Critiques spectateurs de Sir Gore
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Candyman
Un des films d'horreur essentiels des années 90, au même titre que Braindead ou encore Scream. Bernard Rose a su allier à une mise en scène brillante de fluidité une atmosphère particulièrement lourde et glauque, que renforce le score juste magique de Philip Glass. Tony Todd fait montre d'un charisme sans pareil dans son rôle de boogeyman à la fois terrifiant et romantique tandis que Virginia Madsen incarne non sans crédibilité une journaliste dont l'existence tourne peu à peu au cauchemar. Quoique ne crachant pas sur quelques scènes d'horreur éprouvantes (le meurtre du gosse dans les toilettes, Helen découvrant le cadavre de sa collègue et meilleure amie dans son propre domicile), le tout privilégie l'ambiance au détriment du gore et c'est tant mieux. À noter un épilogue extrêmement noir et on ne peut plus anti-happy end. Au final, un remarquable film d'épouvante doublé d'une adaptation exemplaire du grand Clive Barker.
Publié le 30 Avril 2008
Daughter Of Darkness
S'il y a bien une chose à dire à propos de ce Daughter of Darkness, c'est qu'il ne fait pas dans la dentelle. Obscénité omniprésente, viols, violence et séquences érotiques à volonté, le cahier de charges est scrupuleusement respecté. Cela dit, en ayant déjà assisté à une bonne petite série de productions du même type, on connaît désormais la chanson: du « rape and revenge » dans la plus pure tradition hongkongaise, c'est-à-dire avec de la complaisance à foison, des acteurs qui en font beaucoup trop et des situations tellement exagérées qu'elles perdent toute once de vraisemblance, mais aussi: de l'humour libidino-scatologique si abject qu'il suscite une jubilation palpable, un acteur qui s'en donne toujours à cœur joie dans son rôle de gros malade (en l'occurrence, ce n'est ici pas un mais deux comédiens qui se retrouvent en roue libre pour notre plus grand plaisir, à savoir l'immense Anthony Wong en flic déjanté et Ka-Kui Ho dans la peau d'un beau-père brutal et pervers sexuel jusqu'à la démence) et un mix « sex, violence & provocation » étalé comme de la confiture sur une grosse tartine qui fait plaisir à voir.
Le parti pris narratif de Daughter of Darkness n'est pas sans évoquer celui du monumental The Untold Story, réalisé la même année, dans la mesure où les deux films se composent d'une première moitié souvent axée sur un mode comique, puis d'une seconde sous forme de flash-back illustrant les aveux du tueur. Une chose est sûre, la jolie Lily Chung exhibe mieux sa plastique avantageuse qu'elle ne joue, tout comme dans Red to Kill, un autre fleuron Cat 3, véritable summum d'ultra-violence et de sordidité soutenu par un monstrueux Ben Ng. Le seul élément qui permet à Daughter of Darkness de se démarquer un tantinet de ses homologues réside encore son érotisme, très prononcé et insistant tout en demeurant néanmoins soft. Les scènes d'amour en particulier s'avèrent élégamment filmées, ce qui permet d'en venir à la valeur artistique du métrage: comme de nombreux Cat 3, la réalisation jouit d'une belle photographie (filtres jaunes chaleureux) et d'un montage plutôt dynamique, contribuant à rendre son visionnage agréable. Mais ce qui marque pourtant le plus dans la bande, c'est ce final plutôt émouvant et inattendu de la part d'une telle production; à vous de le constater en découvrant le film.
Pas forcément inoubliable, Daughter of Darkness ne bénéficie pas de la même renommée que d'autres Cat 3 tels que The Untold Story, Ebola Syndrome, Camp 731 ou Riki-Oh: Story of Ricky, sans doute guère à tort. Il faut le déguster comme un fort sympathique mélange de thriller sur le thème du « rape and revenge » et de comédie grasse toute locale, relativement violent, généreusement coquin et assurément divertissant – quoique très anecdotique en y réfléchissant bien – à ranger aux côtés de Raped by an Angel.
