Le Visage d'un Autre

8.0
Le Visage d'un Autre

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Portrait de Carth Carth
Serial Killer - 710 critiques
publié le 19/09/2008 - 16:54
8
 

Let's put a smile...

Le Visage d'un Autre est une oeuvre importante dans le cinéma avant-gardiste voir "mise-en-gardiste" (osons le terme puisqu'il est bon ton de jouer avec les mots, paraît-il) de Teshigahara, et même si il peut paraître très souvent étiré sur la longueur, étiré sur les plans et dans son discours typé science-fiction décourageant car usant de figures de styles laissant une très grande place à notre propre réflexion sur un tel sujet. Teshigahara exploite alors les ficelles d'un scénario "cousu" main par Abe Kobo, une nouvelle fois adapté de son roman, et démontre les bouleversements occasionnés par le nouveau visage de Okuyama (Nakadai) aussi bien sur son entourage que sur sa propre petite personne. On apprécie le travail de Nakadai dans la dégradation de son personnage, non pas physique mais morale, et si son personnage semble être dans un état de bien-être permanent en première partie de métrage, on le verra petit à petit tomber dans le doute et la paranoïa sentimentale : mettre à l'épreuve et tester l'amour de sa femme (trouvant ainsi une relation avec Time de Kim Ki-Duk) est ainsi l'un des tournants du film aussi bien au niveau narratif que visuel. Le film se veut alors plus dur, l'éclairage diminue jusqu'à ne cibler que les personnages au premier plan, les cadrages deviennent aussi plus délirants notamment dans une séquence d'amour que n'aurait pas renié ni un Oshima ni un Jissoji période seventies, à l'époque où noir et blanc et dimension Nouvelle Vague donnaient du cinéma passionnant d'un point de vue formel. Le Visage d'un Autre vaut aussi pour ses quelques séquences surréalistes : les premières étapes de transformation de Okuyama sont amenées de telle manière à ce que le masque apposé sur son visage paraisse des plus naturels, les décors de la salle d'opération peuvent donner la nausée à tout claustrophobe tant ils créent une rupture avec l'espace temporel et matériel, sans cesse "dérangé" par l'omniprésence de formes géométriques, le personnage de la jeune fille handicapée dérange le spectateur par son innocence quasi malsaine (d'où l'absence encore ici de personnages "rassurants" dans le cinéma de Teshigahara), la foule "sans visage" en fin de métrage aussi percutante que dans le fond osée (un impact aussi fort que les jeunes prisonnières lâchées dans les rues de Elle S'appelait Scorpion de Ito Shunya ?), et tout le récital formel de Teshigahara contribuent à la bonne réussite du film.

Devinez le film par sa tagline :

Let the battle begin…
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