Zombies Anonymous
Diable, voilà longtemps qu'un film de zombies ne nous avait pas offert un pitch aussi excitant! Je ne parle ici que du pitch de départ et pas du résultat final, car il faut bien reconnaître que ces dernières années ont été d'une grande qualité pour les productions estampillées "Zombies".
Mais jugez plutôt: "Depuis peu, les morts reviennent à la vie, en pleine possession de leurs capacités. La seule différence avec les vivants reste leur corps qui se putréfie. Angela, une demoiselle tuée par son petit ami, se met à fréquenter une association de zombies qui cherchent à s'intégrer à nouveau dans la société. Mais de leur coté, les vivants commencent à traquer les zombies...dont certains sont bien décidés à ne pas se laisser faire!". Avouez tout de même que ça a de la gueule comme entrée en matière! Il n'y avait plus qu'à espérer une réalisation à la hauteur et des acteurs impeccables...
T'es blanche comme une morte...
Disons-le tout de suite, les comédiens sont irréprochables. Rien à redire de ce coté si ce n'est qu'ils font très bien leur boulot et campent des personnages aux caractères forts. Que ce soit de la jolie héroïne à la femme commandant complètement barge, en passant par ce con de Louis ou encore par l'ex-petit ami d'Angela, tous sont parfaits et s'en tirent avec les honneurs. Bravo à eux.
Les effets gores ainsi que les maquillages sont de qualité, ce qui est toujours non-négligeable dans un film de mort-vivants, et la barbaque ne manque pas, surtout dans une scène finale qui ravira les amateurs de boucherie sanglante.
Autre point positif, le scénario est intelligent et nous emmènera à la rencontre de personnages aussi divers qu'intéressants. Au début nous feront connaissance avec des zombies modérés qui cherchent à s'intégrer mais certains d'entre eux, sous la pression des vivants qui les traquent, vont commencer à devenir partisant de "plus d'actions pour se défendre". Finalement, Angela atterrira dans le groupe le plus extrême, celui des terroristes, qui préconise la peur et la violence pour arriver à leurs fins. Du coté des humains, nous ne suivrons malheureusement qu'un groupe de néo-nazis tout droit sortis de American History X et c'est un peu dommage, on aurait bien aimé pouvoir rencontrer plus de personnes non-réticentes aux zombies.
Dommage également que le scénario n'exploite pas à fond sa fabuleuse idée de départ (l'intégration des zombies) et tourne finalement au charcutage pur et dur, mais le coté sociologique est déjà assez présent avec sa belle métaphore sur le racisme et l'intolérance pour que l'on ne chipote pas.
Un cadrage euh...audacieux
Non, le vrai défaut du film est sa réalisation plus qu'hasardeuse. Alors que Marc Fratto a réussi à nous pondre un script très intéressant, il a parfois du mal à nous y intéresser à cause d'une caméra mal maitrisée, de temps en temps à la limite de l'amateurisme. Si certains plans sont très réussis, d'autre en revanche font assez peur mais pas pour les bonnes raisons. L'éclairage est parfois limite également.
Le manque de budget se fait souvent ressentir et les scènes d'envergure manquent un peu à l'appel mais plusieurs de celles présentes valent assez le détour. Par exemple, La séquence de quinze minutes dans les bois avec l'attaque surprise des néonazis sur les zombies est d'anthologie. Tout comme le carnage final dans la maison. Les membres sont coupés joyeusement, les tripes débordent à tout va et les zombies s'empiffrent: jouissif.
Notons tout de même quelques touches d'humour noir par-ci par-là, comme le gros qui se cache derrière un arbre tout fin ou le zombie qui ramasse ses boyaux, et quelques longueurs dans la deuxième partie du métrage qui viennent un peu gâcher la fête.
Borgne to be alive
Bref, dans l'ensemble, Zombie anonymous constitue une semi-réussite...d'où également, une semi-déception. Le point de départ était tellement bien trouvé que l'on s'est cru à espérer un chef-d'oeuvre du niveau de Shaun of the dead (LA référence actuelle en matière de parodie zombiesque) mais le niveau à atteindre était manifestement trop élevé et la déception fait mal. Néanmoins, il serait stupide pour les amateurs de zombies de passer à coté de ce film sympathique et que l'on sent dirigé par une indéniable envie de bien faire.
Geoffrey Claustriaux
Un film de Marc Fratto
Avec : Gina Ramsden, Joshua Nelson, Christa McNamee, Gaetano Iacono