Inglourious Basterds
Critiques spectateurs
Réalisateur: Quentin Tarantino Avec Brad Pitt, Diane Kruger, Mélanie Laurent, Mike Myers, Eli Roth, Til Schweiger, Christoph Waltz, Michael FassbenderInscrivez-vous ou connectez-vous pour ajouter votre avis !
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publié le 30/09/2009 - 17:40
Mon avis
La trame de départ est simple : Shosanna Dreyfus est seule rescapée du massacre de sa famille par le colonel SS Hans Landa, plus communément appelé « Jew hunter », et se construit une fausse identité en devenant exploitante d'une petite salle de cinéma qui va être le lieu de projection de « Nation's Pride », un film mettant à l'honneur un jeune soldat allemand, survivant et massacrant près de 300 soldats ennemis du Reich alors qu'il semblait condamner. De leur côté, les Basterds, un groupe de soldats juifs américains à la réputation peu orthodoxe scalpent du nazi et rêvent de faire tomber le haut commandement.
Sectionnant son film en chapitres comme à son accoutumance, Tarantino nous déverse une nouvelle fois un torrent de référence cinématographique. Le Western Spaghetti, mis à l'honneur lors du tout premier chapitre intitulé "Once Upon a Time in Nazi-Occupied France" reste peut-être l'élément le plus marquant de tous les films du cinéphile. Un dernier repas, yeux dans les yeux, aux dialogues monocordes et savamment travaillés, rappelle directement la scène de présentation de Sentenza (Lee Van Cleef) dans « le bon, la brute et le truand » de l'inénarrable Sergio Leone. Le calme avant la tempête illustrée par l'imposante mélodie des sifflements de mitraillettes tirants à même le sol. Au final, seul Shosanna arrive à sortir de se bain de sang dans une course pointée au luger qui rappelle vaguement la chasse aux mexicains dans « Django » de Sergio Corbucci. Quelques années plus tard, l'expédition punitive d'Aldo Raine et de ses Basterds prend forme. Nous Invitant dans un tourbillon de blagues bubble-gum prémâchées par un accent horrible du Tennessee dont seul Brad Pitt a le secret, Tarantino nous convie à un démastiquage en règle de nazilllons à coup de batte de base-ball et de scalp. La encore, il entremêle les genres à coup de plan de camera Leonien, de personnages emphatiques et de glorification visuelle du statut des Basterds sous fond de seconde guerre mondiale. Comme à son habitude, le metteur en scène nous gratifie de répliques cinglantes permettant de donner à l'expédition punitive des airs décomplexés emprunts de légèreté, ce qui le conduira même à se faire ovationner lorsqu'il présenta le film au musée de l'Holocauste de Manhattan, devant une assemblée d'enfants de survivants, et même de rescapés.
Mais parler de « Inglourious Basterds », c'est aussi ressasser les nombreux problèmes quant à sa possible réalisation auxquels Tarantino à du remédier. Dans un premier temps, le choix d'acteurs fût peut être le plus fastidieux de sa carrière. De nombreux noms ayant circulés avant même la mise en chantier du long métrage ont finalement été écartés, de nombreux refus ont du être essuyés (dont notamment celui de l'acteur fétiche du Scorsese post 2000 Leonardo Dicaprio ou encore celui de l'acteur français Vincent Lindon craignant d'entrer dans un poncif) pour en définitive s'offrir le casting le plus judicieusement international de sa carrière. La France, l'Allemagne, l'Angleterre et les USA sont dès lors mis à l'honneur imprégnant ainsi le film de tout le réalisme nécessaire à sa crédibilité. Le réalisateur avouera même avoir failli se défaire de son ambitieux projet faute de trouver un acteur capable de jouer le rôle du colonel SS Hans Landa du fait de ses particularités linguistiques particulièrement poussées. Lorsque le comédien autrichien Christoph Waltz se présenta aux auditions, Tarantino, abasourdi par les compétences de l'artiste, lui offrit le rôle. Choix des plus intelligents, puisque Landa se révèlera l'un des plus imposants personnages mis en scène par son cinéaste. En effet, le chasseur de juif est interprété avec une insolante démesure charismatique et une telle force de propos que rarement le cinéma n'à montré un si grand salaud à l'écran. Un être abject inébranlable qui perfore la pellicule à chacune de ses apparitions. Pas étonnant qu'il remporte le prix d'interprétation masculine lors de la présentation du long métrage à Cannes. Autre problème majeur : après avoir réussi à convaincre l'illustre Ennio Morricone de signer la bande originale de son film, ce dernier se voit contraint d'annuler son contrat suite à d'autres engagements. Coup dur pour Tarantino qui rêve de collaborer avec le musicien depuis un bon nombre d'année déjà. Qu'à cela ne tienne, le cinéaste utilisera la technique qu'il à toujours mis à l'honneur : payer le droit d'utiliser des musiques d'autres films. Ainsi il nous offre un cocktail assez diversifié et reprends des oeuvres du compositeur italien que The RZA avait déjà utilisés pour la bande son de Kill Bill. Les images collent à merveille avec l'ambiance sonore et cela ne fait que renforcer l'impression d'assister à un nouveau masterpiece de Tarantino.
