Waterworld
Dans un futur lointain, la Terre est recouverte d'eau de part et d'autre du globe. Chacun tente de survivre à sa manière tandis qu'un groupe de rebelles poursuit une jeune fille dont le tatouage indiquerait une île, véritable Eldorado.
En 1995, doté d'un budget monumental, Waterworld se présente comme le Blockbuster de la décennie. Figure du moment à Hollywood, Kevin Costner était l'acteur le plus bankable de l'époque.
Pourtant, Waterworld fait partie des fours du Septième Art, tant sur un plan commercial que critique. Près de quinze années après sa sortie, il est temps d'explorer en profondeur ce film qui fit tant parler la poudre.
Sorte de Mad-Max maritime, Waterworld est un film post-apocalyptique dont la principale originalité est de ramener la Terre à un état primaire, avant même l'émergence de l'Homme. La Nature a repris ses droits, pour ainsi, et surtout une suprématie sur son prédateur naturel, dont les vestiges de sa civilisation se résument à un nouvel Atlantide.
Anti-héros taciturne et solitaire, Costner campe aussi le dernier rescapé de sa race, un mutant aquatique plus à l'aise sous l'eau qu'avec les humains, à la fois objet de fascination et de répulsion pour eux. Sa rencontre avec une autre unité (la petite fille tatouée menant à Dry Land, la terre promise) changera donc son destin.
Néanmoins, après un démarrage contemplatif, avec un visuel attractif, le film alterne entre scènes d'action furieuses (l'attaque de l'atoll) et dialogues poussifs et patauds, n'apportant rien à des personnages assez basiques, à l'image du héros, interprété mollement par un Costner guère à l'aise dans la tenue du justicier plongeur. Seul Dennis Hopper, qui cabotine légèrement, s'en tire avec les honneurs en méchant de service.
Le scénario se résumant à une vaste course contre la montre, seuls les effets spéciaux ou une mise en scène originale pouvaient sortir ce long-métrage du marasme ambiant. Et il faut bien avouer que ce n'est pas du côté de Reynolds qu'il faudra chercher un plus, ce dernier n'ayant pas la patte d'un Emmerich pour gérer un film aussi colossal, dont le principal point faible est un manque flagrant d'identité.
En effet, tentant d'accoucher d'un Mad-Max 2 sur l'eau, Waterworld ne sort guère des sentiers battus et sent le réchauffé. De plus, il ne possède pas la démence visuelle du film de Miller.
Il n'est pas nécessaire, par contre, d'enfoncer plus que de raison ce métrage, qui s'avère être ambitieux dans son traitement et qui dispose de bon nombre de séquences d'action réussies. La richesse des décors, les effets pyrotechniques et la créativité de cet univers sont tout de même au diapason d'un film qui tentait d'associer aventures et science-fiction avec plus ou moins d'habileté.
De plus, malgré un côté rudimentaire, Reynolds tentait probablement de nous faire passer un message, en nous démontrant la sauvagerie et la bêtise de l'être humain, et en faisant appel à notre tolérance. Car c'est un mutant qui permet finalement à ces nouveaux Robinson de redonner une nouvelle chance à leur race, sorte d'éternel recommencement cher à notre espèce.
Film qui prouve, heureusement, que l'argent ne fait pas tout, Waterworld n'est pas l'échec complet que l'on veut bien nous faire croire depuis sa sortie.
En effet, vis à vis de nombreuses séries B, ce métrage s'avère être assez spectaculaire et efficace au rayon action, mais il ne fera pas date dans l'Histoire du Septième Art, ce qui devait être son but premier, en n'inventant rien et en démontrant les limites du Blockbuster à l'américaine, produit de commande utilisé pour une consommation de masse rapide, mais dont la digestion est parfois difficile, en dépit d'un menu alléchant.
Un film de Kevin Reynolds
Avec : Kevin Costner, Jeanne Tripplehorn, Dennis Hopper, Tina Majorino