Les dossiers de l'impossible

Le Dossier du poltergeist d'Arcachon

Début du printemps 1963. Après un hiver glacial, et d'incessantes pluies, les résidants de la clinique des Allongés que dirigent le Docteur Cuénot depuis 25 ans profitent du moindre rayon de soleil pour s'installer sur la terrasse de l'établissement, face à la mer, allongés sur leurs voiturettes.  Soudain, une pluie de cailloux s’abat sur le groupe.

Les infirmières présentes se précipitent immédiatement à l’intérieur, fouillent le bâtiment à la recherche du mauvais plaisantin, ouvrent quelques portes, mais rien ne leur permet de découvrir d’où provenaient les projectiles. Bredouilles, elles croient à l'oeuvre d'un fauteur de troubles, mais oublient vite l'incident.

Photo supposée d'un groupe de malades

Malheureusement, au cours des jours et des semaines suivantes, le phénomène se répéte de façon aléatoire, mais régulière, faisant pleuvoir des éclats de moellons, des fragments de briques et des morceaux de galets dans le jardin et sur les terrasses de la clinique, exactement à l’endroit où sont installés les patients.

Et pour couronner le tout, il est toujours impossible de découvrir d'où les projectiles sont lancés. Il semble en outre que les objets ne proviennent même pas de la bâtisse elle-même. Bref, le mystère reste entier…

le Dr Cuénot

Les incidents se répétant, le directeur de l'établissement, le Dr Alain Cuénot commence à s'inquiéter. D'autant que la rumeur enfle, on parle non plus de mauvais plaisant, mais de poltergeist. Le médecin va donc faire appel à une sommité en la matière, le Dr Robert Toquet.

Ce médecin, physicien et chimiste, s'intéresse tout particulièrement aux phénomènes métapsychiques ou surnaturels comme la télékinésie, les calculs prodigieux ou la transmission de pensée.

Délégué par l'Institut de métapsychique international, Robert Toquet vient à Arcachon mener sa petite enquête.

Il raconte lui-même : « Au cours de la première nuit que je passai dans cette chambre, à 4 heures du matin, des coups relativement violents furent frappés à la porte de ma chambre. Au troisième coup, je me levai et j'ouvris brutalement la porte qui donnait sur un couloir parfaitement éclairé par des lampes électriques. Personne ne s'y trouvait. C'est alors que retentit le quatrième coup comme s'il avait été produit par un poing invisible, cependant que je sentais vibrer la porte… »

Le Dr Robert Toquet en action

Le visiteur cite encore ce jour, où le personnel au complet, et tous les malades, se trouvaient réunis sur la terrasse quand les jets se sont produits. La maison était alors absolument vide… Parmi les malades se trouve un policier parisien. Il va enquêter, bien sûr…

« Il leva la tête au moment précis où une grosse pierre, d'environ 200 à 300 grammes, était lancée par la fenêtre ouverte d'une chambre du deuxième étage du bâtiment côté est, désaffecté. Il ne vit ni bras, ni tête, ni personne, mais seulement un caillou qui sortait de ladite fenêtre pour tomber sur le sol comme s'il était lancé du fond de la pièce par quelqu'un se cachant. L'étage, immédiatement exploré, fut trouvé vide et la porte de ladite chambre fermée à clef comme toutes les chambres inutilisées », raconte Robert Toquet.

Lui-même admet « le caractère paranormal de ce qui a été constaté » et se voit « dans l'impossibilité de les expliquer par des facteurs normaux d'interprétation ».

Le Dr Cuénot a pourtant une petite idée.

Photo d'époque de la clinique

 

Un début d'explication

Une malade âgée de 17 ans, Jacqueline, semble particulièrement visée par les jets de pierre. Ils se produisent toujours dans un endroit où elle se trouve. Et quand elle s'absente de la clinique, ceux-ci s'interrompent.

Or, Jacqueline occupe la chambre d'une jeune fille qui a quitté l'établissement en juillet précédent, Angelina, et en présence de laquelle les premiers jets ont été observés. Le phénomène serait-il lié à cette chambre ? Les deux jeunes filles sont des adolescentes un peu instables. Perturbées, comme tout le monde, par la possible fermeture de leur clinique.

Cuénot convoque la jeune fille pour un entretien le 1er septembre 1963.

Les manifestations cessent immédiatement après, mais on n'a jamais su le fin mot de l'histoire. 

Possible photo de Jacqueline ou d'Angela (ou des deux)  

Le Dr Alain Cuénot était un ancien interne des hôpitaux de Nancy, un chirurgien orthopédiste estimé, et le fils du savant Lucien Cuénot. Après avoir contracté une tuberculose, il avait orienté ses recherches sur les maladies osseuses consécutives à cette maladie et en 1938, il avait racheté racheté en 1938 à Arcachon, ville de soins réputée pour son climat, la clinique du Dr Lalesque, qui était déjà spécialisée dans ce type d’affections. Il était aussi passionné par l'histoire et les civilisations, auxquelles il a consacré quelques ouvrages.

Dans un de ses livres, « L'histoire incertaine » et plusieurs communications scientifiques, il évoque cet épisode mystérieux à la clinique des Allongés.

Il a aussi été invité à l'ORTF avec son confrère Robert Toquet, pour un débat télévisé en 1967 à la suite de la diffusion d'un film, « Qui hantait le presbytère de Borley ? », relatant une histoire similaire en Angleterre.

Aujourd'hui, la clinique a disparu. Sur son emplacement a été bâtie la résidence Maupassant, sur la promenade Veyrier-Montagnères.

 

Sources: R. Tocquet, les mystères du paranormal, p.106

Sudouest.fr