Gunmen

8.0
Gunmen

Critiques spectateurs

Réalisateur: Kirk Wong Avec Tony Leung Ka-Fai, Adam Cheng, Elvis Tsui, Elizabeth Lee, Waise Lee

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Sir Gore
America's Most Wanted - 525 critiques
publié le 19/04/2008 - 17:50
8
 

Une sanglante équipée

Produit par Tsui Hark, ce polar d'action en costumes n'égale sans doute guère son modèle, le brillant Les Incorruptibles de Brian De Palma, mais n'en demeure pas moins une très bonne surprise de la part de Kirk Wong, l'artisan surexcité du cinéma hongkongais auquel on doit notamment les thrillers « hard boiled » O.C.T.B. et Rock n'Roll Cop. Comme à son habitude, le réalisateur bannit toute véritable scène d'exposition de son traitement et nous livre ici une sorte de western revu et corrigé par la firme Workshop dont l'écriture et la facture quelque peu hasardeuses n'ont d'égal que la frénésie et la spontanéité. Car Gunmen est formidable en ce qu'il représente un vrai film-bricolage, un vrai film construit avec les moyens du bord, empoisonné par toutes sortes d'embûches (contraintes de budget et de production à la pelle), qui repose sur le principe du « ou ça passe, ou ça casse » un peu à la manière de Woo et son extraordinaire Bullet in the Head, et qui de là parvient à faire montre d'une veine épique assez prodigieuse en son genre. Certes, la mise en scène de Kirk Wong souffre parfois d'une technique approximative (cadrages instables, montage à la serpe) et le pathos de certaines séquences (notamment la lutte finale qui frôle la parodie involontaire) affaiblit la cohérence dramatique de l'oeuvre, mais en une heure vingt à peine, toutes les émotions que l'on se trouve en mesure d'attendre des plus intenses tragédies HK sont miraculeusement là, avec en accessoire un très beau score musical.

Gunmen n'y va pas avec le dos de la cuillère dans sa peinture de la pègre shanghaienne des années 20: les gangsters provoquent des hécatombes à coups de hachettes et d'armes à feu, fracassent des bouteilles contre les têtes des prostituées, les interrogeant à leur façon, et règnent en maîtres sur le marché de l'opium. De son côté, la police n'adopte pas toujours une attitude irréprochable, en témoigne le racket pratiqué par certains gendarmes corrompus. Heureusement, les personnages de Tony Leung Ka-Fai, Elvis Tsui, Waise Lee, David Wu & co vont faire le ménage en bons héros qui se respectent et tenteront de neutraliser un bad guy coriace campé par le chevronné Adam Cheng. Outre ces acteurs que l'on sent impliqués dans leurs rôles (y compris Carrie Ng et Elizabeth Lee, toutes deux particulièrement touchantes), le film ne négocie aucun compromis sur le plan de la violence, extrême et graphique, tour à tour jubilatoire - gunfights en série - et douloureuse - des tortures sur les personnages féminins quelquefois limites -, sans compter qu'il va jusqu'au bout de sa dramatisation, oscillant entre le poignant - Chun-Bee « obligé » d'utiliser un affreux stratagème pour mettre sa famille à l'abri; la mort de Mona - et le pompeux - on y revient: le final -. C'est donc ce jusqu'au-boutisme qui fait la force mais également et paradoxalement les limites de Gunmen, série B pleine d'ardeur et de passion née à une époque où le cinéma de Hong Kong brillait de mille feux.

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