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Insidious

Un film bancal, terrifiant dans sa première partie, mais grotesque dans son dénouement...

Publié le 14 Septembre 2011 par GeoffreyVoir la fiche de Insidious
8
Diable et Démon

Depuis le premier Saw et le choc qu'il a constitué (aussi bien pour les spectateurs que pour le cinéma d'horreur en général), James Wan fait partie des réalisateurs talentueux à suivre. Le hard-boiled Death Sentence et le très sympathique Dead Silence sont également là pour le rappeler.
Du coup, en apprenant que l'australien allait s'attaquer au thème de la maison hantée, on ne pouvait que suivre avec attention ce projet prometteur.

Les premiers échos, faisant suite à une série d'affiches au gout discutable, mais pourtant bien dans le ton du film, ne furent malheureusement pas positifs, avec comme leitmotiv des critiques acerbes quant à une repompe trop poussée des classiques du genre, Poltergeist en tête.
Avec Insidious, le jeune surdoué aurait-il accouché de son premier échec ? La réponse sera plus nuancée qu'un "oui" ou qu'un "non", car il y a à boire et à manger dans le dernier bébé de James Wan.


Je n'aimerais pas être son mari...

Josh, son épouse et leur trois enfants vivent depuis peu dans leur nouvelle maison lorsque l'aîné tombe dans un coma inexpliqué. Commence alors une succession de phénomènes paranormaux terrifiants. La maison serait-elle hantée?


Un démon lubrique...

Si on ne peut nier une certaine filiation d’idées avec Poltergeist et la saga Amityville, il serait injuste de dire qu'Insidious n'est qu'un simple pompage, car il développe une histoire et une personnalité qui lui sont propres. Sur la base d'un postulat somme toute classique (une maison hantée), le film de James Wan s'oriente vers quelque chose de différent puisque l'on apprend vite que ce n'est pas la maison qui est hantée, mais bien le petit garçon. Ça n'a l'air de rien, mais ça change beaucoup de choses et permet des rebondissements inattendus.


Des jumelles qui ne sont pas sans rappeler Shining...

Mais de manière générale, c'est l'ensemble du script de Leigh Whannell qui se montre excellent. Le scénariste, par ailleurs acteur, a su reprendre les éléments "classiques" des films du style, tels que la prise de contact avec les fantômes ou les apparitions surprises, pour ensuite les digérer et proposer quelque chose de "neuf".
On pense ainsi, pêle-mêle, à Poltergeist, Amityville et l'Exorciste, mais aussi à Fantômes contre Fantômes, voire Ghostbusters (pour les chasseurs de fantômes un peu foireux), sans pour autant tomber dans le plagiat comme cela a pu être dit.


Parler avec des esprits, c'est plus compliqué qu'on ne croit...

Par contre, là où le film déçoit, c'est, étonnamment, au niveau de la mise en images de cet excellent scénario.
La première heure est impeccable, terrifiante, avec une mise en place progressive des personnages et de l'ambiance, et des apparitions spectrales de toute beauté qui devraient faire sursauter les plus blasés d'entre vous. Rien à dire, c'est parfait. Mais que penser de la suite ?
Pour faire simple, après une première heure excellente, James Wan a cru bon, pour son climax, de verser dans le kitsch et le grand-guignol alors qu'il n'avait aucune raison de le faire tant son film était efficace jusque là. L'idée du voyage astral n'était pas inintéressante, et constitue même une orientation tout à fait originale, mais le traitement visuel qu'en fait le jeune australien laisse à désirer... car à l'exception d'une ou deux séquences, cette dernière demi-heure se vautre dans le grotesque, pour ne pas dire le mauvais gout (le look du démon, à mi-chemin entre le Creepers et Dark Maul, franchement...).

De fait, on a vraiment l'impression d'assister à deux films différents, greffés de force l'un à l'autre. Alors que la première heure jouait à merveille sur la suggestion en utilisant ses effets chocs à bon escient, la dernière bobine tombe dans la facilité et la débauche d'apparitions surprises qui, forcément, perdent de leur impact. Ajoutez à cela des décors aux couleurs criardes (pour un peu on se croirait dans une attraction de fête foraine) et vous aurez une idée de l'ampleur du "désastre".
Ce passage n'est pas fondamentalement raté, il est même plutôt réussi dans son style, mais il crée un contraste étonnant et très déstabilisant avec la maison coquette du début et son ambiance d'épouvante, disons, plus réaliste.


Le grand méchant au look... particulier

A contrario, les acteurs sont tous très bons. Le couple Patrick Wilson / Rose Byrne est bien croqué, tandis que les gamins (Ty Simpkins et Andrew Astor) font leur boulot correctement.
On épinglera également les compositions amusantes de Leigh Whannell et Angus Sampson en ghostbusters moins ringards qu'il n'y paraît.

Rien de déshonorant donc pour le film de James Wan qui reste malgré tout très recommandable, mais on ne peut que regretter qu'il vire au rollercoaster horrifique dans sa dernière partie au lieu de continuer dans la terreur suggestive, beaucoup plus efficace et maitrisée.
Une demi-déception donc pour un métrage qui reste néanmoins le plus effrayant qu'Hollywood nous ait pondu depuis belle lurette.

A propos de l'auteur : Geoffrey
Portrait de Geoffrey

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