Publié le 30 Avril 2008
Suicide club
Pseudo-brûlot dans l'air du temps qui s'inspire d'une réalité terrible pour accoucher d'un magma peu digeste de satire sociale, de violence cartoonesque et d'épouvante post-Ring. Ajoutez à cela une photo vraiment pourrie, des acteurs qui ne semblent pas y croire et un cruel manque de rythme desservant une intrigue déjà guère folichonne à la base. Battle Royale avait au moins le mérite de divertir derrière le fait que son succédané de causticité tombait complètement à l'eau. Ici, seules quelques scènes gore amusantes (découverte d'une oreille sur le rebord d'une fenêtre après un suicide collectif, mère de famille se tranchant gaiement les doigts à l'aide d'un couteau de cuisine) viendront de temps à autre nous sortir de l'ennui. Beaucoup de bruit pour un pet dans la flotte.
Publié le 29 Avril 2008
Le Lac des Morts-Vivants
C'est sûr que c'est trop trippant de voir des figurants barbouillés de peinture verte, de la fesse molle et un Howard Vernon qui n'attend plus que d'empocher son maigre chèque et de se tirer de cette galère. Plus c'est mauvais, plus c'est « bis », plus c'est chouette. On est grave des anticonformistes, les gars !
Publié le 29 Avril 2008
L'Abîme des Morts-Vivants
Un énième crime envers le septième art commis par le tâcheron édenté. Ça se passe de commentaires. À moins que vous n'ayez envie de faire une dissert' sur ce gros bloc d'ennui et de non-cinéma dans lequel Franco délaisse les plans nichons/végétation coutumiers de sa filmo (pas plus mal, vous me direz, étant donné que le bougre est aussi doué en érotisme que Michaël Youn l'est lorsqu'il s'agit de faire dans l'humour) pour ne garder que la mollesse cataclysmale, la ringardise éreintante et l'incapacité à tenir une caméra et diriger des acteurs avec un minimum de savoir-faire également typiques de sa patte. La pauvreté du budget n'excuse pas l'absence totale de talent et d'intérêt propre à ce genre de souillure pelliculaire: rappelez-vous que des cinéastes tels que Çetin Inanç ont été à même de nous amuser comme jamais devant des nanars encore bien plus fauchés et minables que les réalisations de Jess Franco, à l'image de Turkish Star Wars ou En büyük yumruk. Ça, c'est quand même autre chose !
Publié le 29 Avril 2008
Christina chez les Morts Vivants
Gros étron cinématographique joué par des acteurs sous barbiturique, filmé par un macaque atteint de tremblote et scénarisé sur un coin de table mal nettoyé. Où est la soi-disant poésie baroque et le prétendu érotisme torride qui devraient se dégager de cette flaque de gadoue ? Je n'y ai vu qu'un nauséeux festival de seins flasques, de visages à gifler, de non-jeu d'acteurs, de dialogues débiles et de plans branlants, le tout mené à un rythme de gastéropode en fin de vie (et le film dure moins d'une heure vingt). Les défenseurs de cette chose amorphe et informe voudront bien me pardonner de ne rien distinguer d'autre là-dedans qu'une série Z de dernière zone pondue par l'un des plus médiocres tâcherons du cinéma bis relatif au siècle passé. Au passage, comparer la photo de cette sainte monstruosité sur pellicule à celle de Dellamorte Dellamore est une belle insulte envers l'auteur – respectable – de Bloody Bird et La Secte.
Publié le 29 Avril 2008
REC
Excellent film-concept qui vous prend aux tripes comme peu l'ont fait dans le genre. Rien de bien neuf sur le plan du scénario (un peu de Blair Witch Project par-ci, un peu de 28 Days Later par-là), mais un survival d'une efficacité telle qu'il supplante sans problème ses plus illustres références. Des acteurs criants de vérité, un climat d'hystérie collective et de cauchemar éveillé vraiment pas rigolo et des scènes-chocs particulièrement impressionnantes, lesquelles se tiennent pourtant bien de basculer dans la surenchère ou le ridicule. Retour en force de la part de Balaguero après le tiède Fragile qui nous faisait déjà regretter son captivant et glauquissime thriller La Secte sans Nom. Une jolie claque en plein visage.