C'était aussi l'opportunité pour Eli Roth, metteur en scène d'Hostel 1 et 2, de briller devant la caméra après une apparition remarquée dans « Boulevard de la mort » du même réalisateur. Son rôle de Donny « l'ours juif » Donowitz lui va comme un gant. D'ailleurs le nom du personnage n'est pas fortuit, puisque Tarantino nous refait le coup des liens entre les personnages de ses différents films, comme il s'y était jadis exercé avec les personnages de Vic Vega (Michael Madsen) dans « Reservoir Dogs » et de Vincent Vega (John Travolta) dans « Pulp Fiction ». Donowitz est le nom du personnage interprété par Saul Rubinek dans « True Romance ». A noter que c'est Eli Roth qui réalise « Nation's Pride », le film réalisé par Goebbels dans le film et mettant en scène le non moins génial Daniel Brühl. Il n'est pas étonnant de retrouver Mélanie Laurent au casting, pour le premier rôle qui plus est. Petite fille d'éditeurs d'affiches de théâtre, elle n'a peut-être pas encore le talent de ses collègues mais il y a fort à parier que Tarantino lui à ouvert les portes vers une carrière plus riche que ce que le cinéma français puisse offrir. Son métier à beau être encore celui d'une rookie, elle à quand même participer au doublage de « Mon voisin Totoro » d'Hayao Miyazaki, le légendaire réalisateur de films d'animations des Studio Ghibli. Preuve supplémentaire du cordon invisible tendu par Tarantino traduisant le riche melting-pot culturel et le nombre incalculable de référence qu'il puisse faire interagir à l'écran.
Et à ce titre, le réalisateur convie Enzo G. Castellari, roi de la série B musclée italienne et habitué des westerns spaghettis à qui l'on doit « Les Guerriers du Bronx 1 & 2 » ou encore « Keoma », pour un sympathique caméo. Quoi de plus logique puisque le film s'inspire allègrement de son « Une poignée de salopards » avec Bo Svenson, lui aussi invité pour une courte apparition, et le grand Fred Williamson. Un peu à la manière d'Alfred Hitchcock, c'est à nous de trouver ou apparaissent les différents personnages. C'est aussi l'occasion pour Tarantino, comme à son habitude, de faire apparaître de manière assez particulière certains de ses acteurs fétiches. Ainsi Samuel L. Jackson sers la narration et Harvey Keitel prête sa voix au commandant d'Aldo Raine à travers une transmission radio.
Comme dans tous ses films, Tarantino brosse un portrait élogieux et sexuel de la femme, la présentant comme un élément puissant, dangereux et calculateur. A tel point qu'on n'en perd toutes notions de sexe faible et de sexe fort : Uma Thurman interprétait une Beatrix Kiddo vengeresse dans « Kill Bill » ainsi que la femme de Marcellus Wallace dans « Pulp fiction », Pam Grier, la star de « Foxy Brown » reprenait son rôle de femme forte pour les besoins de « Jackie Brown » et ici Diane Kruger et Mélanie Laurent interprètent les femmes fatales, pions de l'échiquier qui fera tomber la toute puissance nazie. Seul « Reservoir Dogs » ne met pas en avant le supposé sexe faible, puisqu'il ne présente aucun caractère féminin.
Au final, qu'a donc à nous offrir cet « Inglourious Basterds » ? Tous les poncifs Tarantinien ré-exploités dans un contexte spatio-temporelle dans lequel il ne c'était jusque la jamais exercé, des scènes d'ultra violence amenées le plus judicieusement possible, une maitrise impartiale des clichés (un Adolf Hitler joué dans la surenchère la plus totale), un humour noir au haut taux d'acidité et une réappropriation historique rendant totalement hommage au 7ème art qu'il affectionne tant. Ce n'est pas avec ce film que Tarantino risque de rassembler définitivement les foules, s'en est même plutôt l'inverse mais comme disait Flaubert : « La foule invariablement suit la routine. C'est au contraire, le petit nombre qui mène le progrès. »
publié le 17/09/2009 - 07:35
Les batards inglorieux!
publié le 02/09/2009 - 13:43
Un beau film mais...
publié le 02/09/2009 - 09:48
Changement dans la continuité
En effet, l'un des éléments troublants de ce film est qu'il s'agit d'un pur Tarantino avec citations cinéphiles, dialogues chiadés, utilisation brillante de la musique, effets de mise en scène savamment dosés et sens du récit particulier, jouant à la fois de la longueur et de certaines lacunes (un peu comme dans Reservoir Dogs ). Pour autant, le film détonne dans sa filmographie, Tarantino sort de l'époque contemporaine et des petits malfrats et ose convoquer l'Histoire avec précision et... désinvolture.
C'est là la seconde particularité du film. Certains dialogues et situations du film sont très fines d'un point de vue historique (voyez par exemple le sort final du Chasseur de juifs) mais le film comportent des énormités: les nazis terrorisés par un malheureux bataillon de GI juif (suscitant la colère du Führer lui-même!), Hilter et tout l'Etat-major du Reich qui se retrouvent dans un cinéma... Et ce ne sont que les exemples les plus flagrants.
J'en viens au seul point qui me laisse un peu dubitatif dans le film: le casting. Christoph Waltz et Mélanie Laurent sont impériaux de même que Diane Kruger mais quand on arrive aux membres du commando, ça laisse plus sceptique. Faudrait que je revoie le film pour me faire une idée plus franche.
Je regrette enfin certains clichés: pourquoi faut-il que les SS dans les films soient toujours lettrés et raffinés?
Il reste que ce Inglourious Basterd laisse une bonne impression, des scènes marquantes (le premier et le dernier chapitre notamment), peu de temps morts, et constitue un bel hommage au cinéma.
Enfin et surtout, le film donne envie de le revoir, ce qui veut tout dire...
publié le 25/08/2009 - 11:23
Les Bastards refont l'Histoire.
publié le 25/08/2009 - 11:01
Bouffeur de saucisse
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