Scalps (1987)

Scalps
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Réalisé par Claudio Fragasso et Bruno Mattei

Scalps 1987

Synopsis

1865.
La résistance des Confédérés s'est effondrée avec la reddition du Général Lee.

Cependant, le colonel Connor refuse de capituler et ordonne le massacre d'une tribu apache afin de kidnapper Yarin, la fille du chef indien, qu'il convoite.

Mais celle-ci, malgré ses blessures, parvient à s'échapper et trouve refuge dans la ferme de Matt Brown, un ex-soldat inconsolable depuis la mort de sa bien-aimée.
Le fermier soigne l'Indienne et promet de l'aider dans sa quête de vengeance.

Après un assaut des hommes de Connor, Brown et Yarin fuient dans le désert.
Commence alors une longue traque impitoyable et sanglante…

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Anecdotes

Western

Bruno Mattei et Claudio Fragasso sont surtout connus pour des films tels que "Virus cannibale" (Virus - 1980), "Les Rats de Manhattan" (Rats: Notte di Terrore - 1984), ou "Zombi 3" (en remplaçant au pied levé Lucio Fulci alors malade en cours de tournage, pour une "glorieuse" sortie en 1988), qui ont eu vite fait de cataloguer le duo comme les faiseurs de nanars les plus décomplexés et les plus WTF de tout le cinéma Bis.
Bien que leurs carrières soient parsemées d'œuvres douteuses, quelques unes parviennent néanmoins à sortir du lot, comme ce "Scalps", western brutal, parfois sadique, authentique et par ailleurs très maîtrisé.

Le co-scénariste José María Cunillés n'est pas crédité au générique.
Les comédiens Mapi Galán, Alberto Farnese, Charly Bravo, Beni Cardoso, Emilio Linder et Ignacio Carreño; sont respectivement crédités en tant que Mapy Galan, Albert Farley, Charlie Bravo, Beny Cardoso, Emilio Lindner et Ignazio M. Carreño Lopez.

"Scalps" est un western spaghetti sorti sur les écrans français le 14 Novembre 1987.
A l’époque, le western italien a rendu les armes depuis très longtemps. Cela fait au bas mot cinq à six ans que plus aucun représentant du genre ne s’est plus aventuré dans les salles en France:
"Mannaja, l’Homme à la Hache" (Mannaja - 1977) est sorti en 1980, "On m’Appelle Malabar" (Occhio Alla Penna - 1981) au printemps 1981.
Mais Bruno Mattei et Claudio Fragasso sont des adeptes du décalage. On se souvient qu’ils avaient mis en boîte une poignée de péplums au début des années 80 ("Caligula et Messaline" (Caligola e Messalina) en 1981, "Les Sept Gladiateurs" (I Sette Magnifici Gladiatori) en 1983), et que même "Novices Libertines" (La Vera Storia Della Monaca di Monza - 1980) était arrivé un peu tard par rapport au gros « boom » de la nunsploitation, qui datait de cinq à six ans avant sa réalisation.

Alors que plus personne ou presque ne produisait ou ne réalisait de westerns (on peut quand même citer "Pale Rider" (1985) de Clint Eastwood ou "Silverado" (1985) de Lawrence Kasdan), avec "Scalps", c’est donc quasiment une résurrection du genre qu’ils entreprennent, et on ne pourra que saluer l’entêtement des deux gaillards, qui ont de la suite dans les idées et le prouvent en réalisant coup sur coup en 1987 – ou peut-être en même temps – deux westerns: "Scalps" et "Bianco Apache".
Ce décalage dans le temps permet également à Bruno Mattei et Claudio Fragasso d’aborder le genre avec un œil « neuf », plus moderne.
Ainsi, s’ils abordent le genre avec déférence, respectant par exemple ses aspects baroques, son penchant pour la caricature et sa violence beaucoup accentuée que dans le western américain, ils mettent de côté l’aspect plus politisé que le spagh’ pouvait occasionnellement revêtir.

Il n’est point question non plus d’aborder le genre sous l’angle de la comédie ou du pastiche, comme l’avaient fait Bud Spencer et Terence Hill quelques années auparavant.
"Scalps" conserve en effet tout au long de son intrigue une tonalité très sérieuse et dramatique.
Pour autant, Mattei et Fragasso restent des adeptes du mélange des genres, et le film ira occasionnellement du côté de l’horreur graphique: la dernière partie du film enchaîne ainsi les « scalps » bien gore.
Impossible également de ne pas citer cette scène assez gratinée mettant en scène le héros trainé au sol par un cheval, un grand classique du western, sauf que chez Mattei, ce dernier est attaché au cheval par des hameçons fixés à ses tétons !