Publié le 29 Avril 2008
Les Guerriers de la Nuit
Une très bonne peinture des gangs new-yorkais des années 70 servie par d'éminents interprètes de série B. Sombre, réaliste et bénéficiant de la mise en images sèche et efficace de Walter Hill, The Warriors ne se limite pas à narrer de simples affrontements entre petites frappes mais prend au contraire tout son temps pour développer les relations qui s'articulent autour des membres d'une bande, en l'occurrence celle du gang-titre. Film social avant d'être un film « de genre », ce classique constitue aussi un merveilleux vestige de toute une époque, avec des musiques, des fringues et des décors estampillés seventies pour notre plus grand bonheur. Nul doute que la violence du contenu ait quelque peu perdu de sa force après bientôt trente ans d'existence, de nombreuses œuvres sur un thème semblable ayant montré des rixes nettement plus corsées entre temps. Qu'importe, puisque la réelle portée du métrage se situe non pas dans ses scènes de baston mais bel et bien dans sa dimension psychologique elle aujourd'hui encore intacte. Un film assurément culte, dont Enzo G. Castellari tirera un post-nuke fauché et chéri des amateurs de bis italien: Les Guerriers du Bronx.
Publié le 28 Avril 2008
Desperado
Grosse galette de restes en provenance de divers endroits (Sergio Leone, Sam Peckinpah, Walter Hill, John Woo), plus ou moins consommable du moment que l'on n'accorde pas trop d'importance quant au scénario – parfaitement convenu et superficiel – et à une direction d'acteurs inexistante qui rend les personnages de Banderas, Salma Hayek & cie désincarnés au possible. Le clou du film se situe donc au niveau des gunfights, correctement filmés et relativement copieux faute d'apporter une quelconque dimension dramatique à l'ensemble. Une série B qui ressemble finalement beaucoup à Une Nuit en Enfer et Planet Terror du même Rodriguez: c'est bourrin, c'est plus ou moins jouissif sur le coup, mais ça reste d'une formidable superfluité. Les amateurs du genre apprécieront.
Publié le 28 Avril 2008
Le Voyage de Chihiro
Un dessin animé absolument magnifique, à l'univers chatoyant et aux graphismes d'une finesse rare. Comment ne pas aimer ?
Publié le 28 Avril 2008
CJ7
Pour qui s'attend à un Stephen Chow dans la lignée de King of Comedy, Shaolin Soccer et Crazy Kung-Fu, cette charmante comédie fantastique clairement destinée au jeune public risque de constituer une belle déception. Mais il suffit d'avoir gardé une part d'âme de gosse en soi et de passer outre l'aspect assez impersonnel de l'entreprise (n'importe quel tâcheron hollywoodien un tant soit peu consciencieux aurait pu faire ce film) afin de passer un bon moment devant son téléviseur. La plupart des gags fonctionnent très bien, le jeune Jiao Xu ne donne pas trop souvent l'envie de gifler de la marmaille, les petites touches d'émotion disséminées dans l'intrigue font leur effet, les CGI paraissent enfin moins cheapo qu'auparavant dans l'ensemble du paysage cinématographique HK et la musique de Raymond Wong, mêlant non sans bonheur compositions au style synthé 80's et thèmes plus classiques, s'écoute avec plaisir. Le fait que Chow mode comédien se révèle un peu en retrait par rapport à l'histoire pose moins de problème qu'on aurait pu le penser. Cela dit, on n'attend plus que ce bon vieux Stephen se lâche à nouveau dans l'une de ces grandioses pantalonnades dont lui seul a le secret...
Publié le 28 Avril 2008
Obsession
Le meilleur de tous les thrillers à suspense qu'a réalisés De Palma. Moins clinquant et mieux écrit qu'un Pulsions ou qu'un Body Double, l'ensemble se suit avec beaucoup d'intérêt et multiplie habilement les références à Vertigo, le grand classique d'Hitchcock. Le casting est sans fausse note (Cliff Robertson dans un jeu tout en retenue, une Geneviève Bujold des plus charismatique et un succulent John Lithgow dans le rôle du meilleur ami mielleux à souhait) et la photographie, nonobstant certains choix esthétiques aujourd'hui un brin vieillots (flous et surexposition pour tenter d'instaurer une atmosphère onirique), brille par une succession de mouvements de caméra déjà extraordinaires qui résument tout l'art visuel du réalisateur. On retiendra également la superbe partition de Bernard Herrmann, envoûtante et titanesque au point de renforcer la substance dramatique même du film. Du beau cinéma de genre et une digne perpétuation du mythe hitchcockien.
