Voir la fiche complète du film : Free Guy (Shawn Levy - 2021)

Free Guy

Un blockbuster qui s’amuse des genres et des idées reçues pour interpeller le spectateur sur le principe d’existentialisme à travers la malléabilité de la réalité. En l’occurrence, la nôtre. Il en ressort un scénario intelligent, soutenu par une ambiance singulière et un enthousiasme communicatif. Cela sans compter sur une légère note d’émotion et un esprit d’à-propos de circonstances quant aux dérives sociétales et sociales. Subtil, lucide et divertissant à plus d’un titre.

Publié le 7 Novembre 2021 par Dante_1984Voir la fiche de Free Guy
8
Jeu-vidéo

En règle générale, le jeu vidéo et le cinéma font rarement bon ménage lorsqu’on évoque leurs adaptations réciproques. Cependant, le propos est plus nuancé quand on se penche sur la thématique vidéoludique de manière indépendante. S’il est vrai que l’on a tendance à étendre le sujet au monde virtuel, des occurrences telles que Tron, Existenz ou le nerveux Ultimate Game sont à saluer. Après s’être concentré sur la réalisation de certains épisodes de la série Stranger Things, Shawn Levy revient au grand écran avec un projet saugrenu, non moins interpellant quant à son concept : Free Guy. Ou comment un personnage de jeu vidéo prend conscience de sa nature pour mieux s’en affranchir…

De prime abord, Free Guy présente tous les atours du blockbuster estival, prétexte à réunir la famille autour d’un même film. Cela tient autant au casting qu’à une mise en scène léchée qui flatte la rétine. À l’image de la production d’un jeu vidéo, le level design de Free City se révèle inspiré. La ville n’est pas sans rappeler son pendant réel (New York) ou virtuel. À savoir, Liberty City de la franchise GTA. Le côté délirant en sus qui, soit dit en passant, évoque la touche de folie qui sied à Saints Row. Braquages de banque à répétition, vols à l’arrachée, explosions spectaculaires… Même les actes terroristes se déroulent en pleine rue dans une indifférence totale !

De la présence dissimulée d’items aux indications d’écran invisibles, tout est pensé pour amalgamer les codes du jeu vidéo dans un environnement réel. Les évolutions graphiques des dernières années rendent le tout d’autant plus probant, accentuant ainsi le caractère photoréaliste du procédé au sein de la fiction. L’effervescence urbaine, la constance des mouvements, de la circulation, concourent à instaurer une ambiance à part entière ; plus vivante que la réalité elle-même. À certains égards, on songe à une approche similaire au film d’animation La Grande aventure Lego. L’ensemble traduit une richesse visuelle indéniable, tandis que l’originalité soutient un propos sous-jacent d’une grande pertinence.

Car, au-delà de ses atours de comédie d’action teintée de fantastique et de SF, Free Guy interpelle le spectateur sur la notion de réalité. Cela peut paraître évident dans un tel contexte et pourtant l’intrigue ne se contente pas d’une simple évocation. Elle approfondit la réflexion jusqu’à se pencher sur le concept de conscience et de vie. Au même titre qu’une époque majoritairement orientée vers les évolutions technologiques, la frontière n’est plus vraiment discernable. On songe à ses avatars de joueurs « réels » ou la facilité déconcertante de passer d’un monde à l’autre. Par extension, ces considérations s’attaquent au fondement même du système.

Cela tient au refus du conformisme, et ce, malgré la perte des illusions que cela engendre. Le choix d’affubler le protagoniste d’un boulot aussi répétitif que stérile accentue cet état de fait, notamment dans la monotonie de son quotidien. La condition des PNJ (personnages non jouables) renvoie à notre propre statut social, enclavé dans des carcans moraux et professionnels d’une stérilité alarmante. L’histoire suit un cheminement intelligent qui s’équilibre entre une action effrénée et des enjeux qui se densifient au fil de révélations et d’évènements perturbateurs. Preuve en est avec une parfaite transition entre une première partie axée sur la découverte et une seconde moitié tournée vers le refus de la fatalité.

Au final, Free Guy s’avance comme une véritable surprise. Mélange des genres par excellence, le film de Shawn Levy assimile parfaitement le principe de divertissement à un discours lucide et plein de subtilité quant à la notion de réalité et au devenir de l’individu. Cette prise de conscience se manifeste à plusieurs niveaux et offre une appréciation différente selon le profil du spectateur. Si l’on peut regretter quelques scories propres aux clichés des joueurs véhiculés par eux-mêmes, on se trouve en présence d’une histoire à la fois drôle et touchante. Tout comme les propos qu’il avance, il parvient à s’affranchir des carcans cinématographiques généralement associés aux productions hollywoodiennes. Une réussite.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Cold Ground
Officier dans le domaine du found-footage est une entreprise cinématographique hautement risquée. Malgré cette propension à triturer la frontière entre la réalité et la fiction, sans oublier un potentiel d’immersion évident, le genre connaît une baisse d’intérêt notable. Cela vaut surtout pour la prolifération de productions opportunistes qui, non satisfaites de décrédibiliser ce...
Femme Scorpion, La
**Attention, cette critique contient des spoilers.** Utilisée par un flic véreux dans le but d'éliminer des trafiquants de drogue, la jeune Nami Matsushima est victime d'un viol collectif. Bien décidée à tuer son ancien amant, la jeune femme est arrêtée avant de s'être vengée, et se retrouve incarcérée dans une prison pour femmes tenue par un directeur sadique et impitoyable. Après avoir tenté de...
Urban Legend 3 - Bloody Mary
Après le formidable succès de Scream , la fin des années 1990 a marqué un nouvel essor pour le slasher. Au cinéma, cette période s’est principalement distinguée par Souviens-toi l’été dernier , Halloween, 20 ans après et la présente franchise. Sans doute est-ce dû aux affres du temps, toujours est-il qu’ Urban Legend s’avance comme le parent pauvre de ce courant. Malgré un...
Scar 3D
Les producteurs et les gérants des salles de cinéma ont eu il y a quelques décennies la bonne idée de vouloir faire des films en 3D, dans l'espoir mensonger de faire vivre de nouvelles sensations aux spectateurs et dans l'espoir véritable de faire des rentrées d'argent conséquentes. Ce sketch a commencé dans les années 80 avec des films comme Vendredi 13 Meurtres en 3D ou encore Les Dents de la...
Boa vs. Python
Les animaux dangereux sont une source inépuisable d'inspiration pour un bon nombre de scénaristes. Il est vrai que les bestioles avec de grandes dents ou du venin ont de quoi effrayer, comme on a pu le constater avec des films comme Les Dents de la Mer ou encore Lake Placid , voire Arachnophobia . Bref, les bébêtes venimeuses ou possédant plusieurs rangées de dents peuvent contribuer à faire des...

Devinez le film par sa tagline :

Paris 2054. Vivre pour toujours ou mourir en essayant.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques