté subversif sous-jacent de Carpenter : à la fin du film (parodique à l'extrême, "Dieu ne nous a jamais quitté !", c'est beau...), on se demande sincèrement si un monde de vampires serait moins beau qu'un monde de tocards comme James Woods (le Grand !) et ses potes...
Publié le 1 Janvier 2007
Christine
Carpenter "sait" qu'il s'est planté sur ce film : contraint et forcé par l'absence de bifteck, il a accouché de ce film dans la douleur. Toutefois, là où Stephen King faisait une banale histoire de fantôme possédant une voiture, Carpenter personnifie la réflexion sur l'adolescence toute entière dans la VOITURE - et il oublie le fantôme dont on se fiche pas mal. C'est pas son plus personnel, soit... mais qu'est-ce qu'il est classe, ce film. C'est sans doute l'une de ses mises en scène les plus carrées, avec un sens du cadre omniprésent.
Publié le 1 Janvier 2007
Prince des Ténèbres
Carpenter revient à Halloween et à Fog, à ces petits effets "bouts de ficelle" qu'il avait quasiment inventés à la fin des années 1970. Depuis, on l'avait connu plus déconneur, plus distancier avec lui-même et ses démons. Il s'était mis à assumer le côté western dérisoire de son cinéma - chose à laquelle il reviendra ensuite avec Vampires ou Ghosts of Mars. Ici, c'est sordide, tendu, minimaliste et sérieux. L'Apocalypse naît dans une petite église... et visuellement, elle y reste. On reconnaît-là la classe du cinéaste rompu à nous faire avaler les plus grosses couleuvres en trois plans incertains, du conteur qui nous fait imaginer des montagnes en nous montrant un château de sable. Certes, il n'avait pas trop le choix : budjet plus que serré, tournage ultra-rapide... On se demande encore comment il est arrivé à un résultat si propre et élégant avec des moyens si chaotiques. Ca, ça tue vraiment !
Publié le 1 Janvier 2007
Scream
Quand Steve parlait du dernier Freddy réalisé par Craven, il parlait du dernier VRAI Freddy ("Freddy sort de la nuit") - l'épisode avec Jason n'étant qu'une excroissance tout juste marrante vers la fin. Je suis d'accord avec lui : c'est l'un des meilleurs de la série, c'est même le seul vraiment excellent depuis le premier (ce qui ne veut pas dire que tous soient mauvais...)Je ne sais pas si tu l'as vu, mais c'est précisément parce qu'il existe que je trouve Scream ignoble : c'est la même chose sans le courage, et avec un manque de maîtrise inouï. En ce qui concerne Scream, rien à dire, on a l'air d'accord...
Publié le 1 Janvier 2007
Outland... Loin de la Terre
Autant le côté remake évident du "Train sifflera trois fois" de Zinneman est savoureux, autant le petit côté plagiat d'Alien dont je crois que personne ne parle ici (dans l'esthétique, le rythme, la musique de Goldsmith qui revisite son propre travail pour le film de Ridley Scott...) est relativement agaçant à la longue. Bah, ça reste cohérent...
Publié le 1 Janvier 2007
Paycheck
Paycheck est un échec quasi-total. C'est un grand fan de John Woo qui le dis, quelqu'un qui continue de défendre bec et ongles la dimension mélodramatique de "M:I 2" et le très beau "Windtalkers" envers et contre tous, et croyez bien que ça lui arrache d'autant plus la bouche de l'admettre mais... non, Paycheck ne fonctionne pas ! John Woo est fait pour traiter sur un mode coloré et flamboyant des histoires tragiques aux enjeux décuplés par des figures héroïques, aux intrigues minimales et sans trop d'effets numériques (qu'il maîtrise mal), allant le plus possible à l'essentiel. Une seule question : pourquoi avoir accepté de tourner un thriller de science-fiction froid et prosaïque, à l'intrigue complexe et portée par l'abominable Ben Affleck ?! Juste pour rendre hommage à l'un de ses maîtres (Alfred Hitchcock) et en rajouter dans la péripétie façon Cary Grant dans "La Mort aux Trousses" ? Bonne idée, mais un peu légère pour supporter à elle seule tout un film...
Publié le 1 Janvier 2007