Publié le 28 Avril 2008
Fever Lake
Un endroit paumé au bord d'un lac, des jeunes crétins libidineux et un méchant serial killer, ça ne vous rappellerait pas un certain Vendredi 13 ? Oui, et alors ? C'est visiblement tout ce qu'a dû se dire l'auteur de ce téléfilm pseudo-horrifique à dormir debout en se lançant dans une telle entreprise.
Publié le 23 Avril 2008
A L'Intérieur
D'accord, cette petite production hexagonale s'aventurant sur les terrains du thriller horrifique n'est pas si mauvaise que ça: on sent qu'il y a un certain effort dans le traitement (bases scénaristiques bien établies, personnages correctement développés, quelques éclats de suspense qui font mouche) et le face-à-face entre Béatrice Dalle et Alysson Paradis fonctionne plus ou moins, en grande partie grâce aux interprétations convaincantes des deux actrices. Seulement, ces avantages ne suffisent guère à pallier la cruelle absence de saveur qui se dégage de l'ensemble, avec la fâcheuse impression d'assister à une sorte de Haute Tension en beaucoup moins bien, sinon un ersatz des modèles américains du genre à grand renfort de gimmicks visuels et musicaux ultra-poseurs. Si le déroulement du film demeure assez concis et rythmé pour ne pas nous faire éprouver trop d'ennui, le manque total de surprise, d'enjeu, suscite une frustration considérable. C'est là que le tandem Bustillo - Maury a pensé relever l'intérêt en multipliant les scènes-chocs que beaucoup n'hésiteront pas à qualifier de « vénères », « barbares » et « crades de chez crades ». Hélas, les effets gore ne sont pour la plupart pas très impressionnants: pipettes qui giclent du faux-sang à toutes les occases, astuces maladroites pour dissimuler les actes de violence graphiquement trop difficiles à montrer, bref, des trucages souvent fort peu élaborés – on notera tout de même un joli headshot, seul plan gore du film qui vaut son pesant de cacahuètes – ne soutenant franchement pas la comparaison avec ceux que l'on trouve dans les Peter Jackson, Lucio Fulci et autre Olaf Ittenbach. En sus de ce gore inoffensif qui provoque l'effet d'un pétard mouillé, la photo évoque davantage celle d'un épisode de Navarro mâtiné de Central Nuit que celle d'un vrai film de cinéma, en témoigne un éclairage particulièrement hideux lorsqu'il n'est pas insuffisant durant les scènes obscures. Au final, grosse déception que cet À l'intérieur confortant encore un peu plus l'idée que la France et l'horreur font deux. À croire que dans le genre, Haute Tension tenait réellement du miracle !
Publié le 23 Avril 2008
Body Double
Quant De Palma revisite Fenêtre sur Cour à sa sauce, fermez vos chastes quinquets ! Body Double traite du voyeurisme ontologique avec en accessoire des scènes délicieusement torrides, un suspense qui vous ensorcèle et de beaux travellings de derrière les fagots ne laissant aucun doute sur la personne aux manettes de cet attractif thriller. Dommage qu'au-delà de la performance exercée par l'acteur principal (un Craig Wasson tout simplement parfait dans son rôle de comédien minable), l'interprétation ne soit pas vraiment à la hauteur et que le scénario parte un peu en steak sur la fin (invraisemblances hénaurmes et ruptures de ton bancales). Comme à l'égard des autres réalisations de De Palma dans le même registre, on s'amuse beaucoup mais on sent qu'il manque à l'ensemble une certaine finition pour atteindre le niveau des chefs-d'œuvre du cinéaste (Carlito's Way, Carrie, The Untouchables). Notons également que le film souffre de quelques fautes de goûts made in 80's, entre autres sur le plan de la BO (Relax de Frankie Goes to Hollywood, pitié, non) et de la garde-robe des personnages. Mais assez tiré à boulets rouges sur cet exquis Body Double: ce serait trop vite oublier sa photographie luxueuse et ses grandes qualités de divertissement.
Publié le 22 Avril 2008
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