On retrouve également la modernité de Scalps dans ses dialogues, volontiers vulgaires, et rompant avec le langage habituellement utilisé par les cowboys ritals du western spaghetti.
Le film s’ouvre d’ailleurs sur un monologue du colonel Connor (Alberto Farnese), motivant ses troupes par des mots pour le moins grossiers:
« Soldats ! Certaines gens nous considèrent comme des déserteurs ; certains vont même jusqu’à dire que nous sommes des bandits, des bouchers… Quant à ces salauds de Yankees, ces fils de putes ! Ces enculés de première s’imaginent être les Phénix de ce pays parce qu’ils ont gagné la guerre ! Ils pensent que nous sommes foutus. Que nous ayons perdu le Sud, que la confédération soit ruinée, passe encore. Mais nous avons encore des couilles au cul ! Regardez-vous : avez-vous l’impression d’être morts ? Je vous vois pourtant boire, bouffer et baiser, c’est pas le propre des cadavres ! Vous êtes encore capables de bousiller ces grandes gueules, pour votre pays ! J’vais vous dire une bonne chose, les gars : les Yankees n’ont pas fini de danser, mais pour ça… Faut croire en son colonel, qui défendra votre honneur jusqu’au bout ! Vous et moi devrons poireauter encore quelques années dans ce trou de merde, mais qu’est-ce que ça peut foutre ? La victoire n’en sera que plus grande ! »

Une autre particularité de "Scalps" est son recours à une certaine imagerie « Heroic Fantasy ».
Cette dernière se remarquera d’entrée de jeu via l’affiche du film, qui fut reprise autrefois sur la jaquette de l’édition VHS de chez René Chateau ainsi que, aujourd’hui, sur le Blu-ray édité par Le Chat qui Fume.
On y découvrait le personnage de Yarin, incarné par Mapi Galán, dans une pose iconique « à la Frank Frazetta », qui ne permettait finalement qu’assez peu de deviner que le film de Bruno Mattei et Claudio Fragasso était un western.
D’ailleurs, l’influence de films tels que "Conan le Barbare" (de John Milius, 1980) et surtout "Kalidor: La Légende du Talisman" (de Richard Fleischer, 1985) se fera largement sentir dans le dernier tiers de "Scalps", avec son héroïne se transformant en super guerrière, scalpant les soldats renégats ou les dessoudant à l’arc.

Et le western, dans tout ça ?
Hé bien ce "Scalps" est un western, violent, cruel, rythmé comme une bande dessinée.
Les décors naturels sont assez grandioses, et le spectateur ne déplorera à aucun moment un éventuel côté « cheap ».
La mise en scène tient parfaitement bien la route, et les acteurs sont bons. On notera un petit bémol cela dit pour le héros, incarné par Vassili Karis, qui manque un peu du charisme animal qui lui aurait été nécessaire pour tenir réellement la distance face à Mapi Galán, qui dévore littéralement l’écran.

Du côté du scénario, il s’agit d’un film de vengeance somme toute assez classique, évoquant en partie "Les Collines de la Terreur" (Chato's Land - 1972) de Michael Winner, avec une femme indienne remplaçant Charles Bronson, et s’avérant tout aussi silencieuse et impitoyable que son modèle.
Si le récit tourne essentiellement autour d’une vengeance personnelle, "Scalps" développe également en filigrane un sympathique petit discours pro-indien qui sera d’ailleurs élargi dans sa dernière partie en un discours plus largement « humaniste », prônant la paix dans le monde et l’amour de son prochain.
Une morale dont la tonalité est à l’image du film tout entier: naïf et premier degré.

Marqué par une violence frontale assez impressionnante, "Scalps" démontre que lorsqu’il se donnait la peine, Bruno Mattei pouvait accomplir de très bonnes choses, à la fois au scénario, coécrit avec Roberto Di Girolamo (futur producteur du "Dracula" de Dario Argento et du "Crime Farpait" d’Álex de la Iglesia), d’après une histoire de Richard Harrison (comédien vu dans une ribambelle de péplums et dans le rôle légendaire de "Philliiiiiip" de l'incroyable nanar "Hitman le Cobra"), comme à la réalisation.
D’une rigueur inattendue et soutenu par une très belle photographie, ainsi que des décors soignés, Scalps est un vrai et bon western antiraciste et féministe.

Le film tient un discours franc et implacable, doublé d’une réelle qualité formelle, avec d’un côté une photographie chaude et pastel que l’on doit à Julio Burgos ("La Vénus Noire" (Black Venus - 1983) de Claude Mulot) et Luigi Ciccarese ("Opération K" - 1977), et de l’autre de sublimes paysages naturels espagnols capturés dans la province d’Almeria en Espagne, notamment dans le désert de Tabernas.
Les cinéphiles à l’œil acéré pourront d’ailleurs reconnaître quelques bâtisses vues dans "Il Etait une Fois dans l’Ouest" (C'Era una Volta il West - 1968) de Sergio Leone, y compris le lieu du duel final entre Charles Bronson et Henry Fonda.
En parlant de ce dernier film, on peut aussi évoquer la superbe partition de Luigi Ceccarelli, qui n’est pas sans rappeler certains thèmes d’Ennio Morricone, sans pour autant plagier les œuvres du Maestro.

Bruno Mattei et Claudio Fragasso ne sont pas là pour rigoler, même pour faire rire involontairement les spectateurs.
Le film est violent, n’hésitant pas à montrer les très nombreux impacts de balles, les têtes tranchées, les cuirs chevelus soigneusement arrachés, ainsi que la torture infligée à certains.
La plus connue du film demeure celle où Matt Brown (Vassili Karis, aperçu dans quelques péplums et westerns transalpins) est traîné par deux chevaux, à l’aide de deux crochets qui lui ont été enfoncés dans la poitrine.

Comment voir le film ?

Scalps
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